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Tunisie : Investisseurs, revenez demain !
Publié dans Business News le 24 - 08 - 2015

L'économie tunisienne stagne et a du mal à démarrer. Au premier semestre 2015, la Tunisie a enregistré une croissance économique de seulement 0,7%, due en partie à la consommation et non à la production. Les entreprises peinent de plus en plus à trouver de nouveaux marchés. Les attaques terroristes du Bardo et de Sousse ont empiré la situation, impactant dangereusement le secteur touristique et ceux des services liés (transport, restauration, agences de voyages, etc.). Alors que le salut de la Tunisie est dans l'investissement interne et étranger, les investisseurs étrangers qui hésitaient à venir en Tunisie, la fuient maintenant.

Avant la révolution, la Tunisie était un site aimé et apprécié des investisseurs à cause de sa main d'œuvre qualifiée et pas chère outre sa proximité avec le marché européen, sa stabilité et sa croissance. Depuis 2011, la donne a totalement changé, le pays vit au rythme des revendications politiques et sociales et le pays est passé de la dictature d'un régime à la celle des syndicats. Récemment, Aerolia, filiale d'EADS spécialisée dans les composants aéronautiques, qui est située dans la zone industrielle de Mghira (Ben Arous), avait décidé en mars 2014 de recourir à un lock-out de cinq jours. En outre, plusieurs chantiers de réformes importants comme celui du Code l'investissement, la réforme fiscale, celle du secteur bancaire ou celle du secteur douanier tardent à se mettre en place. Ajoutant à cela, le risque sécuritaire et terroriste, plusieurs entreprises ont jeté l'éponge et ont décidé de quitter la Tunisie alors que d'autres ont renoncé à leur programme d'extension.
Des mégaprojets annoncés tardent à se mettre en place, comme le cas du projet Tunis Financial Harbour ou celui de Tunisia Economic City. D'un autre côté, Sama-Dubai, par exemple, indique qu'elle n'a pas l'intention d'abandonner le projet, tout en soulignant «l'importance d'une stabilité politique et économique et une éventuelle révision des plans financiers, pour la relance de l'activité touristique dans le pays et des investissements étrangers».

Contacté par Business News, l'économiste Moez Joudi a souligné qu'une croissance due à la consommation peut aboutir à des poussées inflationnistes. Et de dénoncer la situation par laquelle passe la Tunisie actuellement à cause de la politique économique néfaste de la Troïka qui a privilégié un recrutement massif dans le secteur public et a offert des salaires pour des emplois fictifs. Une politique qui a généré une croissance fictive.
M. Joudi a mis en relief l'importance des investissements directs étrangers (IDE) qui permettent d'acquérir de nouvelles technologies, des devises et un savoir-faire nouveau. Mais ces IDE ne sont captés que si les autorités d'un pays leur assurent un cadre et un climat des affaires propices, basés principalement sur 5 axes : la sécurité et la stabilité politique ; l'infrastructure ; le cadre législatif et judiciaire (respect des droits, application de la loi, protection de la propriété privée, etc.) ; les incitations fiscales ; et enfin une bonne gouvernance et une transparence. Or, en évaluant ces axes, le constat est simple : le climat des affaires en Tunisie n'est pas propice à l'investissement direct étranger.

Pour citer des cas concrets de sociétés qui désertent le site tunisien ou envisagent de le faire, on peut évoquer, notamment, l'exemple de Bombardier qui, après la révolution et toute la pagaille qui a suivi, a opté pour le Maroc pour l'implantation de son usine. En outre, une autre énorme perte pour la Tunisie : le choix de PSA d'implanter son usine au Maroc : Un projet industriel de 557 millions d'euros qui porte sur la construction d'une usine d'assemblage de voitures et de moteurs, opérationnelle à partir de 2019 et sera dotée d'une capacité de production de 200.000 véhicules et moteurs par an et permettra la création de pas moins de 4.500 emplois directs et 20.000 emplois indirects. Des échos rapportent que l'investissement serait beaucoup plus important que celui qui avait été annoncé. La visite du président de PSA en Tunisie pour rencontrer les responsables tunisiens a coïncidé, manque de chance, avec l'attenta du Bardo, rapporte l'économiste, qui affirmé que l'attaque de Sousse a été fatale. M. Joudi a noté qu'outre le problème sécuritaire, le cabinet de conseil auquel l'entreprise a fait appel lui a déconseillé la Tunisie, à cause des syndicats très puissants et qui créent beaucoup de blocages : «dans ce pays, il y a une dictature syndicale». En contre partie, le Maroc leur offrait un terrain, au bout de 4 jours, et les facilités que l'investisseur réclamait.

D'ailleurs, Bassem Loukil soutenait la même thèse dans une interview accordée à Business News : «Le fait que PSA ait choisi à un moment donné de s'installer au Maroc, malgré le fait qu'elle achète énormément de pièces de la Tunisie et qu'il y ait déjà un tissu industriel, est un signe très fort. C'est un tout, le Maroc est un marché libre de 148.000 véhicules par an, l'Etat marocain a tout fait pour encourager le déploiement et l'installation des sous-traitants (ils ont bénéficié des mêmes avantages que PSA). Les propositions envoyées à PSA pour les inciter à s'installer en Tunisie, étaient de loin inférieures à la pensée et à l'approche globale de l'Etat marocain. Et c'est dommage pour la Tunisie. Le fait de ne pas annoncer une politique claire sur les 3 ans et de trainer la validation des quotas au mois de juillet ne rassure pas nos partenaires étrangers.»

Autre cas, celles d'entreprises ayant l'intention d'étendre leur activité en Tunisie et qui au final ont renoncé à leurs plans de développement initiaux. Citons, dans ce cadre, le cas d'Aerolia qui devait fabriquer des composants du A380 en Tunisie, ou Yazaki qui a fermé son site d'Om Laârayès et Latécoère qui a gardé juste une petite unité. Parmi les entraves, l'entreprise japonaise regrette n'avoir reçu aucune réponse concernant une requête déposée il ya trois ans auprès des autorités pour se voir construire un petit rond point devant son usine à Gafsa afin de fluidifier la circulation et faciliter l'entrée et la sortie des camions et des bus.
Pour sa part, Continental a décidé de plier bagage à cause des problèmes récurrents syndicaux outre ceux de liés à l'infrastructure et au cadre législatif jugé approprié et n'ayant pas évolué dans le bon sens. Plusieurs sociétés pétrolières commençaient en avoir assez, sous la Troïka, les autorités n'ayant pas voulu renouveler leurs contrats mais la campagne "Winou Pétrole" a été la goute qui a fait déborder le vase. OMV et British Gas ont levé le pied. EnQuest et ENI ont, pour leur part, mis les voiles alors que Shell parle de discussions avec le gouvernement.

Les entrepreneurs dénoncent, par ailleurs, un problème de réactivé de l'administration jugée « lourde », «pas assez réactive » et adepte du tristrement célèbre « revenez demain », outre le fait qu'elle ne présente pas de vis-à-vis clair. L'instabilité des gouvernements vient également ternir le tableau en raison de l'absence de relai ou de continuité entre les ministres qui se succèdent. Pire encore, les ministres n'ont pas assez de marge de manœuvre et ne sont pas assez puissants pour prendre les décisions qui s'imposent.
De l'avis de l'économiste Moez Joudi, malgré les des évolutions économiques dans le monde, les responsables tunisiens sont incapable de faire une bonne lecture des choses. «Aujourd'hui, le marché africain représente 6% de croissance (1 milliard de consommateurs). Les constructeurs automobiles ont besoin de bases avant pour alimenter ce marché : donc la position des pays maghrébins est idéale pour cette conquête. Après PSA, Volkswagen désire s'installer au Maroc, ce qui n'est pas le fruit du hasard. Les autorités tunisiennes qui ont perdu PSA devraient anticiper sur d'autres entreprises (Toyota, Kia, Volkswagen, etc.) et leur offrir des opportunités, des terrains et des avantages fiscaux. Elles doivent essayer de les séduire, de les ramener et de leur faciliter la tâche. C'est ce que ne fait pas l'Etat tunisien, les dirigeants attendant que les investisseurs se décident de venir, alors que nous ne sommes plus dans le radar des investisseurs», explique-t-il, en ajoutant : «les responsables doivent faire des lectures et voir qui est intéressé par la Tunisie et pourquoi : ils doivent anticiper. Dans les autres pays, c'est le chef du gouvernement lui-même qui anticipe et part à la conquête des marchés. Les chefs de gouvernement et les chefs d'Etat jouent ainsi le rôle de VRP : Nicolas Sarkozy et Mohamed VI sont des exemples concrets. En contre partie, en Tunisie lorsque le président de la République Béji Caïd Essebsi est allé aux Etats-Unis, en France et en Algérie, il n'a même pas emmené une délégation d'hommes d'affaires avec lui ou ne s'est intéressé à des dossiers économiques ».

Avant d'investir, les bailleurs de fonds cherchent des conditions adéquates permettant d'augmenter leurs mises de départ. Le premier pilier étant la sécurité et la stabilité suivi par l'infrastructure puis une panoplie d'incitation et de lois garantissant leurs droits. En Tunisie, bien que le ministre des Domaines de l'Etat, Hatem Euchi a expliqué que l'Etat était prêt à fournir un terrain pour des projets à très forte employabilité, des chantiers importants doivent être finalisés au plus vite : le Code de l'Investissement, les réformes fiscale, bancaire et douanière pour en finir avec le marché parallèle et l'évasion fiscale. Ceci dit, il reste un point important : la mise en place d'une paix sociale et durable où la loi est respectée et qui permettra aux entreprises de s'épanouir et de se développer, pour produire et créer de la valeur.


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