L'ancien chef du gouvernement et actuel secrétaire général du parti Ennahdha, Hamadi Jebali, a accordé encore une interview, cette fois-ci, à la chaîne de télévision Hannibal TV, ce soir du vendredi 25 octobre 2013. Retournant à l'épisode de sa démission après l'assassinat de Chokri Belaïd, M. Jebali a nié catégoriquement avoir avoué son échec ou l'échec de son gouvernement : « J'ai dit que j'ai échoué à faire admettre l'idée de former un gouvernement de technocrates, ni plus, ni moins ». Evoquant le volet du fléau du terrorisme, l'ancien chef du gouvernement estime que toute accusation lancée contre son parti d'avoir encouragé ou d'avoir une responsabilité dans la recrudescence dudit phénomène, est une pure surenchère. « Au contraire, c'est Ben Ali et sa politique répressive qui ont alimenté le terrorisme », a-t-il dit en substance emboîtant le pas, ainsi, au Mufti qui en avait accusé Bourguiba. M. Jebali a tenu, toutefois, à affirmer son rejet des violences et de tout acte terroriste. « On ne peut discuter avec quelqu'un qui lève son arme et qui tue des gens innocents », a-t-il indiqué avant de dire, dans le même ordre d'idées, qu'il soutient le peuple syrien contre la dictature de Bachar El Assad et qu'il n'a pas hésité à rencontrer, au grand jour, le Libyen Abdelhakim Belhaj qui est désormais, un homme politique et chef de parti, après avoir lutté pour la chute du dictateur Kadhafi. D'autre part et tout en se défendant de s'être attaqué à la personne de Béji Caïd Essebsi, Hamadi Jebali, a abordé le volet du Dialogue national dont il se félicite du démarrage, aujourd'hui même. « C'est à nous tous de faire réussir ce dialogue, majorité et opposition, a-t-il commencé par dire avant d'affirmer qu'Ali Laârayedh ne s'est pas rétracté et n'a pas changé de position d'un seul iota. Reprenant le texte du document signé par M. Laârayedh, l'ancien chef du gouvernement a disséqué les détails, graphique à l'appui, et la portée du message d'Ali Laârayedh dans le sens où, logiquement, la démission de son gouvernement ne peut devenir obligatoire que si l'autre processus inhérent à l'Assemblée nationale constituante aboutisse obligatoirement, comme il est stipulé dans la feuille de route, à la réalisation de ses quatre axes. M. Jebali avait l'air de mettre en doute la possibilité pour l'ANC de s'acquitter des quatre points qui lui sont dévolus à savoir, l'élection d'une ISIE au bout de la première semaine, l'élaboration de la loi électorale à l'issue de la deuxième semaine, la fixation d'une date pour la tenue des élections à la fin de la troisième semaine et l'adoption de la Constitution au bout de la quatrième semaine. Pour conclure ce volet, l'ancien chef du gouvernement a tenu à mettre en exergue que le document signé par son successeur ne l'a pas été sous la pression et que cela ne constitue nullement une « défaite » pour M. Laârayedh comme veulent le faire croire certains. Traitant, enfin, de l'attitude des cadres syndicaux des forces de sécurité, Hamadi Jebali a pris un air grave et usé de termes pleins de menaces à peines voilées accusant les syndicats d'avoir politisé leur action. En effet, en lançant un « Dégage » au visage des trois présidents, les forces de sécurité ont commis un précédent très grave, assure M. Jebali tout en ayant l'air d'avoir du mal à « digérer » l'incident en question. Dans son mot de la fin, M. Jebali a lancé un appel à toutes les forces politiques pour observer une trêve, c'est –à-dire, éviter les polémiques et les échanges d'accusation en cette période afin d'aider au bon déroulement du Dialogue national.