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En Afrique, Youssef Chahed est parti chercher l'argent où il se trouve
Publié dans Business News le 07 - 04 - 2017

Le chef du gouvernement Youssef Chahed est rentré d'une tournée de quatre jours dans trois pays de l'Afrique de l'Ouest : Niger, Burkina Faso et Mali. Accompagné d'une forte délégation d'hommes d'affaires et de plusieurs ministres, il est rentré la besace pleine de conventions gagnant-gagnant. Reportage.


Il est des scènes qui résument d'elles mêmes la situation. C'est le dernier jour d'une tournée marathon dans trois pays où la chaleur est suffocante. Youssef Chahed et son homologue malien sont face à face au milieu de leurs ministres et hauts fonctionnaires autour de la longue table de réunion au quatrième étage du siège de la primature malienne. On est en train de lire les 31 points du communiqué conjoint quand Youssef Chahed ferme l'œil. La scène n'a duré que quelques fractions de secondes. Quelques instants plus tard, c'est l'œil du Premier ministre malien qui se ferme. Quelques fractions de seconde également. Entre la somnolence dans une réunion rébarbative et l'œil qui se ferme dans une réunion épuisante, il y a un gap et la différence est nette. Aussi bien du côté malien que du côté tunisien, on s'est donné un maximum pour réussir la visite. Les poignées de main, les conventions signées, l'observation des résultats déjà obtenus et la lecture des promesses fermes des résultats à venir sont suffisantes pour comprendre que la visite est bien réussie. Youssef Chahed peut rentrer à Tunis satisfait de sa visite au Mali et de sa tournée africaine. La fatigue ? Une bonne nuit de sommeil réparateur et il l'aura oubliée, l'essentiel est de pouvoir avancer. Le succès de sa visite au Mali et du forum économique tuniso-malien, qui a également connu une série de conventions signées, est identique au succès observé 24 heures plus tôt au Burkina Faso et 48 heures plus tôt au Niger. Dans les trois destinations, on a quasiment fait du copier-coller d'une recette qui fonctionne et elle a fonctionné.




Lundi 3 avril 2017, l'avion de Tunisair atterrit à Niamey. A l'intérieur, une bonne centaine d'hommes d'affaires, une bonne quinzaine d'hommes de médias et autant de ministres et hauts fonctionnaires. Sur le tarmac, on a déroulé le tapis rouge, mobilisé les troupes armées pour l'accueil de la délégation et ramené une troupe folklorique. Le Premier ministre est là, avec plusieurs membres de son gouvernement pour souhaiter la bienvenue aux « honorables invités ». Au Niger, on regarde la Tunisie avec beaucoup d'admiration et de respect. Beaucoup de gratitude aussi. Youssef Chahed est accueilli comme un roi. Ce sera pareil à Ouagadougou et pareil à Bamako. Toujours le même sens de l'accueil, toujours le même sens de l'hospitalité et toujours les petits plats dans les grands. Le long cortège composé de belles grandes limousines roule toutes sirènes hurlantes. Direction le meilleur hôtel de la ville (du pays ?) où logera la délégation, un quatre étoiles de luxe équivalent à un vieux trois étoiles des années 70 de chez nous. La vétusté et le poids de l'âge n'empêchent cependant pas la propreté des lieux et l'accueil chaleureux qui vous font oublier les 37 degrés de chaleur. Quand l'électricité ne coupe pas (une dizaine de fois en 24h), la climatisation fonctionne bien, tout comme le wifi. Sinon, il faut juste espérer que l'eau coule dans le robinet pour pouvoir se rafraichir.
Le parcours séparant l'aéroport de l'hôtel passe par le centre-ville. Ici et là, on a placardé de grandes affiches de Youssef Chahed pour lui souhaiter la bienvenue. Seules quelques routes sont goudronnées, le reste de la ville c'est de la terre rouge, des pistes, des chemins. Il n'y a quasiment pas de ponts et encore moins d'échangeurs. A défaut de feux de croisement, les quelques policiers assurent une circulation encore humaine, malgré l'heure de pointe et la sortie des écoles. Plein de bicoques, plein de tôle. Les seuls bâtiments flambant neufs ou modernes portent des enseignes d'organisations islamiques étrangères. L'islam est bien présent à Niamey. Un peu trop même quand on constate que 100% des femmes croisées ont les cheveux couverts. Même les jeunes filles impubères n'échappent pas au voile à Niamey.
« Tout est à construire ici, c'est magnifique ce que l'on peut faire et ce que l'on peut apporter comme savoir-faire», s'exclame Akram Tanoubi, patron d'un bureau d'études en béton armé. Il se frotte les mains sur les rencontres qu'il peut avoir pour signer des marchés liés à l'infrastructure. Il ne les fera cependant pas à Niamey, mais à Bamako trois jours après. « Ici, il n'est pas très difficile d'obtenir des marchés pour l'infrastructure, mais il faut savoir ramener les bailleurs de fonds internationaux », fait remarquer un autre chef d'entreprise connaisseur des problématiques des pays en voie de développement.


Mardi 4 avril, les deux chefs du gouvernement ouvrent le forum d'investissement tuniso-nigérien au Palais des congrès. Les attentes sont grandes d'un côté comme de l'autre. Wided Bouchamaoui, patronne des patrons, saura trouver le mot pour confirmer la bonne image qu'ont les Nigériens des Tunisiens et de la Tunisie : « Nous ne sommes pas venus pour vendre, nous nous intéressons également à ce que vous vendez, nous sommes là aussi pour acheter, nous voulons du gagnant-gagnant, nous voulons renforcer notre coopération ». Youssef Chahed le dira et le répètera à satiété aussi bien à Niamey qu'à Ouagadougou ou à Bamako : « Nos échanges sont en deçà des possibilités. Nous pouvons faire beaucoup plus et beaucoup mieux ». Les mots de Mme Bouchamaoui, qui a ouvert le bal à Niamey donnent du baume au cœur à Brigi Rafini, Premier ministre, qui rappelle que le Niger est un des premiers producteurs mondiaux d'uranium et de phosphate, mais qu'il a d'excellentes cultures de différentes plantes d'épices, de sésame ou encore une bonne quarantaine de millions de têtes de bétail. Il le dit et le répète, à satiété lui aussi, qu'il est bien satisfait de voir tous ces « capitaines d'industrie » tunisiens s'intéresser à son pays. On les voit comme pourvoyeurs d'emplois et de croissance. Le mot capitaine d'industrie est d'ailleurs dit et répété partout. Ça nous change de la Tunisie (ou de la France) où les chefs d'entreprises sont considérés comme des « voleurs » et, au mieux, comme des opportunistes. Ici, à Niamey, on ne voit que de l'opportunité et non de l'opportunisme, on voit de l'exploration et non de l'exploitation, on voit de l'enrichissement et non de l'appauvrissement. Idem à Ouagadougou et pareil à Bamako.

Après le Niger, destination Burkina Faso. On monte d'un cran côté développement. Il y a plus de routes et plus de richesses. Du côté des chefs d'entreprise, on fait remarquer que chaque pays a ses spécificités et ses opportunités, mais le potentiel de croissance demeure énorme : on peut construire et vendre de la marchandise et des services.


Au Faso (appellation familière locale), on s'amuse à rappeler l'autre point commun avec la Tunisie : la transition démocratique. Ici, après un putsch raté suivant 27 ans de pouvoir de Blaise Compaoré, on a réussi à organiser des élections libres et transparentes qui ont ramené en décembre 2015 Roch Marc Christian Kaboré à la tête du pays. La Tunisie y mise gros. Youssef Chahed a ainsi inauguré l'ambassade de Tunisie à Ouagadougou et le bureau de l'Utica, le premier bureau du genre en Afrique. En plein cœur de la ville, dans l'artère principale, ce bureau sera une véritable vitrine ambassadrice des produits « made in Tunisia ».
Ce qu'il y a cependant à remarquer au Burkina Faso, ce qui n'est pas visible ni au Niger, ni au Mali et encore moins en Tunisie, c'est le degré de civisme des Burkinabés. A Ouagadougou, on respecte les feux de croisement, on ne fume pas dans les lieux publics clos et on ne klaxonne pas. On sait déjà que la population est « artiste » puisque la capitale est bien célèbre par son Fespaco, la biennale du cinéma africain, mais ce civisme et ce respect de l'autre sont une bonne leçon à prendre pour nous autres Tunisiens.

Du côté de la délégation des hommes d'affaires, on est enthousiaste. On est également dans le comparatif avec le voyage similaire effectué trois ans plus tôt par Moncef Marzouki. « Rien à voir. On faisait de la course contre la montre et il n'y avait rien de concret » témoigne un investisseur présent dans les deux délégations.
La présence de l'UTICA, du CEPEX et de la Conect, aux côtés des membres du gouvernement, a de quoi donner de l'optimisme. Aref Belkhiria propose de l'huile Ruspina et des pièces automobiles et Bassem Loukil son savoir-faire en matière pétrolière et d'ingénierie. En matière de nouvelles technologies, Zyed Tlemçani, patron du groupe Bitaka, ramène toute son expérience en matière de création de cartes à puce et cartes intelligentes. Tout comme Mohamed Ali Elloumi d'Access to e-business bien plongé dans l'économie numérique.
L'envoi d'émissaires d'Attijari et de la Biat parmi les membres de la délégation en dit long aussi sur les plans d'avenir de nos banques. Elles connaissent bien le marché africain et les besoins de nos chefs d'entreprise pour l'explorer. C'est dans le potentiel de croissance de ces pays que se trouve l'argent dès lors que nos chefs d'entreprise se serrent les coudes pour travailler et trouvent le cadre juridique et d'investissement adéquat. Ils sont prêts et ils l'ont démontré au cours de cette tournée.
Il ne reste qu'à mettre à niveau nos ambassadeurs pour assurer cette diplomatie économique. Pour le moment, ce n'est pas vraiment le cas et certains « fonctionnaires-diplomates », tel notre ambassadeur à Bamako, méritent un passage par des instituts spécialisés pour comprendre ce qu'est la diplomatie moderne, la diplomatie économique et la communication diplomatique.
Sachant pertinemment que l'argent ne saurait se trouver dans les sous-sols, mais dans le labeur et le travail humain, il est du rôle des gouvernants de mettre en place les cadres juridiques nécessaires et de faciliter l'environnement des affaires de part et d'autre. Ceci a été répété et souligné à de multiples reprises durant la tournée : Tunisair a mis en place des lignes directes et on a supprimé les visas, la balle est dans le camp des investisseurs et des capitaines d'industrie.
Il s'agit là de concret pour aller chercher l'argent où il se trouve. Pour montrer l'exemple, Youssef Chahed a rendu visite, au dernier jour de sa tournée, à une université tunisienne à Bamako et discuté avec ses jeunes étudiants. Un haut fonctionnaire malien nous parle fièrement de son fils étudiant à Sfax. C'est là et bien là que se voit le gagnant-gagnant. La nouvelle génération d'hommes d'affaires et d'étudiants semble prometteuse et nous permet d'entrevoir l'avenir avec optimisme.
A Tunis, les infos parlent de grève à Tataouine où l'on manifeste pour avoir droit à l'argent du pétrole. Un DJ a été condamné à un an de prison et on se querelle encore à l'IVD.
On monte à bord pour l'avion du retour et on ferme l'œil. Peu importe la fatigue et l'ingratitude, l'essentiel est de pouvoir avancer et la Tunisie est en train d'avancer.

Nizar Bahloul


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