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Autoroute Tunis-Hammamet : 1h30 pour 60 kilomètres
Publié dans Business News le 03 - 07 - 2018

Départs en vacances et embouteillages sur les routes vont de pair en général, partout dans le monde. A la différence que les routes et les automobilistes tunisiens ont des spécificités que l'on ne trouve nulle part ailleurs qui font que l'on peut doubler, voire tripler, le temps passé sur la route. Reportage sur la plus fréquentée et la plus rentable des autoroutes tunisiennes : le tronçon Tunis-Hammamet.

Hammamet, ses plages BCBG, ses villas luxueuses, ses hôtels majestueux, ses boîtes de nuit éclatantes, ses DJs célèbres et ses fêtards légendaires. La destination demeure incontournable pour tout Tunisien bon vivant ou cherchant à passer du bon temps.
Depuis Tunis, deux chemins possibles pour y aller, la Route nationale et l'autoroute au péage de 1,4 dinar. C'est cette dernière qui attire le plus d'automobilistes vu que la route nationale n'a « quasiment » pas été mise à niveau depuis des décennies.
Pour accéder à l'autoroute, depuis Tunis ou Bizerte, il faut passer par l'inévitable Z4. Premier gros bouchon, puisque l'accès depuis cette route rapide vers l'échangeur menant vers l'autoroute est fort exigu. On passe d'une route à cinq voies vers un échangeur de deux voies seulement. Aux heures de pointe, il faudrait compter une bonne demi-heure juste pour traverser ce tronçon où l'on roule exclusivement en 1ère-2ème.
Cet échangeur mène vers la route traversant les cités à forte densité d'El Kabaria et d'El Mourouj et on ne peut espérer rouler au dessus de 40-50 km/h, bien que la vitesse est autorisée jusqu'à 70km/h.

Moins de cinq kilomètres plus loin, c'est l'entrée de l'autoroute proprement dite au niveau de la concession Alpha Ford et Jaguar, mais il ne faut pas trop espérer atteindre les 110km/h autorisés et profiter de la largesse des trois voies.
Construite depuis deux ans, la troisième voie de l'autoroute a créé de nouveaux problèmes, au lieu d'en résoudre. Vu qu'il s'agit de la première autoroute à trois voies en Tunisie, un bon nombre d'automobilistes ne sait pas encore qu'il faut rouler à droite et non au milieu de la route. Pour eux, rouler sur la voie de droite signifie que l'on va quitter l'autoroute à la prochaine sortie.
Résultat, il n'est pas rare de trouver une voiture roulant à 70-80 km/h sur la voie du milieu, créant ainsi un bel embouteillage et de gros risques d'accident.
Ce problème pourrait être résolu si l'Etat avait accompagné le lancement d'une autoroute à trois voies par une campagne de sensibilisation pour expliquer aux automobilistes qu'il est obligatoire de rouler sur la voie de droite, sauf pour les dépassements.

Au lieu de lancer une campagne de sensibilisation, c'est des campagnes de promotion du nouvel appareil de télépéage que l'on voit sur l'autoroute.
Un appareil censé faciliter la vie des automobilistes et fluidifier le trafic au niveau du péage. Sauf que c'est le contraire que l'on observe, comme on peut le remarquer deux kilomètres plus loin (parfois davantage) avant d'atteindre la station de paiement de Mornag.
Par les journées de canicule, tout le monde se dirige vers Hammamet, en effet, et il faudrait donc s'armer de patience pour pouvoir atteindre la première station de péage en roulant, deux kilomètres durant en première.
Cela n'a rien d'exceptionnel, à la limite, toutes les autoroutes du monde menant vers les villégiatures de vacances connaissent ce type d'embouteillages.
En Tunisie, il y a cependant une différence, car un nombre d'automobilistes ne se suffit pas des trois voies et crée une quatrième, voire une cinquième voie, en roulant sur la bande d'arrêt d'urgence et le bas-côté. Ils s'estiment plus intelligents que les autres, bien entendu, et ne savent pas respecter une file d'attente. Et quand il y a une voiture en panne sur cette bande d'arrêt d'urgence (comme on le voit souvent par les journées de grandes chaleurs et les radiateurs qui chauffent), ils n'hésitent pas à doubler par la droite et à changer brusquement et dangereusement de file pour se placer devant les automobilistes civilisés et respectueux du code de la route.
Et ne comptez surtout pas sur la Garde nationale routière (gendarmerie) pour sévir contre ces chauffards, celle-ci n'est spécialisée que pour détecter, avec ses radars, ceux qui dépassent les vitesses autorisées. C'est le sport favori de notre Garde nationale dont les agents sont réputés pour deux exploits : se cacher, avec son radar, sous un pont ou derrière un buisson pour surprendre les fous de vitesse et vendre des « almanach » pour faire sauter la contravention. Allez leur demander de sanctionner ceux qui doublent par la droite ou ceux qui utilisent la voie d'arrêt d'urgence ou encore ceux qui harcèlent dangereusement les automobilistes de la gent féminine et ils vous riront au nez, comme si vous étiez un martien. D'ailleurs la réponse classique qu'ils donnent par rapport à ce genre de réclamation « mais où est-ce que tu vis toi ! »

Au beau milieu des deux kilomètres de bouchons, une sirène d'ambulance retentit. Elle a du mal à se trouver un chemin avec des voitures collées pare-choc contre pare-choc et avec une voie d'arrêt d'urgence entièrement occupée par des chauffards pressés, irrespectueux du code de la route et insouciants de l'importance de cette voie de droite. Il n'est pas rare que les ambulances arrivent tardivement à des points d'accident à cause de l'occupation de cette voie. On ne saurait estimer le nombre de vies qu'on aurait pu sauver !
Une fois ces deux kilomètres parcourus et que l'on a atteint la fameuse station de péage, il faut s'armer de nouveau de patience et avaler une bonne dose de comprimés anti-stress. Cette fois, ce ne sont pas les automobilistes qui sont la cause de ce nouveau bouchon, ni les agents assez rapides de Tunisie Autoroute, mais la voie de télépéage, réservée exclusivement aux possesseurs de l'appareil vendu à trente dinars.
Il se trouve que cet appareil doit être alimenté tous les six mois en prépayé pour régler son péage autoroutier. Quel que soit le montant contenu dans la « boite », il faut alimenter toujours et encore plus, à l'infini, tous les six mois. A défaut, la barrière de la voie de télépéage ne s'ouvre pas et cela crée, inévitablement, une belle file d'attente d'automobiles qui pensaient posséder un sésame leur permettant d'aller plus vite !
Pourquoi donc Tunisie Autoroutes ne facilite pas la vie de ses clients fidèles en faisant sauter cette règle aberrante ? Réponse d'un agent : il faut d'abord vider le solde avant de procéder à un abonnement sans limite de délai.

Une fois le péage dépassé, l'automobiliste peut espérer rouler à 110 km/h. En réalité, cette vitesse limite est devenue une vitesse de pointe, par les jours de grande affluence. Un ancien haut cadre de Tunisie Autoroutes estime le nombre à 150.000 véhicules/jour sur ce tronçon en cette période.
Et s'il est quasiment impossible et presque improbable de rouler en toute sécurité à 110km/h, c'est à cause (de nouveau) de ces automobilistes qui roulent sur la voie du milieu voire carrément sur la voie de gauche à des vitesses modérées. L'autoroute est finie, on sort vers Hammamet. Si l'on quitte par le nord, il faudrait compter avec une route pleine de nids de poule (alors que cette route menant vers le palais présidentiel était un vrai tapis autrefois) et une ou deux patrouilles de la Garde nationale munies de radars. Si l'on quitte par le sud, il faudrait alors compter avec un très gros bouchon créé de toutes pièces par une barrière de police où il n'y a aucun policier. Ces derniers sont en train de pianoter sur leurs portables sous l'ombre.

Comment parer à tout cela ? Quelle est la part de responsabilité de l'Etat, de la police, de la Garde nationale et de Tunisie Autoroutes dans tous ces embouteillages ?
Société publique à 100%, ayant le monopole de gestion des autoroutes tunisiennes, Tunisie Autoroutes est en train de péricliter et doit s'attendre à de longues années difficiles de déficits.
Son site internet ne contient aucune, absolument aucune, donnée financière ou statistique. Il n'a d'ailleurs pas été mis à jour depuis avril 2017. Pour connaitre le trafic autoroutier sur telle ou autre autoroute, il faudrait envoyer un courrier officiel et attendre. Idem pour connaitre son chiffre d'affaires, son déficit ou la part de la masse salariale dans les charges globales.
D'après nos recherches, nous avons réussi à obtenir quelques données aimablement fournies par un ancien cadre de la société. Le chiffre d'affaires provenant du péage avoisine aujourd'hui les 70 millions de dinars et la masse salariale représente approximativement près de 40% des charges.
La perte estimée en 2017 serait de l'ordre de 25 MDT et on s'attend à des pertes énormes à partir de 2018.
Pour quelles raisons ? La première raison est d'ordre social : le montant du péage demeure modique* en Tunisie. Le kilomètre est payé approximativement 20 millimes, alors que le kilomètre de péage en France est douze fois plus cher (0,07 euro). A force de compensation et d'assistanat des Tunisiens, y compris les plus aisés, ce sont les sociétés publiques qui pâtissent. Pour quelle raison donc, un automobiliste roulant dans une luxueuse berline, ou même dans une voiture populaire, bénéficie-t-il d'une compensation et de très faibles prix pour rouler sur autoroute ?
La deuxième raison est d'ordre social également, le sureffectif du personnel de Tunisie Autoroutes où l'on compte quatre salariés par kilomètre contre 0,8 à 1,2 salarié par kilomètre sur les autoroutes européennes. Si l'on fait l'impasse sur les aberrations de certaines offres commerciales, comme celle de l'appareil de télépéage, on peut aussi s'interroger sur la politique du ministère de tutelle qui a décidé de priver la société publique de très confortables recettes.
Ces dernières étaient générées par des placements réalisés grâce aux prêts internationaux souscrits pour la construction de nouveaux tronçons. En attendant la réalisation des tronçons, et au fur et à mesure de l'avancement des travaux, Tunisie Autoroutes profitait de ces placements pour générer des recettes comblant la compensation et le sureffectif. Il semble que le ministre actuel, Mohamed Salah Arfaoui, a décidé que les futurs prêts soient directement versés à son département et que c'est à ce dernier de construire les nouvelles autoroutes.

Outre la responsabilité, en partie, de Tunisie Autouroutes dans les embouteillages créés, la responsabilité du ministère de l'Intérieur n'est pas à omettre. C'est à ce dernier qu'incombe la responsabilité de la fluidification de la circulation et c'est à lui de sévir contre les chauffards. Or, pour le moment, les seuls chauffards qui comptent aux yeux de la Garde nationale sont ceux qui dépassent les limites de vitesse et, à degré moindre, ceux qui conduisent en état d'ivresse. Ceux qui doublent à droite, ceux qui circulent au milieu ou encore ceux qui zigzaguent sur les voies ne sont jamais inquiétés.
La solution ? Appliquer les solutions qui ont fonctionné ailleurs. A l'exception des raisons sociales anachroniques, il n'y a aucune raison que Tunisie Autoroutes ne soit pas privatisée et n'évolue pas dans un environnement concurrentiel. Cette privatisation va générer de nouvelles recettes pour l'Etat et va l'aider à construire les nouveaux tronçons. Ceci a été expérimenté ailleurs et ça a toujours marché.
Le ministère de l'Intérieur ne doit certainement pas abandonner ses radars, mais il se doit également de sévir les autres infractions au code de la route par des chauffards inciviques et égoïstes. C'est également son devoir, ainsi que Tunisie Autoroutes, de placarder un peu partout les obligations de respect de ce code de la route, dont la vitesse, mais également l'obligation de rouler à droite, le port de la ceinture, l'alcool au volant et tout le reste.

Raouf Ben Hédi




* Un montant modique au regard des exigences et des services que l'on peut s'attendre d'un chemin rapide.


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