« L'alliance nécessaire entre Nidaa Tounes et Ennahdha est une grande imposture car il y'avait bien une autre majorité en 2014, mais c'est Rached Ghannouchi qui a donné les clés de Carthage à Béji Caïd Essebsi » a déclaré l'ancien dirigeant à Nidaa Tounes, Omar S'habou, dans un enregistrement qui nous est parvenu ce mardi 17 octobre 2017. « La transaction qui s'est faite à Paris était simple, Ghannouchi allait voter contre la création d'un article dans la constitution limitant à 75 ans l'âge des candidats à la présidentielle, contre quoi il allait pouvoir diriger avec Béji Caïd Essebsi et c'est d'ailleurs ce qui s'est passé » a ajouté Omar S'habou, précisant qu'au final « les deux partis et les deux personnages qui se sont toujours présentées comme étant deux lignes parallèles », se rejoignent au point où à l'ARP aucune loi n'est votée sans le consentement d'Ennahdha et que la composition du gouvernement, jusqu'à sa présidence, est truffée de Nadhaouis. « Entre temps, le parti Islamiste est en train de réadapter son discours et de se tailler un nouvel habit faisant oublier son affiliation aux Frères musulmans et se déclarant désormais parti national » a souligné M. S'habou, estimant qu'en aucun cas l'alliance entre les deux partis, que tout oppose, a épargné au pays une guerre civile comme on a pu le prétendre.
« Béji Caïd Essebsi a vendu la partie et la cause moderniste et Rached Ghannouchi, qui a été très intelligent, a gagné surtout qu'en 2014 une troisième alternative existait, qui n'est ni BCE ni Marzouki mais un autre candidat soutenu par Béji Caïd Essebsi. Seulement, et peu importe le prix, BCE voulait Carthage et le bureau de Bourguiba, comme une sorte de revanche » a affirmé Omar S'habou.
L'ancien dirigeant de Nidaa Tounes a enfin déclaré que le pays est en situation de « chute » comme l'est sa monnaie et que les choses ne vont pas s'arranger dans les deux prochaines années du quinquennat de Béji Caïd Essebsi. Il est revenu sur la possible candidature de BCE à la présidentielle de 2019, estimant qu'en laissant planer le flou sur la question, le président de la République adopte une attitude irresponsable. « Si en 2014 votre candidature a été une erreur historique, celle de 2019 serait la plus grande des catastrophes » a conclu M. S'habou, s'adressant directement au chef de l'Etat.