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Reconduction du confinement sanitaire général : une décision politique et non sanitaire
Publié dans Business News le 31 - 03 - 2020

Le Conseil national de sécurité se réunira aujourd'hui, 31 mars 2020, pour décider de la reconduction ou non du confinement.
Même si la décision a déjà fuité, je voudrai attirer l'attention qu'une telle décision ne doit pas être dictée par des considérations sanitaires (uniquement), mais est hautement politique et sécuritaire.
Il est tout à fait logique que les considérations sanitaires nous orientent vers un confinement, sans autre choix. Ceci est motivé par le fait que nous faisons face à une maladie hautement contagieuse, pour laquelle il n'y a pas de vaccin préventif, comme pour la grippe, le choléra ou la polio, qui se répand rapidement et, même si son taux de mortalité est faible, la loi des grands nombres fait que le nombre de décès risque de devenir important, assez rapidement.
Cependant, le confinement prolongé a des incidences autres que sanitaires : des incidences économiques, certes, mais aussi sociales et psychologiques.
La Tunisie compte une population active de quatre millions deux cent mille personnes dont sept cent mille sont employés par le secteur public, six cent vingt-quatre mille chômeurs et deux millions neuf cent mille personnes dans le secteur privé. (Chiffres arrondis)
Si la prolongation du confinement n'aura pas d'incidence sur le revenu des employés du secteur public, elle impactera directement les revenus des actifs du secteur privé, de tout genre, qu'ils soient salariés ou qu'ils soient dans les professions libérales ou les petits métiers (maçons, mécaniciens, journaliers, manœuvres, plombiers, menuisiers, tailleurs, réparateurs de tout genre, cireurs de chaussures, femmes de ménage, jardiniers, cafetiers et garçons de café, serveurs, etc.). Même les chômeurs qui arrivaient à se débrouiller tant bien que mal sont concernés. Tout ce beau monde qui est de l'ordre de un million neuf cent mille personnes, après avoir retiré les personnes qui travaillent dans les secteurs essentiels restés en activité. Ces un million neuf cent mille personnes, et leurs familles, seront sans revenu pendant toute la période additionnelle de confinement. Sachant que le niveau d'épargne du Tunisien est faible, pour ne pas dire nul, toutes ces familles n'auront de quoi subvenir à leurs besoins et se verront obligées, soit de casser le confinement et de reprendre leurs activités, en ce qui concerne les petits métiers qui ne pourront à l'instar des coiffeurs rester confinés, soit de rentrer dans mouvements de protestations, soit de procéder à des vols, des effractions et autres actes de brigandage. Dans ce cas, la sécurité nationale sera fortement menacée.
Aussi, une prolongation du confinement ne devrait pas se faire sans prendre en considération ces personnes-là en mettant à leur disposition un revenu de remplacement représentant 60% de leur revenu habituel (la France leur donne l'équivalent de 80% de leurs salaires, voire plus, via les caisses de chômage) et le report de leurs échéances bancaires, pour ceux qui en ont, et quel que soit le niveau de salaire.

La décision de prolongation du confinement doit aussi se faire en prenant en considération l'avènement du mois de ramadan qui aura lieu, cette année, vers le 23 avril, soit 3 jours après la fin du confinement s'il est prolongé de 15 jours. Arrêter le confinement la veille de Ramadan serait la pire des décisions d'un point de vue sanitaire.
En effet, le confinement permet de lutter contre la propagation de l'épidémie et préserve les gens, mais ne les immunise pas. En d'autres termes, une personne qui était en confinement, peut, dès le premier contact avec un porteur de Covid-19, tomber malade, et la propagation de la maladie reprendre. Le mois de ramadan est connu en Tunisie par une hyper activité sociale, des rencontres, des dîners et des soirées en famille, des soirées dans les cafés, des prières qui durent dans des mosquées bondées de gens et avec un air confiné, des horaires de travail proches entre public et privé, et des transports en commun bondés, autant d'occasions de contagion et de transmission de la maladie avec un facteur aggravant qu'est la faiblesse d'un corps qui jeune et qui veille tard le soir. Ne nous a-t-on pas dit que le virus cherchait une faiblesse du corps pour rentrer ? La rechute risque, auquel cas d'être pire que ce qui a été vécu jusqu'à aujourd'hui et le bilan de la Tunisie risque de dépasser celui de l'Italie.
Aussi, et si le confinement est prolongé de 15 jours, il est impératif d'envisager dès maintenant de le poursuivre, par la suite, jusqu'à fin mai, soit quelques jours après l'Aïd pour éviter toutes les rencontres sociales et familiales de ramadan et de l'Aïd. Cependant, cela devra aussi être accompagné de mesures d'accompagnement pour que les familles tunisiennes puissent faire face aux « traditionnelles » dépenses additionnelles du mois de ramadan et de l'Aïd, et pour tous les Tunisiens.
Le confinement a aussi des incidences sur l'état psychologique des personnes, surtout que le Tunisien, en bon méditerranéen, est habitué à vivre à l'extérieur, et à ne pas passer beaucoup de temps au sein de sa petite famille. Aussi, ce confinement sera source d'implications néfastes sur l'état des personnes, de dépressions, d'angoisses voire décès dû au stress pour les personnes fragiles et sera aussi source de désaccord au niveau des familles, en plus de risques de violence familiales.
Naturellement, le volet économique concerne aussi les entreprises qui se trouvent face à des problèmes de trésorerie sans pouvoir faire de recouvrement alors qu'elles doivent payer leurs fournisseurs et les différents impôts et taxes. Des entreprises qui ne savent pas si elles doivent préparer les équipements pour un arrêt long terme ou pas, car l'arrêt d'une usine ne se fait pas en abaissant le disjoncteur et en partant le soir, mais en préparant les machines, et enfin des entreprises qui risquent de se trouver affaiblies quand il faudra reprendre l'activité à la fin du confinement. Ce qui est certain, c'est que certaines activités, et elles sont nombreuses, ne verrons leur demande reprendre que plusieurs mois après la fin du confinement. N'oublions pas que l'impact de la crise et du confinement sur la psychologie des personnes fera en sorte que pendant longtemps il y aura une angoisse de voir une telle crise revenir et les dépenses des familles se limiteront à l'essentiel.

D'un autre côté, il est vrai que la levée du confinement, bien qu'en faveur du volet économique, aura des incidences négatives sur la santé des gens. D'un point de vue social, le risque de perte de revenu des personnes sera limité vu qu'elles auront l'occasion de reprendre le travail. Cependant, si cette fin de confinement n'est pas accompagnée de mesures pour limiter la propagation de la maladie autrement que par le confinement, le risque sanitaire sera maintenu.
Une des solutions serait d'aller vers une solution intermédiaire : un confinement partiel et la reprise des activités économiques.
Cette solution consiste à reprendre la vie normale avec ses activités économiques et éviter ainsi tous les risques non sanitaires inhérents au confinement, mais tout en ayant pris un ensemble de mesures au préalable et principalement en imposant les mesures de distanciation sociale et, éventuellement, en imposant à tous le port du masque chirurgical, ou bavette, comme cela se fait dans les pays asiatiques, pour que « chacun garde ses virus pour lui » et minimise la transmission le cas échéant. Cette reprise des activités économiques doit aussi être accompagnée de mesures encourageant au télétravail et d'incitation des métiers qui peuvent prendre cette orientation à le faire et à s'équiper des outils nécessaires pour pouvoir le faire.
Cette solution intermédiaire doit être accompagnée par un confinement partiel qui cible les personnes à risque : (1) les personnes âgées de plus de 65 ans, qui sont généralement des personnes qui ne travaillent pas et bénéficient déjà d'un revenu, une pension de retraite, ou d'une aide du ministère des Affaires sociales ; ainsi que (2) les personnes porteuses de pathologies considérées comme facteur de risque à l'instar de l'hypertension artérielle et du diabète (d'après ce qui se dit).
L'isolement obligatoire de toute personne porteuse du virus se fera d'une manière stricte avec un suivi par les autorités, pourquoi pas avec des outils du numérique comme cela se fait dans différents pays du monde.
Enfin, il serait opportun d'envisager la généralisation des tests et de pouvoir ainsi isoler les porteurs du virus pour les mettre en quarantaine, mais aussi pour assurer leur suivi et réduire les risques de complication car cette personne ignore qu'elle est porteuse du virus. Pour cela, il pourrait être fait recours à des tests rapides, qui, même s'ils ont des taux d'erreurs plus élevés que les taux d'erreur des tests actuellement utilisés, à quelques points près, qui reste une marge d'erreur acceptable, il permettrait de diagnostiquer quasiment tous les cas et de les isoler afin d'endiguer la propagation du virus d'une manière drastique qui serait plus efficace qu'un confinement général non respecté. Il ne faut pas perdre de vue qu'une personne qui se sait malade a un comportement totalement différent d'une personne qui ne le sait pas. De plus, vu les faibles coûts internationaux de ces tests (à partir de 7 à 8 USD), un test rapide de toute la population, coûtera moins de 300 millions de dinars. Un montant infime devant le coût économique, social et psychologique du confinement et qui ne représente même pas le manque à gagner pour les caisses de l'Etat si les entreprises poursuivaient leur activité.

La solution est avant tout politique. Il n'y a pas de solution universelle. Chaque pays se doit de choisir sa solution en fonction de ses moyens.
Les pays du Nord qui ont retenu le confinement l'ont accompagné d'importantes mesures pour soutenir les citoyens et les entreprises et ont décidé de prendre en charge directement les salaires des employés du privé et ont même prévu des outils pour remédier au manque à gagner des professions libérales et des petits métiers.
Certains pays pauvres, dont les moyens sont limités et dont le taux de pauvreté et de précarité est important, ont préféré ne pas aller vers le confinement afin de permettre à leurs citoyens de trouver des moyens de subsistance et éviter les mouvements sociaux.
Le choix à faire n'est pas évident, certes. Ce choix ne doit pas être dicté uniquement par des raisons sanitaires, qui sont importantes certes, mais ce choix doit être bien réfléchi et prendre en compte tous les tenants et les aboutissants, à court moyen et long terme et ne doit pas être pris en ne prenant en considération qu'une seule perspective.
Un choix doit être fait et sera assumé.


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