Tous les programmes des partis politiques en Tunisie recèlent de bonnes idées et tous ont bien à l'esprit, l'importance des deux défis majeurs auxquels notre pays est confronté: l'emploi et les disparités régionales. Toutefois, les Tunisiens ne sont pas naïfs au point de croire que le problème du chômage peut être résolu en un claquement de doigts. C'est ce qu'a indiqué M. Elyès Jouini, parrain de l'initiative « idées » (un groupe de réflexion composé d'experts et d'économistes tunisiens). Dans une interview accordée à l'agence TAP, M. Jouini a précisé que le travail de comparaison des programmes des partis n'est pas achevé, alors que l'état des lieux des principales problématiques qui se posent au pays et les recommandations qui en résultent, sont quasiment achevés et vont faire l'objet d'un livre blanc, paraissant au cours des prochains jours. Selon l'expert, la comparaison n'a pu être achevée parce que les programmes des partis n'ont été diffusés que fort tardivement pour certains d'entre eux et ensuite parce que l'élection de dimanche ne porte pas encore sur le programme économique mais plutôt sur un projet de société et de gouvernance. « Je suis le premier à penser qu'il faut que l'économie se retrouve au plus vite au cœur du débat car il y a des attentes énormes de la part de nos concitoyens et les fondements constitutionnels tout en étant un préalable à l'action politique, économique et sociale, ne peuvent la remplacer », a-t-il ajouté. Pour ce qui est de l'évaluation des différents programmes économiques, tous les partis n'ont pas diffusé le leur et parfois ces programmes ne sont constitués que de quelques déclarations générales et quelques bonnes paroles. Il n'en demeure pas moins qu'une dizaine de partis ont pris le soin de présenter un programme complet avec des mesures précises et concrètes. Autant le dire tout de suite, tous ont des forces et des faiblesses. Ce qu'il faut dire, également, c'est qu'aucun d'entre eux n'est chiffré à ce stade. Or il est facile d'annoncer des réformes si l'on n'est pas obligé d'expliquer en même temps comment on compte les financer et quel impact concret elles auront sur la richesse nationale à court et à moyen terme. « A titre d'exemple, dans le domaine des finances (banques, marchés financiers et fiscalité), ce sont Afek Tounes et le PDM qui ont les programmes les plus complets et les plus efficaces, de mon point de vue », a-t-il expliqué. Il est intéressant de remarquer que l'un est libéral alors que l'autre est ancré à gauche. C'est probablement Ettakatol qui a abordé la question de l'emploi de la manière la plus rigoureuse et la plus complète. Sur les questions liées à la politique agricole, on retrouve à nouveau le PDM et Afek. Sur le développement régional, le PDP et Afek. Sur la politique industrielle, le PDP, le PDM et Afek. Cela ne signifie pas que les autres programmes sont indigents. Membre de l'Institut Universitaire de France, M. Jouini a dévoilé une analyse globale des programmes présentés par les divers partis en lice pour les élections de la Constituante, dimanche, 23 octobre. L'objectif de cette étude est d'être en mesure de comparer les « offres » politiques entre elles et d'évaluer chaque programme par rapport aux demandes exprimées et aux besoins en matière de réformes.