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La réforme du secteur de la Santé : une priorité de la sécurité nationale
Publié dans Business News le 03 - 06 - 2020

Au cours de la campagne présidentielle qui a eu lieu fin 2019, à la question de la sécurité nationale, tous les candidats à la magistrature suprême ont insisté sur une vision large, avec une approche globale de la sécurité nationale. Celle-ci intègre non seulement l'aspect militaire et sécuritaire, mais aussi d'autres domaines : alimentaire, environnemental et surtout sanitaire.
La pandémie du coronavirus (Covid-19) nous a fait vivre une crise sanitaire sans précédent, portant atteinte à la santé de la population et à son mode de vie, menaçant la sécurité nationale et touchant tous les secteurs du pays.
De multiples réunions du Conseil de sécurité nationale, présidées par le président de la République, ont été consacrées à la sécurité sanitaire et à la lutte contre le coronavirus.
Cette situation, de crise sanitaire, a mis à l'épreuve notre système de santé et a dévoilé ses nombreuses insuffisances et les moyens limités de nos institutions sanitaires.
La sécurité sanitaire est devenue la priorité du gouvernement et du pouvoir exécutif, à sa tête le président de la République. Il a été mis à l'évidence qu'il n'y a pas de sécurité nationale sans sécurité sanitaire. Citoyens et gouvernement se sont rendus compte de l'importance d'un système de santé performant.
Il est également important de rappeler que la constitution de 2014 a réaffirmé que la santé est un droit constitutionnel. L'état doit assurer à tout citoyen la prévention, les soins de santé et fournir les moyens nécessaires pour garantir la sécurité et la qualité des services de santé. Il s'agit d'un droit à la protection de la santé et à l'accès aux soins. Ce droit fait partie des droits de l'Homme, puisque l'absence de soins de santé et d'une volonté de promouvoir la santé peut porter atteinte directe au droit à la vie.
La crise du Covid-19 nous a alerté sur la nécessité de placer la sécurité sanitaire au cœur des préoccupations du pouvoir exécutif.
Nous avons tous constatés ces dernières années, et au temps du Covid-19, la disparité des prestations dans les régions et l'inégalité à l'accès aux soins. Pour garantir le droit du citoyen à l'accès aux soins, l'état doit assurer son rôle de promotion de l'Hôpital public qui constitue le pivot du système de santé et le premier recours face à des crises sanitaires.
L'Hôpital public était notre fierté en matière de soins et de formation. De véritables « écoles » ont été mises en place dans les hôpitaux par les pionniers de la médecine tunisienne. Des compétences médicales exerçant actuellement en Tunisie (secteur privé et secteur public), ainsi qu'à l'étranger, ont été formées à l'hôpital public tunisien.
Nous ne manquons pas en Tunisie de structures sanitaires et hospitalières (Hôpitaux Universitaires, Hôpitaux Régionaux, Hôpitaux de Circonscription, Centres de Santé de Base…) mais beaucoup de structures et hôpitaux périphériques sont sous-exploités, le taux d'occupation des hôpitaux régionaux et de circonscription est faible. Ces structures ne peuvent prendre en charge des pathologies simples, assurer le suivi de malades chroniques ou gérer des accouchements normaux par manque de personnels soignants médical et para-médical. De ce fait, nous assistons à un éternel encombrement dans les Hôpitaux Universitaires qui prodiguent des soins à la fois de 1ère, 2ème et 3ème ligne. Ces structures ne peuvent assurer convenablement les missions de formation et de recherche et vivent des crises financières de plus en plus graves.
Dans la réforme de notre système de santé et afin de garantir l'accès aux soins à toute la population, il faut tout d'abord optimiser le fonctionnement des structures existantes et les doter des équipements nécessaires avec des plateaux techniques permettant un fonctionnement adéquat. Actuellement les 4/5 des lits d'hospitalisation sont dans le secteur public alors que 84% des IRM et 73% des scanners sont dans le secteur privé.
Nous devons avancer en fonction de nos moyens. La construction de nouveaux hôpitaux doit être bien étudiée et ciblée. Il faut procéder à un bon diagnostic de la situation de nos différentes régions obéissant à des critères scientifiques au niveau des moyens dont elles disposent sur le plan matériel et humain, aussi bien qu'en fonction des besoins exprimés par les demandeurs de services, en tenant compte des caractéristiques et des spécificités de chaque région.
La mise en fonction de nouvelles structures ne sera possible qu'avec l'acquisition des équipements et le recrutement du personnel soignant nécessaires. Plus que de nouvelles bâtisses, nous voulons une véritable restructuration, une mise à niveau et une valorisation des hôpitaux existants.

Le nouvel hôpital de Sfax qui vient d'être construit, avec la coopération chinoise, n'entrera pas en fonction de si tôt tant qu'il ne sera pas doté des équipements et du personnel soignant nécessaire pour son fonctionnement. Le projet du nouvel hôpital de Gafsa, avec la coopération française, est ficelé mais peine à démarrer. Nous rappelons que dans les années 80-90 l'hôpital Sahloul à Sousse a mis une dizaine d'années à voir le jour puis à entrer en fonction. Nous évoquons aussi les difficultés de fonctionnement rencontrées après la construction de l'hôpital sur le site Habib Thameur à l'entrée sud de Tunis. Le Ministère de la Santé a finalement cédé au Ministère de la Défense cet établissement hospitalier. Il constitue actuellement le performant Hôpital Militaire Principal d'Instruction de Tunis.
Il est important qu'au sommet de l'état, on donne la priorité à la réforme du système de santé. L'Etat ne doit pas se désengager de son rôle pour préserver l'hôpital public qui reste au cœur du système de santé pour assurer la couverture sanitaire de notre population. Il constitue le dernier rempart humanitaire.
Des pays européens comme l'Allemagne et la France ont pu gérer la pandémie du Covid-19 mieux que leurs voisins l'Italie, et l'Espagne grâce à leur organisation sanitaire basée sur les Hôpitaux Publics.
Les changements démographiques et le vieillissement de la population ne seront pas sans conséquences sur les priorités dans le domaine de la santé. Dans les prochaines années, nous serons de plus en plus appelés à fournir des soins de proximité et ambulatoires à des personnes âgées. La nouvelle spécialité « médecine de famille » aura un rôle important à jouer.
Il est nécessaire de renforcer, par des médecins spécialistes et par du personnel paramédical, tous les hôpitaux régionaux.
Nous formons en Tunisie environ 1000 médecins par an dont la plupart aspirent à se spécialiser et à vivre et travailler en Tunisie dans des conditions financières acceptables et de bonnes conditions de sécurité professionnelle (sécurité des soins pour éviter les drames comme les décès en 2019 des nouveaux nés au Centre de Néonatologie la Rabta, sécurité de l'exercice médical en activant la promulgation de la loi sur les droits des malades et la responsabilité médicale). Il est du rôle du pouvoir exécutif, et à sa tête le Président de la République, de maintenir les compétences médicales pour pallier aux disparités régionales et à l'inégalité d'accès à des soins de qualité en optant pour des mesures semi-coercitives mais surtout incitatives et en prenant les mesures nécessaires à la valorisation et à la promotion des carrières hospitalières.
L'Hôpital Public a besoin d'être revalorisé et de moderniser sa gestion. Il est important de cultiver la notion d'appartenance au secteur de la santé chez le personnel soignant et inculquer le professionnalisme dans le travail, sans négliger les compétences nécessaires. Nous pouvons exploiter le regain de confiance en l'Hôpital récemment acquis chez les citoyens et sur les aspects positifs réalisés en Tunisie dans la gestion de la pandémie du Covid-19. Nous sommes appelés à mieux nous positionner dans le proche avenir et donner un élan à l'exportation des services de santé. L'Hôpital public doit travailler en complémentarité et en compétitivité avec les cliniques privées. Les Hôpitaux régionaux, près des frontières, peuvent être des destinations de soins trans-frontaliers, d'accès facile pour les malades des pays voisins.
Deux autres problèmes prioritaires de santé méritent aussi l'attention au sommet de l'état, car ils menacent la sécurité nationale et la santé de la population :
- Les accidents de la circulation : classent la Tunisie au top 10 des pays les plus meurtriers par la route. Nous enregistrons annuellement environ 8000 accidents avec 12 000 blessés et 1500 tués, soit 4 décès par jour. Nous avons enregistré ces dernières années des drames collectifs comme le dernier accident du bus à Amdoun-Tabarka et les accidents enregistrés au cours du transport, non sécurisé, des ouvrières agricoles.
En plus des pertes quotidiennes en vie humaine, les accidents de la route sont parfois la source de grands handicapés et de pertes financières importantes.
Il est temps de sécuriser les routes et le trafic routier et de ne pas se contenter de simples enquêtes pour déterminer les causes et les défaillances, suite aux drames enregistrés. Une véritable politique au plus haut niveau s'impose avec la participation de tous les intervenants et les différents ministères concernés.

- La lutte contre l'usage de produits stupéfiants et les conduites addictives : constituent également un fléau sanitaire qui menace notre jeunesse à la fleur de l'âge et notre sécurité nationale.
Les dernières enquêtes menées en milieu scolaire sont alarmantes. Le taux de consommation de drogues en milieu scolaire s'élève à 9,2 %, 1,7 % des usagers sont au stade de dépendance. L'usage illicite des stupéfiants peut conduire à une destruction lente de la personne et à des attitudes de dangerosité et une augmentation de la criminalité menaçant la sécurité nationale. Le récent drame vécu à Hajeb Laayoun avec l'usage d'alcool frelaté (méthanol) s'est soldé par 7 décès et l'hospitalisation de malades en soins intensifs. Ce drame illustre bien la gravité et le danger de ces conduites addictives.
Une politique claire pour lutter contre ce fléau s'impose avec toutes les mesures nécessaires : législatives, préventives, éducatives et sanitaires…

La Tunisie est à la croisée des chemins. Elle a des défis à relever dans le domaine de la santé pour promouvoir le secteur dans le respect de l'équité.
Investir dans la santé c'est aussi investir dans la prospérité, dans la protection sociale et dans la sécurité nationale.

*Majed ZEMNI
Professeur en Médecine


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