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Tant que le patronat est lâche, le gouvernement fait ce qu'il veut !
Publié dans Business News le 01 - 11 - 2017

Le patronat, représenté par Wided Bouchamaoui, hausse le ton après avoir vu les textes de la Loi de finances 2018. Le gouvernement, représenté par son chef Youssef Chahed, hausse les épaules et continue son chemin sachant pertinemment que la patronne des patrons paiera encore une fois ses excès budgétaires. A moins que la dame décide de se conduire en véritable cheffe de guerre en refusant de se laisser piétiner. Ce serait un miracle que les patrons espèrent de tout cœur.


Le « Rass el mal est jaban » (le capital est lâche). Phrase mythique de Hamadi Jebali, alors chef du gouvernement, qui a provoqué la risée de tous les Tunisiens quand elle avait été prononcée en 2012. Tout le monde à l'époque s'est arrêté sur la forme de la phrase et son français approximatif, en oubliant d'analyser son fond. Le chef du gouvernement de l'époque savait exactement de quoi il parlait en évoquant les chefs d'entreprises tunisiens qu'il qualifie, ni plus ni moins, de lâches.
Le sont-ils vraiment ? Au vu de tout ce qu'on leur fait subir, depuis des décennies et notamment depuis 2012, on pourrait bien le croire. Les chefs d'entreprise tunisiens subissent les augmentations d'impôt et différentes aberrations fiscales, les unes derrière les autres, sans vraiment réagir, à part quelques gesticulations disparates sur leurs pages FB et quelques plateaux télévisés.

Placés sous la houlette de deux centrales patronales, Utica et Conect, ils ont été de tout temps dans le consensus et n'hésitent jamais à verser de l'eau dans leur vin. Avant la révolution, la politique du bâton et de la carotte faisait bien son effet. Il suffisait de mettre en prison de grands patrons comme Moncef Sellami ou Mohsen Ben Abdallah ou bien d'envoyer les brigades du fisc et de la CNSS à de grands groupes comme Poulina de Abdelwaheb Ben Ayed pour que tous les autres patrons se mettent au pas. Après la révolution, ce type de méthodes est plus difficile à appliquer puisqu'il faut garantir la complicité des juges et le silence des médias. On a alors joué sur la fibre patriotique et la nécessité de sauver le pays pour boucler le budget d'un Etat dont les charges sont nettement supérieures aux recettes. Sous la troïka, on s'est limité à puiser dans les réserves épargnées par Ben Ali et à souscrire des crédits à tout va.
L'ère des aberrations fiscales s'est ouverte avec le gouvernement de Mehdi Jomâa qui a profité de l'implication de Wided Bouchamaoui dans le Dialogue national (couronné ensuite par un Prix Nobel de la Paix) pour faire avaler différentes couleuvres aux patrons. La plus aberrante des décisions reste l'imposition des dividendes lesquels sont calculés sur des résultats nets déjà imposés. Une « double-imposition » reconduite par le gouvernement de Habib Essid puis par Youssef Chahed, lequel s'apprête, ni plus ni moins, à la doubler pour passer de 5% à 10%. Pour la Loi de finances 2017, Youssef Chahed a réussi à faire avaler une autre couleuvre aux patrons, celle de leur imposer une contribution exceptionnelle de 7,5% qui viennent s'ajouter à 25% d'impôt sur les sociétés et aux aberrants 5% d'impôt sur les dividendes ensuite ! Et avant d'atteindre ce résultat net (s'il existe déjà), les patrons ont dû subir les différentes augmentations de charges liées à la hausse des salaires, l'inflation galopante des produits de base, hausse des prix des outils de production et la baisse vertigineuse du dinar. Last but not least, les entreprises subissent de surcroit la bureaucratie de l'administration tunisienne et ses montagnes de lois et mesures contraignantes les empêchant d'être compétitives par rapport à leurs homologues étrangères. Cela va des barrières douanières entravant le travail ordinaire des exportateurs aux petites mesures qui empêchent une PME de disposer rapidement des devises nécessaires pour faire marcher l'entreprise.

Pour manifester leur colère, les chefs d'entreprise tunisiens ne brillent pas par leur ingéniosité. Les seuls à avoir vraiment réagi pour réclamer leurs droits sont les chauffeurs de taxi en observant, sans succès, une grève de trois jours. Quant au reste du patronat, on se suffit d'actions timides dans les coulisses et de lobbying sur des ministres et décideurs politiques où les relations personnelles jouent beaucoup plus que le bon sens pour obtenir l'efficacité requise.
Dans l'absolu, les patrons ne demandent pourtant pas beaucoup de choses au gouvernement. Juste de la cohérence, de l'équité et une politique fiscale efficace. Les mesures prises dans le projet de la Loi de finances 2018 sont par exemple contradictoires par rapport à celles prises un et deux ans en arrière. Il n'y a même pas d'efficacité puisqu'en reprenant de la main gauche ce qu'il a cédé par la droite, le gouvernement ne fait qu'ajouter de la pression fiscale à ses contribuables. « L'histoire prouve qu'à chaque fois que la pression fiscale a augmenté, des tensions sociales s'en sont suivies ! », avertit Ahmed El Karm DG d'Amen Bank. Des centaines d'autres patrons ont rappelé l'évidence que « trop d'impôt tue l'impôt ». A cause de toutes ces pressions et de la conjoncture très morose, les chefs d'entreprise se trouvent acculés à puiser dans les réserves et de publier des bilans négatifs ou, au mieux, équilibrés. Si le nombre de faillites est tu, cela se voit à l'œil nu qu'il y a de plus en plus de PME qui mettent la clé sous la porte, ce qui génère de facto, moins de recettes à l'Etat et fait augmenter le chômage.

Le plus frustrant cependant est que les gouvernements successifs ne mettent la pression que sur les entreprises qui ont choisi la légalité. Celles opérant dans le commerce informel échappent à toute imposition, à toute fiscalité, à toute pression et à tout contrôle. Normal puisque fiscalement ces « entreprises » n'existent pas, bien qu'elles aient pignon sur rue. Selon diverses estimations, l'informel représente quelque 50% du PIB ! Cela touche tous les secteurs, du commerce ordinaire de babioles à la vente de carburant de contrebande qui se vend même dans les quartiers de Tunis, au détriment des minima de sécurité requis, en passant par le commerce des voitures vendues à des centaines de milliers de dinars au nez et à la barbe des concessionnaires patentés ou la vente de devises.
Autre frustration des patrons, certaines entreprises de l'Etat opèrent en toute impunité comme des voyous fiscaux avec des comptes plombés et des impayés de CNSS et d'impôts qui se comptent en millions de dinars. « L'Etat, à travers ses propres entreprises, cumule des impayés énormes et c'est aux privés de les payer. Ce même privé qu'on continue à charger pour payer des bureaucrates et une absence totale de politique de lutte contre le commerce informel », observe un commissaire aux comptes de renom. « Tous parlent de redistribution des richesses mais on n'a pas de richesse, il faut d'abord la créer », fait remarquer Wided Bouchamaoui qui n'exclut plus l'escalade, voire même les grèves et la fermeture d'institutions.

La patronne des patrons a-t-elle cependant les moyens de sa politique ? Sera-t-elle suivie par ses pairs à travers de véritables grèves des entreprises ? Ce serait une première mondiale, car jusque là, comme le dit Hamadi Jebali, le capital est lâche. On imagine mal un pays où les stations service, les PME, les grandes surfaces, les médias et les différents opérateurs économiques fermer tous en même temps. Sachant pertinemment cela, Youssef Chahed s'est permis de narguer la patronne des patrons en la défiant par un « On ne marche pas sous la menace ». Autrement dit, tu peux dire ce que tu veux, on sait que tu n'y pourras rien. Un discours à l'exact opposé de celui mené face au puissant syndicat UGTT. Aucun gouvernement, même sous la dictature, ne peut se permettre ce type de phrases défiantes.
Youssef Chahed, tout comme ses prédécesseurs, sait que Wided Bouchamaoui a une marge de manœuvre limitée et sera désavouée, dès le premier instant, par ses pairs.
Tant que la patronne des patrons n'est pas soutenue par les chefs d'entreprises, tant qu'elle ne frappe pas du poing sur la table en mettant en exécution ses menaces et en refusant le diktat et le chantage du gouvernement, tant que ce dernier obtiendra gain de cause et fera passer les plus aberrantes des mesures.


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