Le cabinet de l'ancien président de la République Moncef Marzouki a tenu, ce jeudi 27 août 2015 à l'hôtel Golden Tulip El Mechtel à Tunis, une conférence de presse sur le rapport de la Cour des Comptes concernant l'élection présidentielle. Ainsi, le dirigeant CPR Adnène Mansar a souligné que le cabinet Moncef Marzouki soutient les recommandations de la Cour des Comptes. Pour lui, la loi électorale doit être révisée pour que cela ne se reproduise plus et pour que les vides soient comblés. M. Manser a noté, également, que l'un des vides à combler, selon le rapport, est l'incapacité de la Cour des Comptes à suivre les mouvements de fonds à l'étranger, citant comme exemple un important meeting organisé par un candidat à la présidentielle, à Nice en novembre 2014, qui aurait coûté 50 à 60 mille euros, ce qui représente selon lui une violation de la loi.
Concernant les affaires de transfert de fonds de l'étranger, M. Mansar s'est montré compréhensif face à l'attitude de la Cour des Comptes qui n'a pas révélé le nom des contrevenants, ne pouvant entacher la réputation de personnes sur la base de soupçons : «L'accusé est innocent jusqu'à preuve de sa culpabilité», a-t-il soutenu. Pour lui, la cour a fait son devoir en transférant le dossier à la justice, qui fera le nécessaire. Mansar a cependant adopté une attitude différente vis-à-vis de la Banque centrale. Il dit ne pas comprendre comment la BCT a accepté de faire passer ce genre de transfert douteux. Concernant Moncef Marzouki, il a souligné que la BCT peut attester que les seuls fonds qui sont entrés dans son compte sont ceux relatifs à son salaire reçu des caisses de l'Etat.
Adnène Mansar a annoncé, que des démarches sont en cours, pour poursuivre en justice toute personne ayant accusé Moncef Marzouki d'avoir reçu des fonds de l'étranger pendant la campagne présidentielle. Des propos qui semblent viser particulièrement le site Tunisie Telegraph, sans toutefois le citer. Ce journal électronique sera poursuivi pour faux et usage de faux et non pas en recourant aux décrets 115 et 116. Interrogé par Business News sur les raisons qui pousse le cabinet de Marzouki à poursuivre les journalistes pénalement, M. Manser répond que pour lui, l'article de notre confrère Jamel Arfaoui ne représente plus une "liberté d'expression" mais un crime et une volonté de "falsification d'un document officiel, celui de la Cour des Comptes", affirmant que tout ceci sert les intérêts et agendas de certains lobbies. Il ajoute, par ailleurs, que recourir à la justice est un signe de civilité et en aucun cas une vengeance. Adnène Mansar pense que cette attaque qui vise l'intégrité financière de Moncef Marzouki est en relation avec le futur et non pas avec le passé. Une campagne présidentielle anticipée, selon ses dires, pour ceux qui pensent que Béji Caïd Essebsi «Que dieu le protége » ne terminera pas son mandat et donc veulent anticiper les événements. Selon Adnène Mansar, qui dit se référer aux indices, seulement trois personnes seraient visées par le rapport de la Cour des Comptes : Slim Riahi, Mehrez Boussayen et Noureddine Hached.
Autre point éclairci lors de cette conférence, les liens de l'ancien président avec des associations. Adnène Mansar a souligné que l'Association "Pour la Tunisie. Les amis du Dr Moncef Marzouki" n'a même pas de compte bancaire ou postal et qu'elle n'a eu qu'une activité culturelle avant les élections alors que "Tunisia Charity", qui était présidée par Abdelmonem Daïmi, frère de Imed Daïmi SG du parti présidentiel CPR, a totalement gelé ses activités et n'a effectué aucune opération financière au cours des élections.