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Les enfantillages et les inconstitutionnalités de cette journée du 1er janvier 2020
Publié dans Business News le 02 - 01 - 2020

Habib Jamli n'a pas donné la liste de son gouvernement, il est contredit par la présidence de la République, il s'adresse au peuple pour signifier qu'il n'a rien à dire, il navigue à vue et ne sait plus quoi faire. Une liste de la composition du gouvernement est fuitée par des membres de l'assemblée. L'après-midi de ce 1er janvier 2020 a été bien riche en soubresauts, en enfantillages et en inconstitutionnalités.

Cela fait presque trois mois que les Tunisiens se sont dirigés vers les urnes pour élire une assemblée. Cela fait un mois et demi exactement que Habib Jamli a été chargé par le président de la République de former un gouvernement. Nous sommes le 2 janvier et on attend encore. Tout au long de la semaine dernière, on nous assurait pourtant que le gouvernement est fin prêt et allait être annoncé incessamment sous peu. Le 31 décembre, Habib Jamli a même dit que son gouvernement était prêt et qu'il n'a pas pu le soumettre au président de la République parce que ce dernier était en déplacement ! Il a réussi à le lui soumettre finalement le 1er janvier et il a indiqué que la liste sera donnée le lendemain (c'est-à-dire aujourd'hui jeudi 2 janvier 2020) à l'assemblée pour pouvoir convoquer une session parlementaire afin d'obtenir la confiance de la majorité absolue des députés (109 voix). C'était sans compter l'intervention de la présidence de la République qui a diffusé juste après la déclaration du chef du gouvernement, un communiqué de démenti pour dire que le gouvernement n'est pas encore prêt et que les négociations continuent !
Ce n'est pas une première que Habib Jamli et Kaïs Saïed ne soient pas d'accord. Dix jours plus tôt (le lundi 23 décembre), la liste était déjà prête dans les têtes de M. Jamli et Rached Ghannouchi, mais pas dans celle de M. Saïed. En ce fameux jour, le président de la République réunit les principaux chefs de parti pour les inviter à poursuivre les concertations et à se mettre d'accord sur une liste gouvernementale commune. « C'est trop tard, nous avons fini. En ce moment même, Habib Jamli est en train de donner une conférence de presse à ce propos », lui réplique sèchement et poliment Rached Ghannouchi, à la fois président du parti islamiste vainqueur Ennahdha et de l'Assemblée des représentants du peuple. Kaïs Saïed coupe de suite la réunion et crie : « la séance est levée ! ».
Qui est le véritable chef ? Rached Ghannouchi qui a désigné ou Kaïs Saïed qui a chargé Habib Jamli ? Qui décide vraiment ? Que prévoit la constitution ?

Forme chaotique
Cela n'a l'air de rien, pour les personnes non avisées, mais ce qui est en train de se passer est juste chaotique. Sur le plan de la forme tout d'abord.
Habib Jamli a indiqué qu'il devait voir Kaïs Saïed le 31 décembre, mais ce dernier n'était pas disponible. C'est quoi donc cet Etat où le chef du gouvernement désigné ne prévoit pas suffisamment à l'avance ses rendez-vous ? Pense-t-il sérieusement que le président de la République est à sa disposition pouvant le recevoir quand il veut ?
Il décale donc l'entrevue prévue pour lui soumettre sa liste au 1er janvier. Jour férié partout dans le monde. Par là, il renvoie l'image de quelqu'un de totalement désorganisé, parce qu'on ne travaille pas un jour férié, sauf urgence liée à un événement exceptionnel. Il n'y en a eu aucun en Tunisie ces derniers temps. M. Jamli a juste fonctionné comme un louagiste qui a décidé d'aller voir le président de la République et de convoquer la presse quand lui a pu remplir sa liste !
Et même en cela, il n'a pas brillé par sa ponctualité, puisque la conférence de presse a été reportée trois fois ! Et alors que tout le monde s'attendait à ce qu'il donne la liste aux médias qui ont prévu des directs, Habib Jamli ne s'est pas gêné pour botter en touche et dire que la liste est prête, mais qu'il doit l'envoyer d'abord à l'assemblée. L'image qu'il donne dénote d'un manque total de sérieux et de respect envers le peuple.

Problèmes de fond et inconstitutionnalités
Si sur le plan de la forme, Habib Jamli dégage une image de chaos, il en est de même sur le fond.
C'est la constitution qui délimite les fonctions et les actions du chef du gouvernement et du président de la République. C'est l'article 89 qui régit les rapports entre eux en ce qui concerne la formation du gouvernement. Il n'est nulle part mentionné que le chef du gouvernement doive soumettre son gouvernement au président de la République. Il n'est nulle part mentionné que le président de la République engage des concertations ou prenne part à des concertations. A l'exception des départements de la Défense et des Affaires étrangères, dont les titulaires doivent être désignés par le chef du gouvernement en concertation avec le président de la République (articles 77 et 89 de la constitution), Kaïs Saïed n'avait pas à s'immiscer dans le travail de Habib Jamli et ce dernier n'avait pas à aller le voir à ce sujet. C'est la constitution qui le dit et ce qui est arrivé hier (et le lundi 23 décembre) est INCONSTITUTIONNEL !
En dépit de cette inconstitutionnalité et en dépit de l'absence de tout texte donnant le droit au président de la République de s'immiscer dans la composition gouvernementale, la présidence de la République se permet de démentir publiquement Habib Jamli à travers un communiqué lapidaire pour dire que les concertations se poursuivent alors que ce dernier disait qu'il a tout achevé depuis la veille. On est là dans l'enfantillage au sommet de l'Etat !
Ce n'est pas encore fini avec cette journée du 1er janvier, une liste du gouvernement est fuitée sur les réseaux. A l'origine de la fuite, un membre de l'assemblée ce qui laisse entendre qu'elle a été fuitée par Rached Ghannouchi. C'est ce que certains ont conclu. Mais d'autres ont conclu que c'est Carthage qui a fait fuiter la liste au vu de son timing, puisque la fuite a eu lieu juste après l'entrevue de Kaïs Saïed et Habib Jamli.
Fausse liste
La liste fuitée est-elle juste au moins ? A priori non. Ce que l'on sait, c'est qu'il y a au moins un nom erroné. Une ministre contactée le matin même par Habib Jamli pour confirmer avec elle sa désignation ne figure pas dans la liste fuitée. Habib Jamli lui-même a dit que son gouvernement est composé de 40% de femmes. Or la liste fuitée ne comprend pas ce pourcentage.

Pourquoi donc Kaïs Saïed se permet cet abus de pouvoir (ou de fonction) et pourquoi Habib Jamli se laisse-t-il faire ?
Il semblerait que le président de la République soit en train de jouer la montre pour faire actionner la deuxième partie de l'article 89 de la Constitution afin de pouvoir dissoudre l'assemblée et convoquer de nouvelles élections. Rached Ghannouchi cherche, comme d'habitude, à éviter la confrontation et l'escalade avec Kaïs Saïed et laisse passer les enfantillages du président de la République qui s'immisce dans ce qui ne le regarde pas, mais sans pour autant accepter d'être piétiné. Donc, il envoie son chef du gouvernement Habib Jamli par courtoisie pour lui soumettre le gouvernement, mais il refuse que le président de la République s'immisce dans la composition, puisque cela ne le regarde pas !
Voilà où en est la tête de l'Etat en ce tout début d'année 2020, trois mois après les législatives ! Il vaut mieux en rire et c'est ce qu'a fait un ancien brillant ministre du gouvernement de Habib Essid en partageant (entre amis) la comptine « Lundi matin - l'empereur, sa femme et le petit prince » qui résume tout ce qu'on est en train de voir ces derniers jours.


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