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Achève-le, il respire encore !
Publié dans Business News le 21 - 11 - 2016

A l'actualité cette semaine, le verdict prononcé dans l'affaire du martyr Lotfi Nagdh, les poursuites judiciaires contre le journaliste Lotfi Laâmari et le démarrage des auditions de victimes de l'Instance Vérité et Dignité.
Nous sommes le 18 octobre 2012, une vidéo fait le tour des réseaux sociaux où l'on voit un homme à terre lynché à mort par une bande de voyous appartenant aux Ligues de protection de la révolution, au CPR et à Ennahdha. Ils participaient à une manifestation pour éliminer les membres de Nidaa Tounes du paysage politique tunisien. Dans l'une des vidéos, Lotfi Nagdh est à terre, l'un des manifestants déclare « achève-le, il respire encore ». Lotfi Nagdh mourra quelques heures plus tard en laissant derrière lui une veuve et six orphelins. C'était le premier mort d'une longue série. Ici, les assassins sont identifiés. On a cru les avoir identifiés du moins. Après Nagdh, il y a eu Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi, Socrate Cherni et des dizaines de soldats, mais leurs assassins sont, tous, fichés sous l'étiquette générique « terroristes ».
Pour Lotfi Nagdh, nous avons donc cru avoir identifié les assassins, mais la justice a déclaré que non. Saïd Chebli n'est pas assassin. Louhichi Fakhem n'est pas un tueur. Abdelwaheb Thabti n'est pas un lyncheur. La responsabilité de ceux qui ont organisé la manifestation qui a débordé n'est pas engagée, a déclaré la justice tunisienne. Ceux que nous avons vu sur les vidéos en train de lyncher les Nidaistes, d'escalader les murs pour violer des locaux et agresser les personnes qui s'y trouvaient, s'en tirent avec un « non-lieu », a décidé la justice tunisienne.

Aussitôt le verdict prononcé, les éclats de joie ont fusé chez les membres des LPR dissous, les CPR, les Nahdhaouis… Un pied de nez lancé à l'encontre de la veuve et de ses orphelins. Un bras d'honneur à tous ceux qui rêvent d'avoir une justice indépendante de toute manipulation et orientation politique dans ce pays. Nous pouvons continuer à rêver… En 2011, au lendemain de leur victoire aux élections de l'ANC, ils ont crié « moutou bi ghaydhikom » (mourrez de dépit !). En 2013, dans des meetings publics, ils appelaient au meurtre de ceux qui s'opposaient à eux. La justice a fermé les yeux, en dépit des plaintes déposées. En 2016, voilà qu'elle innocente carrément des manifestants de tout crime, en dépit des vidéos témoignant de l'horreur. Aucun grief ! Rien ! Même pas le meurtre sans préméditation ou la participation à une bagarre !
Remonté contre le verdict, contre l'injustice, Lotfi Laâmari exprime son opinion dans une émission de télévision et dit ce qu'il pense de l'état de la justice en Tunisie. Un constat qu'il n'est ni le premier, ni le dernier à relever. D'autres l'ont précédé, dont des magistrats de renom.
Aussitôt après, on apprend que le parquet a décidé d'engager des poursuites contre « l'insolent ». Cette même justice qui n'arrive pas à arrêter les assassins d'un martyr s'avère être efficace pour arrêter la parole d'un chroniqueur. Ironie du sort, ce jour-là, Lotfi Laâmari apprend qu'il est sur une liste terroriste de personnes à abattre. En clair, il est poursuivi par les terroristes et par l'Etat qui était censé poursuivre les terroristes.
C'est ce qui se passe quand on libère des terroristes et des assassins, quand on les blanchit et les amnistie, quand on les porte aux sommets du pouvoir…

Quelle sera la suite de tout cela ? En 2011, on a cru naïvement que la Tunisie est devenue démocratique avec l'élection de 217 individus censés rédiger une nouvelle constitution. On leur a donné un an pour le faire. Un an après, ils ont refusé de quitter le pouvoir. L'assassinat de Chokri Belaïd a mis à nu leur volonté manifeste de ne plus le quitter, quitte à verser du sang. Il a fallu attendre juillet 2013 et l'assassinat de Mohamed Brahmi pour les pousser, de force, vers la porte de sortie.
« Achève-le, il respire encore », a crié l'assassin de Lotfi Nagdh. A Béji Caïd Essebsi, aux magistrats intègres, aux politiques patriotes, je vous dis « si vous ne les achevez pas politiquement ou juridiquement, ils vont nous achever physiquement ». Nous avons accepté que les assassins de Bab Souika et de Soliman soient amnistiés et reviennent sur scène, regardez le résultat ! Ça suffit ! Il est temps, grand temps, que l'on cesse la division de ce pays. Que l'on arrête la nuisance de ceux qui se font payer de l'étranger pour nous assassiner. De ceux qui ont plus d'empathie pour l'Egypte, la Turquie et la Umma islamique que pour leur propre pays.

Les tentatives de division de ce pays se suivent et ne se ressemblent pas. En cette même semaine, l'instance Vérité et Dignité a commencé les auditions publiques des victimes de la dictature. De ceux qui ont subi, dans leur chair, la torture, le viol et l'humiliation. Ailleurs, le process a conduit vers la réconciliation nationale. En Tunisie, il en est et il en sera autrement. Au vu de son démarrage, tout indique que ce process est voué à l'échec.
Le moment aurait dû être historique, mais il ne l'a pas été. On a vu une Sihem Ben Sedrine dans un drap blanc fleuri savourant, avec son sourire, sa propre revanche. Le lieu est minutieusement choisi, c'était le QG de Leïla Ben Ali. Quand on est dans cette petitesse revancharde, aucune justice transitionnelle ne peut être attendue, aucune réconciliation nationale ne peut être espérée. Contrairement aux autres pays où le process a réussi, ce qui devait être un moment historique pour nous, s'est transformé en un moment d'insultes, de mises en doute et de menaces.

Au lieu de susciter la compassion de tous leurs concitoyens, les victimes sont devenues, la semaine dernière, la cible d'attaques et de moqueries sur les réseaux sociaux. Après la torture physique, qu'ils ont subie durant les années de braise, ces victimes subissent en 2016 une torture morale.
A cause de quoi ? Parce que Sihem Ben Sedrine a choisi la manipulation politique, la décontextualisation et le mensonge pour savourer sa revanche et sa victoire sur un système. Une victoire toute relative puisqu'elle n'a pas eu droit, comme elle le voulait, à la visite de chefs d'Etat et de dignitaires étrangers. Elle n'a même pas eu droit à la présence des trois présidents, ce qui est très significatif.
Sihem Ben Sedrine est en train de jouer avec l'Histoire du pays, la mémoire des gens et les douleurs des victimes. Elle est en train de mettre cote à cote et à égalité des victimes réelles et des usurpateurs, des menteurs et des mythomanes. Elle est en train de mettre cote à cote des parents qui ont perdu leur progéniture dans des douleurs extrêmes avec des traitres qui travaillaient pour le compte de services secrets étrangers. Elle met à égalité des gens qui ont vécu des drames avec des gens qui monétisent les drames. Comment, avec tout cela, le citoyen va-t-il distinguer la victime sincère de la victime mythomane ? Le franc de l'usurpateur ? Résultat des courses, il les a mis tous dans le même sac ! Cette comédie était prévisible, on l'a vu venir plusieurs mois à l'avance. Les médias et les nombreux démissionnaires de l'IVD ont prévenu que Sihem Ben Sedrine allait jouer avec les drames ses victimes et les utiliser comme des pions à des fins politiques et revanchardes. C'est pour cette raison que nous avons sciemment choisi à Business News de ne rien relayer de ces auditions. Il était hors de question de relayer à nos lecteurs des histoires fabriquées de toutes pièces et ce par respect pour les véritables victimes sincères ayant subi les pires injustices de l'Histoire récente du pays.
Alors maintenant, les autoproclamées têtes bien pensantes, les enfants de Soros, les « révolutionnistes » et ceux qui regardent la Tunisie à travers la fenêtre Facebook peuvent nous donner des leçons d'humanisme en nous taxant d'idiots, d'inhumains, d'aveugles ou de malades du syndrome de Stockholm, mais il est impossible de considérer la comédie de l'IVD comme étant une tragédie. La vérité était tellement noyée dans le mensonge qu'elle est devenue invisible. Les victimes étaient tellement minoritaires au milieu des usurpateurs qu'elles sont devenues inaudibles. Malheureusement pour elles, pour nous et pour la Tunisie.


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