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La Steg dans la tourmente, la Tunisie risque de se retrouver dans le noir !
Publié dans Business News le 11 - 03 - 2019

La Steg, comme la majorité des entreprises publiques, est en train de vivre des difficultés financières importantes. La société s'attend à finir 2019 avec un déficit de 5 milliards de dinars, sans tenir compte de la compensation. Le glissement du dinar, la séparation entre l'achat et la vente du gaz, le non-respect des engagements de l'Etat de couvrir le déficit dans le résultat net comme convenu et les impayés de ses clients, ont mis en péril les équilibres financiers de la société. La Tunisie risque de se retrouver dans le noir si des solutions ne sont pas mises en place.

La situation financière de la Société tunisienne de l'électricité et du gaz (Steg) s'est détériorée ces dernières années. Plusieurs facteurs, directs et indirects, sont en cause. Dans un document destiné au Conseil d'administration de la société, dont Business News a réussi à avoir une copie, le directeur général Moncef Harabi a tenté d'expliquer la situation.
Les problèmes de la Steg découlent essentiellement d'un facteur : la société a été incapable de couvrir le coût réel de l'électricité et du gaz : la moyenne de ce déficit entre 2011 et 2017 est de l'ordre de 30% pour l'électricité et de 45% pour le gaz.
Il faut aussi comprendre que pour produire de l'électricité, la société utilise le gaz à hauteur de 95%. Or le glissement du dinar et la hausse du prix du baril ont eu des répercussions importantes sur les coûts : une hausse de 1 dollar par baril implique une hausse de 47 millions de dinars (MD) de la facture de consommation du gaz ; et chaque 10 millimes de moins par rapport au dollar se répercutent par 20 MD de plus sur cette même facture.
60% des besoins totaux de la Steg sont couverts par le gaz importé d'Algérie à un prix préférentiel. Le reste provient du gaz local mais au prix mondial et partiellement en devise.

Alors qu'est ce qui a totalement bouleversé les équilibres de la société ? Tout simplement une décision d'un conseil ministériel datant du 30 décembre 2014 qui stipule la séparation entre l'achat et la vente de gaz naturel et entre les sociétés publiques concernées. Le tout, en soutenant la Steg via la couverture de son résultat net à travers le versement d'avances. Or, cette dernière décision n'a été appliquée que partiellement. A terme du mois de décembre 2017, la société enregistrait un déficit cumulé de plus de 1,9 milliard de dinars. Ce chiffre devrait passer à près de 2 milliards de dinars en comptant les 1,2 milliard de dinars de compensation reçue. La société s'attend à finir 2019 avec un déficit de 5 milliards de dinars, si on ne prend pas en compte la compensation.
Il faut dire que les créances clients de la société n'arrangent pas les choses. Les impayés sont estimés à 1,46 milliard de dinars dont 700 MD de dinars concernant les administrations et sociétés publiques.
S'ajoutent à ceci, les investissements que la société est obligée de faire pour entretenir le réseau et pour le moderniser. Fin 2018, la Steg devait à ses fournisseurs, locaux et étrangers, 1,2 milliard de dinars (en dinars et en devises étrangères). La société est également en train d'investir dans des grands projets (nouveaux équipements, amélioration et modernisation du réseau, projets d'énergies renouvelables, etc.)
Le coût de ces projets a atteint en 2018 plus de 1,25 milliard de dinars, dont 65% financés par des crédits étrangers et 30% d'autofinancement. En 2019, il est prévu que la société investisse près de 1,33 milliard de dinars, avec des taux proches de ceux précités.

Or, le non-respect de la Steg de ses engagements envers ses créanciers peut entrainer le cas d'exigibilité anticipée, en application à une clause pari passu, leur permettant de réclamer un payement anticiper de l'ensemble de leurs dus.
Pour honorer ses engagements, la société a dû se débrouiller en recourant à des crédits à court terme (beaucoup plus chers), au Swap (échange du dinar (taux fixe) contre le dollar (taux variable)), des autorisations exceptionnelles de la Banque centrale pour le payement des fournisseurs par tranche, pour éviter l'effet de change…

Dans le document précité, M. Harabi évoque plusieurs solutions amenant à redresser la situation de la société. Parmi elles, la révision de la tarification qui devait ramener environ 500 MD de recettes additionnelles pour 2018.
En août 2018, la société a augmenté ses prix. Une hausse qui s'est répercutée sur les factures de l'électricité de ses clients : +13% pour les résidentiels et +23% pour les industriels. Une hausse qui ne résout rien mais qui reste mieux que rien, les prix étant fixés par l'Etat qui normalement doit prendre en charge la différence de prix via la compensation.
Le DG appelle aussi le versement des subventions nécessaires au titre de 2018 et de 2019, soit près de 4,7 milliards de dinars escomptés (et ceci sans tenir compte de l'effet de change). Il réclame aussi les décisions du conseil ministériel de novembre 2017 soit appliqué et que les institutions publiques payent leurs dettes enregistrées jusqu'à fin 2017 ou que le ministère des Finances s'en charge à leur place.
En outre, la société a besoin de liquidités, le responsable demande qu'on ne soustraie pas directement les dus de l'Entreprise tunisienne d'activités pétrolières (Etap) et de la Société tunisienne de service du gazoduc transtunisien (Sotugat) ou au moins de faire de même pour les 130 MD de dinars que doit la société à la Société tunisienne des industries de raffinage (Stir).
Autres solutions importantes à mettre en place et qui peuvent sauver la société : trouver des lignes de financements en devise qui lui permettraient de faire face à ses engagements ainsi que d'opérer des achats à terme pour le gaz naturel et qui lui permettraient de se prémunir totalement contre les risques de change.

La situation de la société est tellement préoccupante que les syndicats s'en sont mêlés. Plusieurs mouvements ont été opérés. Dernier en date, celui de la semaine dernière. Les employés ont entamé un sit-in ouvert, le 1er mars 2019, au siège social de la société. Ils refusent un nouveau mandat du Moncef Harabi qui a atteint l'âge de la retraite. Pour eux, «la période de son mandat janvier 2017-février 2019 a été un échec qui a aggravé la situation de la société et son déficit».
Dans les faits, le 31ème rapport de la Cour des comptes au titre de 2018 n'a pas dénoncé une mauvaise gestion de M. Harabi. Par contre, il a mis en relief un mauvais usage d'un avantage, celui accordé aux employés : le coût de la consommation gratuite des agents de la Steg ayant atteint 11,33 MD en 2014, et le volume de la compensation relative de l'ordre de 3,95 MD. Les employés seront-ils prêts à renoncer à une partie de leurs avantages ou à leurs augmentations salariales pour sauver leur entreprise ? Pas si sûr.

Pour sa part, le gouvernement n'est pas resté les bras croisés. Il est en train de mettre en place une stratégie pour la production des énergies renouvelables qui servira à réduire justement le déficit énergétique et le recours aux énergies fossiles. Et donc qui permettra à la Steg de faire des gains non-négligeables en termes de coût d'achat.
La Tunisie ambitionne ainsi de produire 1 gigawatt (GW) à horizon 2020, ce qui représente 5 fois la capacité actuelle de 200 MW. Des accords de principe ont été accordés à 4 projets en janvier 2019, dont leurs tarifs à la vente sont compris entre 110,7 millimes et 135,8 millimes le kilowattheure, ce qui est un prix très compétitif, défiant toute concurrence. A ce prix, l'Etat ne sera plus obligé de subventionner l'énergie. Ces projets entreront en production à partir de mi-2020.

L'accélération de la mise en place des réformes structurelles est devenue plus qu'une nécessité, un impératif pour sauver le pays. La majorité des institutions et sociétés publiques passe par des difficultés importantes, notamment financières, qu'elles n'arrivent pas à surmonter. Résultat des courses, leurs déficits se creusent au point de ne plus être capables d'avoir un fonctionnement normal et d'assurer leurs services. Là, l'Etat doit intervenir en urgence pour régler les problèmes prioritaires. Depuis la révolution, les gouvernements qui se sont succédé se sont contentés d'être les pompiers des incendies qui se déclarent. Des réformes structurelles doivent être mises en place et qui nécessitent une batterie de lois, alors que des projets soumis à l'Assemblée des représentants du peuple restent dans les placards. Pourquoi les élus vont-ils se mouiller à faire des réformes impopulaires pour le bien du pays et risquer leurs sièges alors qu'ils peuvent se contenter d'actions populistes vaines mais qui garantissent leurs réélections ?
Tout le monde cherche des boucs émissaires pour le décès des 11 nouveau-nés au centre de maternité et de néonatalogie, la vérité est que les torts sont partagés et ils incombent à tous ceux ayant trainé à faire les changements qui s'imposent. L'histoire s'en souviendra. A bon entendeur.


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