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Pénurie des médicaments : Bientôt, le chauffeur n'y pourra plus rien !
Publié dans Business News le 30 - 07 - 2018

La crise dans le secteur de la santé persiste et suscite l'indignation des Tunisiens. La pénurie des médicaments menace aujourd'hui la vie de centaines de malades et ne fait qu'empirer. Depuis des mois déjà, des médecins évoquaient une situation dramatique. Nous y sommes de plain-pied et on se retrouve face à un ministre de tutelle, le moins qu'on puisse dire dépassé par les événements…

Chaque jour amène son lot de témoignages de citoyens, de médecins ou de pharmaciens fustigeant une crise qui a trop duré. Cette pénurie a atteint un degré de gravité préoccupante, pourtant Imed Hammami, ministre de la Santé de son état semble rassurant. Il avait ainsi affirmé que le manque de certains médicaments n'est autre qu'une illusion, uniquement alimentée par des statuts Facebook alarmistes ! Selon Imed Hammami, l'affaire est plus simple qu'il n'y parait et qu'il existe une exagération. Notre ministre n'a pas trouvé mieux que de déclarer qu'à chaque fois qu'il demande à son chauffeur d'acheter un médicament, il en ramène. Une déclaration qui a suscité le courroux de l'opinion publique.

Pendant que Imed Hammami persiste et signe, l'Association tunisienne de chirurgie thoracique cardiaque et vasculaire, est sortie de son silence, révélant qu'aucun acte de chirurgie cardiaque ne pourra être pratiqué pour le moment. La cause, bien évidemment, la pénurie d'un médicament essentiel pour la pratique de ce genre d'opération. A savoir que les interventions de chirurgie à cœur ouvert sont réalisées dans la majorité des cas dans le cadre de l'urgence (parfois en extrême urgence) et que tout retard peut avoir des conséquences graves.
L'Association des pharmaciens de son côté, a établi une liste des médicaments épuisés en pharmacies et ceux qui ne peuvent être commandés en quantité suffisante. Le constat est alarmant, la liste contient pas moins de 200 produits. Sauf que voilà, cette liste est exhaustive puisqu'en réalité, il y en a bien plus ! Pire encore, les produits épuisés n'ont pas de générique ! Il n'y a pas lieu de s'alarmer comme le dit si bien Imed Hammami…

C'est dans la soirée de dimanche 29 juillet, que le Conseil national de l'ordre des médecins a publié, à son tour, un communiqué pour tirer la sonnette d'alarme face à cette pénurie sans précédent.
L'ordre des médecins a ainsi manifesté sa profonde inquiétude concernant la pénurie des médicaments qui perdure depuis plusieurs mois. Ces ruptures d'approvisionnement, en particulier celles de médicaments essentiels, tant dans le secteur public que privé, risquent, selon l'ordre, d'engendrer des conséquences particulièrement néfastes sur la qualité de l'offre de soins au patient. L'ordre des médecins s'insurge, par ailleurs, contre la lenteur des autorités à apporter des solutions efficientes et pérennes à cette pénurie.
Il s'agit en effet d'un problème de santé majeur et les mesures transitoires ne feraient que prolonger la précarité de la situation d'où l'appel de l'Ordre des médecins à ce que toute la lumière soit faite « sur les tenants et aboutissants de cette situation inédite et que soient prises immédiatement toutes les mesures urgentes pour y remédier et, surtout, celles de nature à ce qu'elle ne se reproduise pas ».

Dans une déclaration à Business News, un pharmacien explique les dessous de cette crise inédite : « La CNSS et la CNRPS ne versent plus à la CNAM. Cette dernière ne verse pas aux hôpitaux et à la Pharmacie centrale (PCT). Au niveau des hôpitaux, non seulement la CNAM ne les remboursent plus, mais il existe aussi une véritable mauvaise gestion, ce qui fait qu'ils ne payent plus la Pharmacie centrale. Donc, il ne reste que les pharmaciens officinaux pour payer la Pharmacie centrale et puisque les hôpitaux et la CNAM ne versent pas assez de liquidités, les dettes sont exponentielles et la PCT se retrouve avec un important déficit budgétaire et n'arrive plus à payer les laboratoires fournisseurs de médicaments ».
Un cercle vicieux qui révèle l'ampleur de la crise en général dans le secteur de la santé. Notre interlocuteur affirme, par ailleurs, que la Pharmacie centrale doit s'acquitter des factures 180 jours après la réception des médicaments, sauf qu'elle est en retard parfois plus d'un an et demi.
« Quand on ne les paye pas, les laboratoires étrangers arrêtent de livrer les médicaments ou livrent très peu. La dette de la Pharmacie centrale est faramineuse et il faut dire aussi que les achats se font en devises ce qui génère des blocages du côté de la Banque centrale. Les médicaments épuisés ont parfois des génériques, donc les laboratoires tunisiens comblent en partie le déficit, mais plusieurs molécules ne sont pas fabriquées en Tunisie, ni fabricables. Et même les labos tunisiens ont des problèmes car ils vendent en partie à la Pharmacie centrale et aux hôpitaux qui ne les payent pas en retour. En plus, pour importer le principe actif des médicaments, c'est parfois compliqué au niveau des devises, du timing et des délais... Quand ils produisent en temps normal 1000 boîtes par mois, et qu'on leur demande d'en produire, du jour au lendemain, 20 mille, c'est normal qu'il n'y arrivent pas ».
Selon notre interlocuteur, pour résoudre la crise il faut que les autorités régularisent la situation de la CNAM. Il relève aussi que le gouvernement va procurer des crédits à la Pharmacie centrale, afin de désamorcer la crise, sauf qu'à moyen terme cela approfondira son déficit : « Les intérêts, les hôpitaux et la CNAM qui ne vont toujours pas payer feront que le même scénario se répètera. Vers la fin, les multinationales pharmaceutiques quitteront la Tunisie et licencieront … ».

Le Conseil national de l'ordre des pharmaciens a appelé, ce lundi 30 juillet, les autorités à l'application les décisions du conseil ministériel, qui s'est tenu en juin, relatives au versement des liquidités nécessaires au paiement des fournisseurs de la Pharmacie centrale.
Exprimant son inquiétude face à cette situation conséquence de la gestion de ces dernières années, le CNOP a aussi salué les efforts des pharmaciens. Surtout, l'ordre a tenu à avertir contre le phénomène de vente de médicaments sur les réseaux sociaux. Une violation de la loi, mais aussi un danger pour les citoyens qui achètent des produits hors circuit légal.
Mais ces citoyens qui se rabattent sur les circuits parallèles ont-ils vraiment le choix, lorsque l'on sait que des vies sont réellement menacées. Comme l'avait signalé sur les colonnes de Business News, le docteur Lilia Bouguira, plusieurs produits vitaux manquent notamment pour le traitement du diabète, des pathologies cardiaques, des cancers ou des pathologies neurologiques ou encore pour les interventions chirurgicales. Rien que ça !

Patients et médecins ne décolèrent pas face à la rupture des stocks de médicaments. Si la crise venait à persister, l'indisponibilité des produits d'intérêt thérapeutique majeur pourrait constituer un grave problème de santé en Tunisie et mettre en péril des centaines voire des milliers de vie. Il ne s'agit pas là de faire de l'alarmisme comme le dénonçait Imed Hammami, mais d'un constat inquiétant que tous les acteurs du secteur crient haut et fort.


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