INFOTUNISIE – De nouveau, le secteur des services fait l'objet de toutes les attentions en cette période de multiplication des risques que fait encourir, de plus en plus, le changement climatique aux modes de production classique. Le chef de l'Etat, qui a présidé, lundi dernier, un conseil ministériel consacré à cette question, a recommandé « une nouvelle génération de réformes devant optimiser l'utilisation des potentialités et énergies disponibles dans le secteur. L'objectif étant d'en accroître la part dans le PIB et la contribution à l'accroissement des exportations et à la création d'emplois ». Cet intérêt pour les services ne manque pas d'enjeux. De nos jours, le secteur occupe une place prépondérante dans les économies. Il se développe à un rythme accéléré, voire à un taux qui représente au moins le double de la croissance des secteurs primaires et secondaires dans la plupart des pays. C'est une évolution inéluctable : les services sont devenus un facteur de développement économique et de progrès social, en témoigne l'exemple des pays avancés où les services dépassent désormais 60% du PIB. Cette branche d'activité présente l'avantage d'offrir d'importantes opportunités d'investissement, de création de richesses et d'emplois en particulier pour les diplômés qui sont de plus en plus nombreux en Tunisie. Les services en Tunisie, enjeux et opportunités En Tunisie, ce secteur, qui assure 57% du PIB, est appelé à connaître d'importants changements sur la voie de l'amélioration de son positionnement et de son rendement. Selon les experts, le potentiel d'exportation des services tunisiens est encore largement sous- exploité, compte tenu de l' «excellent rapport qualité-prix » qu'ils offrent. Ceci est vrai pour toutes les catégories de services que ce soit le tourisme, les soins de santé, les services dédiés aux entreprises (expertise comptable, ingénierie, services juridiques, Tic…). Cette activité a déjà fait l'objet d'un programme pilote de mise à niveau. C'est un programme qui vise à accompagner les entreprises disposant d'un potentiel de développement intéressant et exerçant une activité continue et normale (deux ans au moins) sur les différents segments du marché. Aujourd'hui, ce programme, financé par le budget de l'Etat (2 millions de dinars), arrive à terme. Le chef de l'Etat a décidé de l'élargir à l'ensemble des entreprises opérant dans le secteur, et ce, sur la base des enseignements tirés de ce programme. L'Etat a participé et va participer au financement du diagnostic, d'actions transversales, de tout plan stratégique visant l'amélioration du potentiel de compétitivité de l'entreprise et du secteur, des investissements immatériels et matériels. Sur le plan du management, ce programme va aider les entreprises à adopter de meilleures pratiques de gestion, à se conformer aux normes internationales, à améliorer les qualifications, à renforcer l'infrastructure matérielle et technologique et à maîtriser au mieux l'accès aux marchés. Libéralisation des services, objet de négociations avec l'Union européenne Par delà la généralisation de ce programme pilote et son corollaire la mobilisation auprès de l'Union européenne d'importantes ressources financières, il existe un autre élément qui joue en faveur d'une forte impulsion des services. Il s'agit des négociations engagées, depuis mars 2008, avec l'Union européenne sur la libéralisation des échanges des services. M. Adrianus Koetsenruijter, chef de la délégation de la Commission européenne en Tunisie a fait état de la disposition de l'UE à accompagner un programme de mise à niveau des services, et ce, dans le cadre de l'accord de coopération (2011-2013). L'offre de l'UE portera sur tous les modes de services, y compris pour les personnes physiques. Ses implications seront perceptibles à travers la participation au financement de la mise à niveau des services, la reconnaissance mutuelle des diplômes et des qualifications, une plus grande mobilité des professionnels pour l'exécution des contrats. L'accent sera particulièrement mis sur la compétitivité des entreprises et sur la facilitation de l'accès aux marchés. Les Européens entendent aborder la problématique des services sous tous les angles : microéconomiques (entreprises), associatifs (associations représentatives, organes de contrôle) et macroéconomiques (cadre réglementaire, système de prix…). Du côté tunisien, on exige au préalable l'institution de la libre circulation des personnes, la clé de toute promotion des échanges de services. La Tunisie, futur hub de services Autre facteur qui va contribuer, de manière significative, à l'impulsion du secteur des services : l'ambition affichée par la Tunisie de devenir, dans les meilleurs délais, un hub de services régional et l'adoption, à cet effet, par le conseil des ministres, du 10 juin 2009, d'un nouveau cadre juridique devant régir les services financiers dédiés aux non résidents, et assouplir les conditions de leur exercice par les établissements concernés (assureurs, établissements de crédit, sociétés d'investissement, sociétés de gestion de portefeuilles, et autres… Cette nouvelle législation vient accompagner la mise en place du "Port financier de Tunis" et réglementer l'implantation, le capital minimum exigé, la garantie des dépôts des clientèles, le contrôle (audit interne, désignation d'un commissaire aux comptes…) et l'introduction en bourse. Elle met en place de nouveaux outils financiers, notamment des fonds d'experts et institue de nouveaux mécanismes pour la gestion des risques de change, les fluctuations des cours… L'ensemble de ces données illustre de manière éloquente que la Tunisie regorge d'atouts et d'assez de pré-requis pour s'engager, avec succès, sur la voie de la promotion des services. L'objectif est d'en faire un levier de croissance soutenue et durable.