Le Ministre de l'Education et de le Formation a annoncé récemment que cette année est une année de bilan et laissé entendre qu'il y aurait des réformes pour les années à venir qui, très probablement démarreraient à la prochaine rentrée, Nous nous sommes entretenus avec un directeur d'une école primaire, qui a préféré garder l'anonymat, sur le système éducatif qui fonctionne actuellement. On a voulu recueillir ses impressions, afin qu'il nous en brosse une sorte de bilan, et nous propose des solutions. Tout d'abord, nous avons voulu savoir si pour les niveaux inférieurs, ceux de première et de deuxième années le passage de la maternelle à l'école s'opère en douceur. Révision de l'horaire scolaire " J'avoue qu'ils ont des difficultés à s'intégrer, nous répondit-il, et les raisons sont multiples et variées. Je commencerai par le volume horaire que je juge inadapté à leur âge. Ils ont vingt deux heures par semaine qui se répartissent comme suit : quatre pendant trois jours et cinq pendant deux jours, ces séances ont lieu soit le matin soit l'après midi. Je trouve que c'est trop pour des petits qui étaient habitués à jouer et qui d'un seul coup se trouvent enchaînés par des règlements sévères auxquels ils n'étaient pas habitués. Les garder pendant tout ce temps et ne leur permettre de souffler qu'une seule fois, à la récréation est une forme d'enfermement qui est de nature à les dégoûter des études. Moi personnellement, je suis pour la révision de l'horaire scolaire, une moyenne de 18 heures leur serait beaucoup mieux adaptée. " Composition des classes et les programmes Les difficultés de ces poussins ne résident pas seulement dans le nombre d'heures, mais également dans la composition des classes et les programmes, selon notre interlocuteur. " Vous savez, nous dit-t-il, dans notre école, nous avons une moyenne de vingt-huit élèves par classe, si elle est acceptable pour les autres niveaux supérieurs, elle ne l'est pas pour les classes de première année où le nombre devrait varier entre dix-huit et vingt. De même pour le nombre d'heures par matière, là également, il serait souhaitable que l'on observe une réduction, au lieu que la discipline soit enseignée tous les jours, on peut se contenter de le faire deux ou trois fois par semaine, ce qui soulagerait et les élèves et les instituteurs, les premiers ne verraient plus dans les études une corvée et les seconds auraient un rendement meilleur. " Activités récréatives Alors, on s'est demandé si ces réformes seraient suffisantes pour que l'école puisse intéresser ces nouveaux venus. " A mon avis, poursuit-il, l'école doit être un espace agréable et joyeux pour qu'elle soit à même d'intéresser les élèves et en particulier cette catégorie fragile que vous désignez. Il ne faut pas qu'elle soit appréciée par ces derniers seulement comme un lieu de travail, les activités en son sein doivent être variées touchant à tout, au savoir, à l'art et au sport, une ambiance pareille les met dans de bonnes dispositions et les laisse travailler dans la bonne humeur. Moi, j'ai réussi, avec le concours de quelques bénévoles, à mettre en place quatre clubs sportifs, un club de choral, un club d'éducation routière et une troupe théâtrale. " Nous lui avons demandé enfin si les élèves de première année sont concernés par ces activités. " Non, pas tous, seulement quelques uns, et c'est pareil pour les autres niveaux, précisa le directeur. Les premiers bénéficient de trois heures d'activités dites récréatives qui sont le dessin, la technique et le sport et qui sont intégrées dans le cursus de l'enseignement. En plus de toutes ces lacunes, j'ajouterais deux autres difficultés que rencontrent les élèves de première année, l'une a trait au fait qu'on leur désigne un seul instituteur au lieu de deux, l'un pour les matières littéraires, l'autre pour les matières scientifiques, ce système a l'inconvénient de priver l'élève des études quand l'instituteur s'absente, alors qu'avec deux, le préjudice serait partiel. L'autre problème qu'ils connaissent et qui aggrave leur situation est causé par leurs parents : quand ils quittent l'école et qu'ils rentrent chez eux, au lieu de les laisser se reposer, ils les font travailler sur les livres scolaires et parascolaires, les inscrivent dans des cours particuliers et même dans les centres culturels, sans compter les clubs sportifs, ceux de musique , ceux de danse..., ils leur font subir une journée de 36 heures, parce qu'ils veulent faire d'eux des savants, des sportifs, des artistes..., des êtres polyvalents, ayant plusieurs talents. Ces cours ne s'arrêtent même pas en été, la période des vacances et de la récupération. " La situation à l'école est inquiétante, cette pression qu'endurent ces enfants fragiles, ne serait-elle pas à l'origine de l'échec scolaire que connaissent quelques uns parmi eux qui se trouvent ainsi contraints de quitter l'école prématurément ? Ne serait-elle pas la cause directe des déviations comportementales menant à la délinquance ou provoquant des perturbations psychiques chez d'autres? La question est loin d'être simple, on doit la prendre très au sérieux si on tient à ce que notre société de demain soit saine, prospère et équilibrée. Faouzi KSIBI ----------------------------------- La réponse du ministère : " Pour ce qui est de l'horaire scolaire, on reconnaît qu'il existe des problèmes " Pour plus d'éclaircissements, nous nous sommes adressé au ministère de l'Education et de la Formation où des sources autorisées nous ont donné les réponses suivantes : " Concernant les séances de 3 et de 5 heures, il y a toujours une activité supplémentaire telle que l'anglais et la technique, ces matières profitent largement à l'apprenant dans la mesure où il peut investir le profit qu'il en récolte dans celles de base, elles sont donc loin de le handicaper, bien au contraire, elles l'aident à améliorer ses connaissances et aussi sa moyenne, d'ailleurs même les élèves y éprouvant des difficultés n'ont pas à s'inquiéter, puisque leurs coefficients sont faibles. Pour l'intégration des élèves des niveaux inférieurs et en particulier ceux de 1ère année, leur intégration à l'école est d'ordre psychologique à l'instar de ce qui se passe en préparatoire, ce qui veut dire qu'ils doivent être pris en charge par des enseignants bien formés sur ce plan, et là, c'est le travail des directeurs, ils sont appelés à choisir les meilleurs pour cette tâche délicate. D'autre part, notre choix d'un seul instituteur pour les niveaux inférieurs s'inscrit dans cette logique : familiariser le nouvel apprenant à l'école avec un seul enseignant est beaucoup meilleur qu'avec deux, cela a le mérite de lui éviter les complications au niveau relationnel. Quant aux activités récréatives, il est vrai que les élèves n'en profitent pas tous d'une manière égale dans toutes les écoles, il y en a quelques unes qui sont plus privilégiées que d'autres où on trouve tout ce dont ces derniers ont besoin. L'activité qui manque le plus c'est le sport, puisque dans certains établissements surtout ceux se trouvant dans des contrées éloignées c'est l'instituteur qui en est chargé : on manque d'espace et de personnel qualifié, le Ministère de la Jeunesse et du Sport ne nous en fournit pas le nombre nécessaire. Enfin, pour ce qui est de l'horaire scolaire, on reconnaît qu'il existe des problèmes. Garder les élèves jusqu'à la mi-juin est anti-pédagogique, vu les conditions climatiques très défavorables. Mais sachez que Monsieur le Ministre a parlé de cet horaire et de la possibilité de sa révision. A ce propos, il y a beaucoup d'idées qui sont proposées telles qu'avancer d'une heure la séance matinale et reprendre les cours à 17 h pour les régions sahariennes. Il est de même pour le nombre des semaines bloquées, il est possible qu'elles soient réduites à deux. "