Les Tunisiens attendaient avec curiosité l'organisation et le déroulement, aujourd'hui mercredi 14 janvier 2014, de la cérémonie officielle au Palais de Carthage à l'occasion de la célébration du 4ème anniversaire de la révolution en ce début de l'ère de la deuxième république. Or, le prestige tant voulu par le président de la République, Béji Caïd Essebsi, n'a pas résisté à la pression populaire exercée par les représentants des familles des martyrs et des blessés de la révolution qui protestaient contre ce qu'ils considèrent comme étant une marginalisation. A tout seigneur, tout honneur, commençons par la cérémonie officielle qui a démarré ce matin au palais de Carthage où BCE a salué le drapeau tunisien au son de l'hymne national et passé en revue un détachement d'honneur des trois armées, avant de se rendre dans une salle comble. Bon à souligner, d'abord, le nombre très élevé d'invités. On citera, notamment, les membres du gouvernement sortant, le président de l'ARP et des personnalités connues comme Mustapha Filali et Ahmed Mestiri, les veuves Belaïd, Brahmi, Nagdh et Belmufti ; l'ex-chef d'état major de l'armée, le général Rachid Ammar ; d'artistes comme Sonia Mbarek et Lotfi Bouchnak, des journalistes et directeurs de médias, des blessés de la révolutions et des familles de martyrs, des représentants de la société civile et des présidents des instances nationales comme Amira Yahiaoui, Sihem Ben Sedrine et Nouri Lajmi ainsi que des politiciens et chefs de partis comme Rached Ghannouchi, Yassine Brahim, Mohamed Frikha, etc. Le premier moment fort de cette cérémonie a été, le discours prononcé par M. Caïd Essebsi qui a tenu à rappeler que la Tunisie fête en ce jour la révolution des jeunes et de la dignité avant de préciser que la première révolution a été celle ayant conduit à l'indépendance du pays et la 2ème a été la libération de la société et de la femme, le tout grâce à Bourguiba. BCE a traité, ensuite des problèmes de la corruption, de la pauvreté et du chômage qui ont provoqué une révolution ayant fait 330 martyrs, 4000 blessés et 16 morts parmi les membres des forces de l'ordre. Béji Caïd Essebsi a tenu, par ailleurs, à rendre hommage à Lotfi Nagdh qui a été lynché, à Chokri Belaid et Mohamed Brahmi dont les péripéties d'assassinat n'ont pas été élucidées, à ce jour. « Il s'agit là d'une marque de honte que nous nous devons d'éliminer en, a-t-il clamé, retrouvant les tueurs et les commanditaires ». Concernant les militaires tombés en martyrs dans la lutte contre le terrorisme, BCE a réaffirmé qu'il tiendra ses promesses en plaçant la lutte contre le terrorisme en tête des priorités de la Tunisie. Le président de la République a évoqué, également, les thèmes d'ordre international comme la cause de la Palestine et l'avenir de la région du Maghreb arabe. BCE a insisté, en fin de son allocution, sur l'importance d'un travail en harmonie avec les différentes parties pour la mise en place de la justice transitionnelle susceptible de garantir que les problèmes du passé n'aient plus lieu d'être. Place, a été laissée, ensuite, aux décorations avec la remise des insignes de l'Ordre de la République aux représentants du Quartet en l'occurrence, le secrétaire général de l'UGTT, Houcine Abassi, la présidente de l'UTICA, Wided Bouchamaoui, le bâtonnier des avocats, Mohamed Fadhel Mahfoudh et le président de la LTDH, Abdessattar Ben Moussa. Il a également décoré les familles des martyrs Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi et Lotfi Nagdh ainsi que celle de l'agent de la Garde nationale, Mohamed Ali Charaâbi. Et c'est justement, au cours de cette scène qu'ont eu lieu les cris de protestation exprimés par des membres des familles des martyrs et des blessés de la révolution contre ce qu'ils considèrent comme étant un oubli de leurs droits et de leur situation ainsi que la révélation de toute la vérité sur les auteurs et les responsables des tueurs des martyrs. Ce cafouillage a entraîné une situation chaotique et la suspension de la cérémonie des festivités, sachant que les membres desdites familles ont été reçus, par la suite, par le président de la République en présence de Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire. D'autres festivités ont été organisées en ce jour de fête avec des marches et des rassemblements dans plusieurs points de l'avenue Habib Bourguiba suite à un appel du parti Ennahdha et autres formations politiques ainsi que des composantes de la société civile, dont notamment l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) et le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT). Ce dernier a tenu à rappeler que les deux journalistes, tunisiens, Sofiène Chourabi et Nadhir Guetari sont kidnappés en Libye depuis plus de 100 jours. En résumé, les festivités ont eu leurs moments forts et leurs ratés comme c'est le cas, désormais, lors de toutes les manifestations et des grandes occasions. Encore un test pour la nouvelle équipe de la présidence de la République qui fait ses premiers pas dans l'attente que les choses se stabilisent et que le nouveau pouvoir prenne la situation en main. Mais tout indique que sa mission ne s'annonce pas de tout repos.