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Nous sommes tous Maya, Myriam, Lotfi et Mohamed !
Publié dans Business News le 16 - 10 - 2019

La Tunisie vit depuis des mois au rythme effréné des campagnes électorales. Le décès de Béji Caïd Essebsi a précipité les échéances, prenant de court tous les concernés. Aujourd'hui terminées, les élections ont reconduit Ennahdha, mais aussi ses acolytes à l'ARP et ont sacré Kaïs Saïed à la présidentielle. Le nouveau président est une figure « antisystème » qui suscite de nombreuses interrogations. L'aura qui l'entoure est à l'image de ses plus fervents sympathisants, plutôt inquiétante et n'augurant rien de vraiment très bon pour l'avenir de la liberté de la presse en particulier…

Le ton était donné il y a déjà quelques semaines. Pour avoir osé "s'attaquer" aux jeunes militants pro-Saïed, la chaîne Elhiwar a perdu plus d'un million de followers sur Facebook. Les soldats numériques du nouveau président élu, qui dit, lui, ne rien connaitre aux nouvelles technologies, ont mobilisé des centaines de milliers d'internautes et lancé l'assaut contre la chaîne et contre la chroniqueuse Maya Ksouri principalement.

Le 13 octobre, alors que les sympathisants de Kaïs Saïed fêtaient sa victoire à l'avenue Habib Bourguiba, les journalistes étaient sur le pied de guerre et mobilisés depuis des heures, pour assurer leur mission. Pour ces élections, ils ont dû porter deux casquettes, celles d'observateurs veillant au bon déroulement des élections, et celle de journalistes assurant aux citoyens une information fiable et vérifiée.
Et pourtant, des sympathisants de Kaïs Saïed, n'ont pas hésité à agresser physiquement deux journalistes de la chaîne El Hiwar Ettounsi, Saida Trabelsi, Assila Belgith et leur collègue Amir Maâmouri alors qu'ils assuraient la couverture des festivités organisées à l'avenue Habib Bourguiba de Tunis suite à la victoire de Saïed au second tour de la présidentielle. Plusieurs slogans avaient ont été scandés à l'encontre des journalistes et du caméraman qu'on a empêchés de couvrir l'événement.

La marmite était en ébullition depuis des jours et l'hostilité envers les journalistes devenait de plus en plus palpable sur les réseaux sociaux. Myriam Belkadhi, Maya Ksouri, Lotfi Laamari et Mohamed Boughalleb ont commencé par être les cibles de commentaires odieux, depuis quelque temps avant de faire l'objet d'une campagne de lynchage sur les réseaux sociaux.

Les partisans des islamistes et de Kaïs Saïed, se sont lâchés sur les réseaux, déversant leur haine sans même la voiler. Un âne enveloppé d'un linceul sur lequel on a écrit en rouge le nom de Boughalleb, des photos où on a ajouté des effets monstrueux sur les visages de Myriam Belkadhi ou de Maya Ksouri aux accusations, diffamations et autres armes 2.0, rien n'a été épargné aux journalistes d'Elhiwar, mais pas que.

Ayant été parmi les premiers à se poser des questions sur le candidat Saïed, puis à lui poser les questions qui fâchent, de nombreux journalistes et médias progressistes, plutôt opposés à Kaïs Saïed et foncièrement anti-islamistes ont été la cible de menaces et de lynchages. D'abord nommés par les islamistes « médias de la honte » à l'aube de la révolution de 2011, ils sont aujourd'hui assimilés à la mafia médiatique et à la corruption. Soit.
Ce ne sont pas des menaces qui vont faire fléchir les journalistes et surtout pas celle des islamistes. Depuis 2011 justement et bien avant aussi, les journalistes ont été pris pour cible car ils sont l'ennemi à abattre quand on veut instaurer une dictature ou encore ancrer l'obscurantisme. Ce qui se passe aujourd'hui en dit long sur les intentions de certains et laisse présager un avenir des plus sombres pour la démocratie.

Un juge a été même jusqu'à publier un statut appelant « à la fermeture de la chaîne El Hiwar Ettounsi, et au jugement de ses responsables à la suite de l'exécution de plans criminels et de complots avérés afin de protéger la liberté des médias ». « Sinon, le prix sera cher payé » ajoute le magistrat.
Hammadi Rahmani de son nom, a indiqué dans son post que la chaîne englobe dans son discours et sa ligne éditoriale « la pire des violences verbales », et « favorise un climat propice à la tension sociale et à la violence politique, pouvant aboutir, éventuellement, à des crimes ».
« Ceux qui dénoncent la violence n'ont aucun prétexte pour ignorer des journalistes qui représentent la violence incarnée, le crime incarné et la haine incarnée, orientés pas seulement contre une personne ou une classe bien déterminée, mais d'une manière abusive, gratuite, criminelle, préméditée et étudiée vers des millions de Tunisiens […]. Pourquoi s'attachent-ils au discours de la discorde et pourquoi sommes-nous gênés à le condamner et l'éradiquer complètement avant qu'il ne barre la route à notre liberté, notre démocratie et notre paix sociale et politique », souligne le juge.

Maya Ksouri a estimé qu'il ne faut pas s'étonner des propos de Hammadi Rahmani si le chef du gouvernement, lui-même, a déjà donné le ton en déclarant ouvertement, suite à la victoire de Kaïs Saïed, que les Tunisiens ont voté en masse contre la corruption et ses bras politiques et médiatiques.
« Des propos incitant à la mobilisation contre les journalistes qui expriment un avis contraire au sien. On n'a plus à s'étonner, alors, des propos du juge [Hammadi Rahmani]. Mes premières réserves contre Kaïs Saïed étaient motivées, principalement, par le discours fasciste de son entourage qui veut un retour à l'ère Ben Ali où il n'y avait aucune liberté d'expression. Toutefois, on aimerait bien connaître la position des magistrats face à cette affaire, surtout quand on a vu leur réaction, lorsqu'ils réclamaient l'indépendance de la justice », a ajouté Maya Ksouri.

Le président du syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Néji Bghouri, a exprimé des inquiétudes quant à un potentiel retour vers des pratiques qui ont pour objectif de bâillonner la presse.
« 1800 journalistes ont couvert les récentes campagnes électorales et nous n'avons observé aucune violation du code électoral ni de l'éthique. Une quantité de travail colossale devant laquelle les journalistes n'ont pas plié et ont fait leur métier sans diffamation, sans incitations et sans manipulation. Un élan de fierté a porté le pays tout entier des mois durant, depuis la passation du pouvoir suite au décès de Béji Caïd Essebsi aux élections législatives et présidentielle. Puis soudain, nous avons commencé à entendre des discours inquiétants. Cette ambiance me rappelle tristement 2012-2013. Un média n'a pas à être neutre, il est normal d'avoir des positions mais toujours dans l'objectivité et sans tomber dans le dénigrement de la partie adverse. Si la loi a été violée, il y'a des instances qui sont là pour ça mais en aucun cas la violence n'est justifiée pour attaquer ceux avec lesquels nous divergeons sur les opinions » a-t-il précisé lors de son passage aujourd'hui sur le plateau de Mosaïque FM.

Le membre du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Zied Dabbar l'avait aussi clairement exprimé, soulignant au passage que les journalistes ne plieront pas, que ces agissements ne réussiront pas à domestiquer la presse.

Le syndicat général de l'information, relevant de l'UGTT, a également condamné « la campagne scandaleuse et immorale menée contre des journalistes et la violence commise à leur encontre dans la rue ainsi que l'utilisation d'espaces virtuels pour répandre la haine contre les médias, des journalistes et des syndicats ». Le syndicat a appelé le ministère public a ouvrir une enquête sur les agressions subies par les journalistes puis toutes les structures professionnelles, les organisations de défense des droits de l'homme et la société civile à agir en organisant une action nationale contre les tentatives d'assujettissement des médias.

Le sujet est plus que jamais d'actualité. Les tensions entre le pouvoir qui se met en place, celui qui sort, et les médias nationaux ne font que s'accentuer tous les jours, alimentées par des campagnes viles menées à l'encontre des journalistes. De nombreuses personnes se sont d'ailleurs mobilisées, non pour que la chaîne Elhiwar ferme ses portes comme le font les islamistes, mais pour apporter leur soutien à ceux qui aujourd'hui risquent leur vie pour que soient écoutées leurs opinions et pour éclairer leurs choix. Comme un dernier rempart contre l'obscurantisme, il existe des soldats armés de crayons et de micros qui continuent de se dresser contre la haine, la violence et l'ignorance et qui refuseront de plier sous la menace. Des Myriam, des Maya et des Boughalleb, ils le sont tous, pour le meilleur et contre le pire…


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