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Sécurité contre liberté, l'ARP devra trancher !
Publié dans Business News le 02 - 11 - 2017

Le 1er novembre 2017 à 8h14 précisément, deux policiers ont été agressés à l'arme blanche par un takfiriste devant l'entrée de l'ARP. Une opération terroriste qui a vite fait de remettre sur le tapis les entraves sur le projet de loi relatif à la répression des atteintes contre les forces armées, en suspens depuis deux ans….

Un takfiriste a agressé hier deux policiers. Il a blessé le premier au niveau du front et le second au niveau du cou entrainant sa mort. Très vite capturé par les forces de l'ordre, le terroriste a avoué avoir adopté la pensée takfiriste depuis trois ans et planifié, depuis quelques temps déjà, des attaques contre les forces de l'ordre. Les premiers éléments recueillis ont aussi révélé que l'individu était accompagné par une deuxième personne lors de l'attaque. Une liste de personnalités politiques qu'il prévoyait vraisemblablement d'assassiner a été saisie en sa possession.
Plus tard dans la soirée, le ministère de l'Intérieur a précisé que l'attentat a été perpétré par un dénommé Zied Ben Salem Gharbi. L'assaillant, âgé de 25 ans, a surpris les deux agents de la circulation et a poignardé le commandant Riadh Barrouta au niveau de la gorge. Il a ensuite tenté de blesser le capitaine Mohamed Aïdi au niveau du visage et a fini par le toucher au front, il a essayé de s'attaquer à un troisième sécuritaire avant d'être neutralisé par les forces de l'ordre.

Cette attaque meurtrière a suscité une grande indignation dans la sphère publique, politique, mais aussi et surtout auprès des sécuritaires, particulièrement ciblés. Le syndicat des agents de la direction générale des unités d'intervention, le syndicat des agents de la sûreté publique et l'union nationale des syndicats des forces de sécurité tunisiennes, ont très vite réagi en revendiquant l'examen du projet de loi protégeant les forces armées, à l'assemblée des représentants du peuple (ARP).
Estimant passive la réaction de l'assemblée, ils menacent de lever la protection sécuritaire des députés et des présidents de partis représentés au parlement, en cas de poursuite de « la politique de tergiversation » sur l'adoption de la loi en question. Les syndicats ont annoncé, par ailleurs, que des sit-ins sont prévus pour le 3 novembre sur tout le territoire tunisien, ainsi que le port du brassard rouge. Ils ont accordé un délai de 15 jours à l'ARP pour présenter le Projet de loi protégeant les forces armées devant la séance plénière. « En cas d'absence de réponse favorable du pouvoir législatif, une conférence de presse sera tenue le 20 novembre et une manifestation nationale sera organisée le 21 novembre. La levée de la protection sécuritaire sera la dernière étape de l'escalade et sera mise en application à partir du 25 novembre » ont-ils souligné, dans un communiqué.

Un autre drame vient ainsi soulever, pour la énième fois le dilemme sur le projet de loi protégeant les forces armées. S'il est convenu à l'unanimité que la tâche des forces armée est des plus sensibles, que le danger auquel ils font face tous les jours est réel et important, on tergiverse sur la nécessité d'adopter une loi « qui pourrait leur procurer un pouvoir menaçant les libertés en général et la liberté d'expression en particulier, voire ouvrir la porte aux répressions policières et les légitimer ».

Le projet 25/2015, qui vise à protéger les agents portant des armes qui appartiennent aux forces armées militaires, aux forces de sécurité intérieure et à la douane, contre les atteintes qui menacent leur sécurité et leurs vies, promet également de réprimer les attaques faites contre les édifices, les établissements et les équipements qui sont mis à leur disposition ou protection ou surveillance, ainsi que les atteintes contre les secrets de la sûreté nationale.

Il est évident que la sécurité des forces armées doit être renforcée dans un contexte où ils constituent un premier rempart contre le terrorisme. Néanmoins, le texte de loi contient des ambiguïtés et des articles qui vont à l'encontre de la constitution, notamment sur des points qui ont trait à la liberté d'expression et à l'accès à l'information. C'est donc par crainte de dérives et d'abus, que le projet traine encore dans les tiroirs de l'ARP.
Il est vrai que dans certains articles, le flou qui entoure certains termes utilisés peut présager d'un retour à la politique de la répression « fourre-tout ». Par exemple, et pour n'en citer qu'un, on pourrait regarder de plus près l'article 5 du projet de loi protégeant les forces armées pour nous rendre compte de la menace. Cet article dispose d'une peine de dix ans d'emprisonnement et une amende de cinquante mille dinars pour « quiconque ayant la qualité pour utiliser, détenir, circuler ou conserver un secret de sûreté nationale, […] quiconque qui a sciemment, selon les cas, pris ou détruit ou livré ou modifié de quelque manière ou moyen que ce soit ou a permis intentionnellement ou par négligence l'accès à ce secret ou sa destruction ou détournement ou enlèvement ou reproduction de quelque manière ou moyen que ce soit ». Cet article précise, en outre, qu'« est considéré comme secret de sûreté nationale, toutes les informations, données et documents relatifs à la sûreté nationale », une définition qui laisse pour le moins perplexe. Qui pourrait en effet garantir que l'on ne définisse pas tout et n'importe quoi de secret d'Etat quand il y a moyen de le faire pour exercer une pression sur les citoyens. Aussi, cela pourrait entraver le travail journalistique en entravant l'accès à l'information et sa détention. Nous avons il y a de cela quelques mois consacré un papier au sujet, et relevé de nombreuses « défaillances » dans texte de loi afin d'expliquer les réticences exprimées à son encontre.

Les syndicalistes, qui ont tout à fait raison de défendre les sécuritaires et de craindre pour leurs vies, ne l'entendent pas de cette oreille et poussent l'ARP à trancher sur la question. Un fait inédit s'est d'ailleurs produit aujourd'hui. Une vidéo a circulé sur les réseaux sociaux comportant une partie de l'interrogatoire du terroriste qui a poignardé deux policiers au Bardo. Vraisemblablement enregistrée un policier, on y voit le terroriste en question, accroupi, répondre aux questions des policiers. Le chef du gouvernement a ordonné l'ouverture d'une enquête pour dévoiler l'origine de la fuite.
L'attentat terroriste d'hier est donc venu relancer un débat dans l'impasse. La question de la sécurité contre les libertés est complexe et ne concerne pas seulement la Tunisie. Une loi qui protège les forces armées peut servir à démunir les citoyens de certains de leurs droits les plus fondamentaux. Le régime policier répressif que les Tunisiens ont connu des années durant a laissé des blessures encore vives et pour qu'un consensus puisse enfin être trouvé, il faut se pencher sur la question et réfléchir à un texte qui mette tout le monde d'accord. La tâche est ardue, certes, mais il ne faut pas oublier pour autant que les forces armées sont les premières victimes d'un fléau nourri par le laxisme. La Tunisie patauge, mais pour une fois, sur une question à laquelle même les plus grandes et les plus anciennes démocraties ont eu à traiter et font encore face aujourd'hui…


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