En plein débat et vote de la Constitution, les lumières sont désormais braquées sur un incident télévisuel entre Lotfi Abdelli et Tarek Kahlaoui et le sempiternel sujet de la liberté d'expression. A cause de la frilosité des nouveaux laudateurs de Carthage, sur toute critique à l'encontre de Moncef Marzouki, c'est le principe même de la satire et de la caricature du président de la République et du pouvoir politique qui est remis en jeu. C'est une publicité qui fait actuellement le buzz en France, celle de l'agence de location de voitures Sixt qui a surfé, en un temps record, sur la dernière actualité, à savoir l'infidélité présumée du président François Hollande. Le magazine Closer a révélé que ce dernier aurait une relation avec l'actrice Julie Gayet qu'il allait voir en scooter. Sixt lui propose la prochaine fois d'éviter le scooter et de louer chez elle des voitures avec vitres teintées. L'ensemble de la presse française a rebondi sur l'infidélité du président de la République et son actuelle compagne est carrément hospitalisée. François Hollande a beau être profondément indigné, comme il dit, il refuse pourtant de déposer plainte. Aux Etats-Unis, pareille histoire aurait conduit le président de la République à la démission et tout le monde se rappelle le Monica Gate. Aux Etats-Unis ou en Grande Bretagne, on peut trouver la photo du président ou du Premier ministre sur des papiers-toilettes. Aucun homme politique et aucun juge n'a cependant demandé à un journaliste de respecter la fonction ou d'éviter l'évocation de la vie privée. Ce sont là les b.a.ba de la démocratie et les politiques s'y font. En Tunisie, nos hommes politiques sont encore à des années lumière de ces considérations démocratiques basiques et de ce respect de la liberté d'expression, de la satire et de la caricature. Tarek Kahlaoui, cadre du parti présidentiel CPR, a quitté le plateau TV, parce que l'artiste comédien a « osé » parler d'amuse-bouche à Carthage, en évocation à la soulerie légendaire (et non authentifiée) du président de la République. Sur son mur FB, il parle de niveau très bas. Son acolyte du CPR, et député de son état, Béchir Nefzi publie carrément des insultes traitant l'artiste-comédien de racaille. Leur secrétaire général, Imed Daïmi, promet de déposer plainte en justice (promesse qu'il ne tiendra pas) parce que Lotfi Abdelli et l'animateur Moez Ben Gharbia ont manqué de respect au président. Et tous rappellent comment était la vie sous l'ancien président, lorsque toute critique était impossible. Que dire alors de la satire et de la caricature ! Ces hauts cadres du CPR vivaient pourtant à l'étranger (dans des pays démocratiques occidentaux) et connaissent parfaitement bien ce qu'est la presse dans ces pays, ce que sont les exigences de la démocratie et la manière dont sont traités les hommes politiques. En réponse à ces remarques, ils ont une réponse unique : ne nous comparez pas à ces pays-là. D'après eux, la démocratie devrait être vécue en morceaux en Tunisie. La totale démocratie à l'occidentale ne peut être vécue par les Tunisiens et on se doit donc de nous abstenir de caricaturer le président et, de préférence, l'ensemble de la classe politique. Ce sont les mêmes, toujours, qui traitent les médias de « azlem », de « nostalgiques de l'ancien régime » et d'anti-révolutionnaires lorsqu'on critique leurs chefs. En bref, à les suivre il n'y aura plus de liberté d'expression et seuls les médias « neutres » qui vantent les exploits du système et de la « révolution » ont grâce à leurs yeux. Des médias du type Zitouna TV, TNN ou Al Moutawassat dont le financement occulte et venant de l'étranger ne dérange guère nos hommes politiques. Ces hommes politiques ainsi que leurs souteneurs accessoirement journalistes ne cessent de critiquer le système Ben Ali et le propagandisme qui le caractérisait. Ils sont cependant, en train de s'évertuer dans la reproduction du même modèle, en créant des organes de presse propres à eux qui ne se distinguent que par leur ligne éditoriale biaisée et riche en vocabulaire élogieux à l'égard des gouvernants actuels. Un journaliste crédible aux yeux de ces hommes politiques est- ce un journaliste dont sont fuitées des photos de vacances avec une ministre? (lien). Outre le fait d'avoir vécu à l'étranger, donc connaissant parfaitement la signification de la satire et de la caricature, certains hommes politiques comme Tarek Kahlaoui ont suivi des séances de coaching de communication pour savoir le comportement adéquat sur un plateau TV pour avoir la suprématie sur son interlocuteur. C'est ce qu'on constate aisément de ses différentes apparitions télévisées. Tarek Kahlaoui sait comment se tenir sur un plateau, comment sourire, comment ne pas s'énerver, à quel moment parler, à quel moment se taire, le débit de parole et l'intonation de la voix. Mettant son interlocuteur devant le fait accompli, il l'appelle directement par son prénom cherchant ainsi à le désarmer et à réduire tout acte d'hostilité. C'est alors qu'il pourrait abattre sa proie facilement. Le meilleur exercice de Kahlaoui en la matière c'était sur Nessma face à Shehrazade Akacha. C'était le plein succès. Idem pour Imed Daïmi ou Mokded Mejri qui ont aveuglément appris leurs leçons chez Al Jazeera. Le hic cependant c'est que face à un interlocuteur atypique, ces mêmes hommes politiques se trouvent déstabilisés, ne savent plus quoi faire et retrouvent leur état naturel normal. Un état animal presque. C'était le cas de Lotfi Abdelli qui ne respecte pas les codes en matière de débats politiques. Tarek Kahlaoui et Mokdad Mejri sortent de leurs gonds, quittent le plateau s'avouant ainsi totalement vaincus. Toute la comédie qu'ils jouaient en matière de respect des libertés sur les autres plateaux TV et dans les discours officiels se trouve démasquée en cinq secondes. Certains professionnels de la presse, qu'on ne peut pas soupçonner de proximité quelconque avec l'actuel régime, soutiennent ce discours et voient, en l'attaque des symboles de l'Etat, un manquement à l'éthique. C'est le cas de Néjiba Hamrouni. D'autres professionnels cependant estiment le contraire, tel Sofien Ben Hamida qui écrit : «La prestation de Lotfi Abdelli ce soir sur le plateau de Moez Ben Gharbia confirme à elle seule qu'il y a eu réellement une révolution en Tunisie qui a fait voler en éclats tous les totems et tous les tabous. Rien que pour cela je le salue d'autant plus que j'ai rigolé à plein poumons. Ceux qui veulent appliquer une éthique journalistique au comportement d'un artiste satirique ne font que donner la preuve de leur incompétence». Zyed Krichen, directeur du quotidien arabophone, Le Maghreb va dans le même sens et s'élève contre cette hypocrisie populaire qui veut qu'on n'utilise pas à la télé le même langage utilisé dans la rue, à l'exception de quelques mots vulgaires. Et de rappeler que dans les télés du monde développé, les émissions politiques ont toujours été teintées d'humour, en dehors des périodes électorales. Autre rappel de M. Krichen, les célèbres Guignols de Canal + qui tournent quotidiennement en dérision les personnalités politiques du monde entier. Il est vrai que ce type d'émission est totalement inconnu à Al Jazeera, toujours citée en modèle par les caciques de l'actuel régime. Mais il est vrai aussi que le Qatar n'est pas spécialement connu par sa démocratie, encore moins par son respect de la Justice et de la liberté d'expression. Ces Kahlaoui, Daïmi, Nefzi et autre Mejri représentent aujourd'hui une véritable menace pour la démocratie et la liberté d'expression. En se braquant sur les années de Ben Ali pour tancer tous leurs interlocuteurs et adversaires politiques et comparer la liberté d'expression sous l'ancien régime et sous Marzouki, ils nous disent : « Tunisiens, appliquez la liberté d'expression, mais pas trop et, surtout, pas sur nous ! ». Ils vivaient dans des pays où la presse est totalement libre et ne connait pas, ou peu de limites, mais ils cherchent à imposer aux Tunisiens le modèle archaïque d'Al Jazeera, c'est-à-dire, tout le monde peut être critiqué et dénigré, sauf l'Emir du Qatar ! Raouf Ben Hédi. Ces politiques coincés qui handicapent la démocratie et les libertés En plein débat et vote de la Constitution, les lumières sont désormais braquées sur un incident télévisuel entre Lotfi Abdelli et Tarek Kahlaoui et le sempiternel sujet de la liberté d'expression. A cause de la frilosité des nouveaux laudateurs de Carthage, sur toute critique à l'encontre de Moncef Marzouki, c'est le principe même de la satire et de la caricature du président de la République et du pouvoir politique qui est remis en jeu. C'est une publicité qui fait actuellement le buzz en France, celle de l'agence de location de voitures Sixt qui a surfé, en un temps record, sur la dernière actualité, à savoir l'infidélité présumée du président François Hollande. Le magazine Closer a révélé que ce dernier aurait une relation avec l'actrice Julie Gayet qu'il allait voir en scooter. Sixt lui propose la prochaine fois d'éviter le scooter et de louer chez elle des voitures avec vitres teintées. L'ensemble de la presse française a rebondi sur l'infidélité du président de la République et son actuelle compagne est carrément hospitalisée. François Hollande a beau être profondément indigné, comme il dit, il refuse pourtant de déposer plainte. Aux Etats-Unis, pareille histoire aurait conduit le président de la République à la démission et tout le monde se rappelle le Monica Gate. Aux Etats-Unis ou en Grande Bretagne, on peut trouver la photo du président ou du Premier ministre sur des papiers-toilettes. Aucun homme politique et aucun juge n'a cependant demandé à un journaliste de respecter la fonction ou d'éviter l'évocation de la vie privée. Ce sont là les b.a.ba de la démocratie et les politiques s'y font. En Tunisie, nos hommes politiques sont encore à des années lumière de ces considérations démocratiques basiques et de ce respect de la liberté d'expression, de la satire et de la caricature. Tarek Kahlaoui, cadre du parti présidentiel CPR, a quitté le plateau TV, parce que l'artiste comédien a « osé » parler d'amuse-bouche à Carthage, en évocation à la soulerie légendaire (et non authentifiée) du président de la République. Sur son mur FB, il parle de niveau très bas. Son acolyte du CPR, et député de son état, Béchir Nefzi publie carrément des insultes traitant l'artiste-comédien de racaille. Leur secrétaire général, Imed Daïmi, promet de déposer plainte en justice (promesse qu'il ne tiendra pas) parce que Lotfi Abdelli et l'animateur Moez Ben Gharbia ont manqué de respect au président. Et tous rappellent comment était la vie sous l'ancien président, lorsque toute critique était impossible. Que dire alors de la satire et de la caricature ! Ces hauts cadres du CPR vivaient pourtant à l'étranger (dans des pays démocratiques occidentaux) et connaissent parfaitement bien ce qu'est la presse dans ces pays, ce que sont les exigences de la démocratie et la manière dont sont traités les hommes politiques. En réponse à ces remarques, ils ont une réponse unique : ne nous comparez pas à ces pays-là. D'après eux, la démocratie devrait être vécue en morceaux en Tunisie. La totale démocratie à l'occidentale ne peut être vécue par les Tunisiens et on se doit donc de nous abstenir de caricaturer le président et, de préférence, l'ensemble de la classe politique. Ce sont les mêmes, toujours, qui traitent les médias de « azlem », de « nostalgiques de l'ancien régime » et d'anti-révolutionnaires lorsqu'on critique leurs chefs. En bref, à les suivre il n'y aura plus de liberté d'expression et seuls les médias « neutres » qui vantent les exploits du système et de la « révolution » ont grâce à leurs yeux. Des médias du type Zitouna TV, TNN ou Al Moutawassat dont le financement occulte et venant de l'étranger ne dérange guère nos hommes politiques. Ces hommes politiques ainsi que leurs souteneurs accessoirement journalistes ne cessent de critiquer le système Ben Ali et le propagandisme qui le caractérisait. Ils sont cependant, en train de s'évertuer dans la reproduction du même modèle, en créant des organes de presse propres à eux qui ne se distinguent que par leur ligne éditoriale biaisée et riche en vocabulaire élogieux à l'égard des gouvernants actuels. Un journaliste crédible aux yeux de ces hommes politiques est- ce un journaliste dont sont fuitées des photos de vacances avec une ministre? (lien). Outre le fait d'avoir vécu à l'étranger, donc connaissant parfaitement la signification de la satire et de la caricature, certains hommes politiques comme Tarek Kahlaoui ont suivi des séances de coaching de communication pour savoir le comportement adéquat sur un plateau TV pour avoir la suprématie sur son interlocuteur. C'est ce qu'on constate aisément de ses différentes apparitions télévisées. Tarek Kahlaoui sait comment se tenir sur un plateau, comment sourire, comment ne pas s'énerver, à quel moment parler, à quel moment se taire, le débit de parole et l'intonation de la voix. Mettant son interlocuteur devant le fait accompli, il l'appelle directement par son prénom cherchant ainsi à le désarmer et à réduire tout acte d'hostilité. C'est alors qu'il pourrait abattre sa proie facilement. Le meilleur exercice de Kahlaoui en la matière c'était sur Nessma face à Shehrazade Akacha. C'était le plein succès. Idem pour Imed Daïmi ou Mokded Mejri qui ont aveuglément appris leurs leçons chez Al Jazeera. Le hic cependant c'est que face à un interlocuteur atypique, ces mêmes hommes politiques se trouvent déstabilisés, ne savent plus quoi faire et retrouvent leur état naturel normal. Un état animal presque. C'était le cas de Lotfi Abdelli qui ne respecte pas les codes en matière de débats politiques. Tarek Kahlaoui et Mokdad Mejri sortent de leurs gonds, quittent le plateau s'avouant ainsi totalement vaincus. Toute la comédie qu'ils jouaient en matière de respect des libertés sur les autres plateaux TV et dans les discours officiels se trouve démasquée en cinq secondes. Certains professionnels de la presse, qu'on ne peut pas soupçonner de proximité quelconque avec l'actuel régime, soutiennent ce discours et voient, en l'attaque des symboles de l'Etat, un manquement à l'éthique. C'est le cas de Néjiba Hamrouni. D'autres professionnels cependant estiment le contraire, tel Sofien Ben Hamida qui écrit : «La prestation de Lotfi Abdelli ce soir sur le plateau de Moez Ben Gharbia confirme à elle seule qu'il y a eu réellement une révolution en Tunisie qui a fait voler en éclats tous les totems et tous les tabous. Rien que pour cela je le salue d'autant plus que j'ai rigolé à plein poumons. Ceux qui veulent appliquer une éthique journalistique au comportement d'un artiste satirique ne font que donner la preuve de leur incompétence». Zyed Krichen, directeur du quotidien arabophone, Le Maghreb va dans le même sens et s'élève contre cette hypocrisie populaire qui veut qu'on n'utilise pas à la télé le même langage utilisé dans la rue, à l'exception de quelques mots vulgaires. Et de rappeler que dans les télés du monde développé, les émissions politiques ont toujours été teintées d'humour, en dehors des périodes électorales. Autre rappel de M. Krichen, les célèbres Guignols de Canal + qui tournent quotidiennement en dérision les personnalités politiques du monde entier. Il est vrai que ce type d'émission est totalement inconnu à Al Jazeera, toujours citée en modèle par les caciques de l'actuel régime. Mais il est vrai aussi que le Qatar n'est pas spécialement connu par sa démocratie, encore moins par son respect de la Justice et de la liberté d'expression. Ces Kahlaoui, Daïmi, Nefzi et autre Mejri représentent aujourd'hui une véritable menace pour la démocratie et la liberté d'expression. En se braquant sur les années de Ben Ali pour tancer tous leurs interlocuteurs et adversaires politiques et comparer la liberté d'expression sous l'ancien régime et sous Marzouki, ils nous disent : « Tunisiens, appliquez la liberté d'expression, mais pas trop et, surtout, pas sur nous ! ». Ils vivaient dans des pays où la presse est totalement libre et ne connait pas, ou peu de limites, mais ils cherchent à imposer aux Tunisiens le modèle archaïque d'Al Jazeera, c'est-à-dire, tout le monde peut être critiqué et dénigré, sauf l'Emir du Qatar !