L'actuel gouvernement provisoire fait un effort louable de maintien de la sécurité et de relance économique. Mais tout cela demeure insuffisant. Les Tunisiens souhaitent d'urgence revenir à la légalité constitutionnelle en tournant la page de l'ancien régime et en créant, après la Constituante qui sera issue du scrutin du 23 octobre, une deuxième République. Dans une interview accordée au journal « France-Soir », Dr Sahbi Basly, ex-ambassadeur de Tunisie en Inde, en Espagne et en Chine, a indiqué que la Tunisie est en proie à des hésitations. Elle se cherche encore : « C'est pourquoi, nous préconisons l'organisation la plus rapide possible d'un référendum où on poserait au peuple deux questions : quel régime souhaitez-vous pour la Tunisie ? Et voulez-vous une nouvelle Constitution, ou que l'actuelle Constitution soit amendée ? Il faut laisser aux partis politiques le soin d'expliquer aux citoyens le modèle politique qui correspond le mieux à la situation et aux traditions tunisiennes. En effet, il y a à peu près 7 millions et demi d'électeurs potentiels en Tunisie, qui ont 18 ans et plus. Cette masse critique n'a pas l'habitude d'aller spontanément s'inscrire sur les listes électorales, car pendant près de cinquante ans c'est le parti unique qui était, pour l'organisation des élections, le seul acteur. La commission électorale indépendante a cru bien faire en appelant les Tunisiens à s'inscrire volontairement sur les listes électorales, qui ne seront désormais entachées d'aucune erreur. C'est un honneur, parce que je suppose que le président de la commission électorale indépendante souhaite une nouvelle discipline citoyenne chez les Tunisiens : il veut faire de l'acte de voter, comme dans toute démocratie qui se respecte, un acte citoyen ». A une question sur l'existence d'une menace islamiste en Tunisie, Dr Basly a indiqué qu'il n'y a pas, aujourd'hui, un péril islamiste. Depuis cinquante ans, notre société a libéré la femme, et les femmes sont aujourd'hui le premier rempart contre le fanatisme et l'obscurantisme. Par ailleurs, les islamistes d'Ennahda font partie du paysage politique tunisien. Leur parti a été légalisé. Il faut donc tenir compte de leur poids et de leurs analyses. Mais pour coexister avec les autres, ils le savent, ils doivent strictement respecter les règles du jeu démocratique.