Le ministre des Finances, Slim Chaker, a accordé, une interview à Boubaker Akecha, dans le cadre de son émission Midi Show sur Mosaïque Fm, ce mardi 14 avril 2015, lors de la quelle il est revenu sur plusieurs sujets. M. Chaker a expliqué que le budget de l'Etat est de 21,5 milliards de dinars pour des dépenses de l'ordre de 29 milliards de dinars, soit un déficit de 7,5 milliards. Ce déficit de 7,5 milliards de dinars sera financé par des emprunts sur le marché intérieur (3 MD) et extérieur (4,5 MD, dont 2,5 déjà empruntés). Il a noté dans ce contexte que la Loi de finances a été adoptée sur la base d'une parité de 1 dollar égal à 1,8 dinars or actuellement 1 dollar coûte 2 dinars, ce qui représente une perte de 600 MD pour l'Etat. La baisse du prix du pétrole a permis de faire des économies de 1.200 MD, précise-t-il, mais la question qui se pose est comme utiliser cette économie. Ce qui est sûr, c'est que le gouvernement a pris un ensemble de décisions, notamment augmenter les aides et allocations destinées aux familles défavorisées de 30 dinars, pour qu'elle passe de 120 dinars à 150 dinars par mois, pour un coût total supplémentaire de 100 millions de dinars (MD) et augmenter les bourses des étudiants de 60 dinars à 120 dinars par mois, ce qui va soulager 110.000 familles tunisiennes dont leurs enfants sont bénéficiaires, pour un coût de 100 MD. Concernant l'enseignement secondaire, le ministre a précisé que la hausse décidée la semaine dernière coûtera 220 MD entre 2015 et 2017 (50 MD en 2015, 85 MD en 2016 et 85 MD en 2017). Autre point, le gouvernement s'est engagé à respecter les accords passés par ses prédécesseurs, dans la logique de la continuité de l'Etat, pour un montant global de 211 MD, dont 140 MD pour la fonction publique. Pour le volet des augmentations salariales au titre de 2014, le ministère a proposé une hausse de 2,3% équivalente à la croissance enregistrée au cours de cette même année (soit 30 dinars), chose qu'a refusé le syndicat réclamant une hausse de 70 dinars. Les négociations sont encore en cours, a-t-il précisé, spécifiant qu'une hausse de 30 dinars couterait à l'Etat 270 MD et celle de 70 dinars mobiliserait 630 MD. En outre, la suppression du timbre de 30 dinars pour les pays du Maghreb occasionnera un manque à gagner de 100 MD. Ainsi et vu tous les changements sur la scène internationale qui peuvent impacter l'économie tunisienne (prix du baril de pétrole, taux de change), il a été décidé que la Loi de finances complémentaire ne soit adoptée qu'en juillet pour avoir les données les plus justes possible, a-t-il indiqué.
Autre point évoqué par M. Chaker : lors d'une visite au Golfe, plusieurs messages ont été délivrés aux autorités : la transition politique du pays a réussi mais il reste beaucoup d'autres chantiers notamment économiques et sécuritaires ; la Tunisie est ouverte aux investissements et elle compte récolter 10 milliards lors d'une conférence internationale en octobre prochain ; et le secteur bancaire tunisien a besoin de réformes, notamment les banques publiques. Ainsi, le gouvernement lancera un appel d'offres international pour rechercher des partenaires techniques qui signeront des pactes d'actionnaire (date d'entrée, part dans le capital, pourcentage de vote conseil d'administration, les objectifs à atteindre et date de départ) et qui mettront en place notamment un système d'information et un système de gestion des risques outre des procédures et des contrôles internes. Le ministre a aussi précisé que la Tunisie a été invitée à la réunion du G7 en juin prochain, où elle rappellera la promesse faite par ces pays à BCE en 2011 de lui fournir 25 milliards de dollars. En effet, la Tunisie a besoin de passer d'un modèle économique basé sur une main d'œuvre bon marché à un modèle économique basé sur la technologie, qui permettra d'atteindre un nouveau palier de croissance pour éradiquer la précarité, souligne-t-il. Chose qu'elle ne pourra pas faire sans l'aide internationale.
Concernant la réforme de la fiscalité, il a admis que le poids fiscal repose essentiellement sur les salariés, alors que ceux qui bénéficient d'un régime forfaitaire ne payent pas beaucoup. Pour lui, il faut plus d'équité fiscale et de transparence. La mise en place de cette réforme permettra de gagner 10 à 30% de revenus en plus. Concernant la lutte contre l'économie informelle, le ministère s'apprête à simplifier les procédures et à baisser les droits et taxes. Les revenus de la douane sont estimés à 800 MD, ceci dit la Banque mondiale évalue le manque à gagner à cause de la désorganisation de ce secteur en Tunisie à 1.200 MD. L'affaire des feux d'artifices de Sfax a révélé plusieurs lacunes du système douanier tunisien et plusieurs décisions ont été prises pour y remédier.
Le ministre a noté qu'il n'y aura pas de hausse des prix des produits alimentaires subventionnés alors que l'option de la baisse des prix des carburants à la pompe est à l'étude.
Slim Chaker a clôturé son intervention en soulignant que le gouvernement a une vision claire concernant le volet économique et qu'il travaille pour la mettre en application.