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Partis politiques: des programmes économiques non chiffrés (Elyès Jouini)
Publié dans TAP le 21 - 10 - 2011

TUNIS (TAP) - Les programmes économiques des partis politiques présentés à ce jour, sont pleins de promesses, concernant l'emploi, des taux élevés de croissance, l'amélioration du niveau de vie des citoyens....
Des croissances variant entre 5 et 7 pc à l'horizon de 2016, un revenu par habitant de l'ordre de 10 mille dinars, le pain à 100 millimes sont autant de promesses avancées par des partis voulant séduire les électeurs.
Sur le plan emploi, la surenchère est plus féroce, l'un des partis nous promet des emplois maintenant (tawa!) avec le geste joint à la parole, l'autre 500 mille sur 5 ans et un autre encore, 100 mille dans le secteur public, sur deux ans.
Dans une interview accordée à l'Agence TAP, M. Elyès Jouini, parrain de l'initiative «idées» (un groupe de réflexion composé d'experts et d'économistes tunisiens) et membre de l'Institut Universitaire de France, présente une analyse globale des programmes présentés par les divers partis en lice pour les élections de la constituante, dimanche, 23 octobre.
Question: Que pensez-vous des promesses faites par les partis politiques en Tunisie, concernant la création d'emplois?
Tous les programmes recèlent de bonnes idées et tous ont bien à l'esprit, l'importance des deux défis majeurs auxquels notre pays est confronté: l'emploi et les disparités régionales.
Toutefois, les tunisiens ne sont pas naïfs au point de croire que le problème du chômage peut être résolu en un claquement de doigts. Ils ont répondu « dégage » à Ben Ali qui avait promis 300 000 emplois dans l'année.
Question: Quel parti parmi ceux en lice a proposé le programme le plus complet et le plus proche des attentes des tunisiens ?
Le Think Tank "Idées" (Initiative pour le Développement Economique et Social) est en train de conduire une analyse en profondeur de la situation économique, des besoins du pays mais également des propositions des partis. L'objectif est notamment, d'être en mesure de comparer les "offres" politiques entre elles et d'évaluer chaque programme par rapport aux demandes exprimées et aux besoins en matière de réformes.
Toutefois, le travail de comparaison des programmes des partis n'est pas achevé, alors que l'état des lieux des principales problématiques qui se posent au pays et les recommandations qui en résultent, sont quasiment achevés et vont faire l'objet d'un livre blanc, paraissant au cours des prochains jours.
La comparaison n'a pu être achevée parce que les programmes des partis n'ont été diffusés que fort tardivement pour certains d'entre eux et ensuite parce que l'élection de dimanche ne porte pas encore sur le programme économique mais plutôt sur un projet de société et de gouvernance.
Je suis le premier à penser qu'il faut que l'économie se retrouve au plus vite au cœur du débat car il y a des attentes énormes de la part de nos concitoyens et les fondements constitutionnels tout en étant un préalable à l'action politique, économique et sociale, ne peuvent la remplacer.
Pour ce qui est de l'évaluation des différents programmes économiques, tous les partis n'ont pas diffusé le leur et parfois ces programmes ne sont constitués que de quelques déclarations générales et quelques bonnes paroles. Il n'en demeure pas moins qu'une dizaine de partis ont pris le soin de présenter un programme complet avec des mesures précises et concrètes. Autant le dire tout de suite, tous ont des forces et des faiblesses.
Ce qu'il faut dire, également, c'est qu'aucun d'entre eux n'est chiffré à ce stade. Or il est facile d'annoncer des réformes si l'on n'est pas obligé d'expliquer en même temps comment on compte les financer et quel impact concret elles auront sur la richesse nationale à court et à moyen terme.
Question: Pouvez-vous être plus précis?
A titre d'exemple, dans le domaine des finances (banques, marchés financiers et fiscalité), ce sont Afek Tounes et le PDM qui ont les programmes les plus complets et les plus efficaces, de mon point de vue.
Il est intéressant de remarquer que l'un est libéral alors que l'autre est ancré à gauche. C'est probablement Ettakatol qui a abordé la question de l'emploi de la manière la plus rigoureuse et la plus complète. Sur les questions liées à la politique agricole, on retrouve à nouveau le PDM et Afek. Sur le développement régional, le PDP et Afek. Sur la politique industrielle, le PDP, le PDM et Afek. Cela ne signifie pas que les autres programmes sont indigents.
Peut-être est-ce par souci de ne pas effaroucher les électeurs, mais je trouve que tous sont en revanche beaucoup trop timorés sur la question de la fiscalité. Il me semble urgent de revoir complètement notre fiscalité pour la rendre plus efficace et plus redistributive. Il importe, aussi, de mettre plus à contribution les revenus du capital, mettre fin à de nombreux régimes forfaitaires, améliorer le recouvrement de l'impôt, mettre en oeuvre une évaluation sur la base du train de vie car il est évident qu'il y a un niveau d'évasion fiscale totalement intolérable, au moment où les valeurs cardinales sont la solidarité et l'équité.
Si je ne craignais d'être taxé de populisme, je dirais que la révolution a été initiée et conduite par les plus démunis, il est temps que les nantis passent à la caisse.
C'est probablement, de mon point de vue, dans ce domaine de la redistribution que l'Etat a le plus grand rôle à jouer. Pour le reste, il doit encourager au contraire l'initiative privée et l'entrepreneuriat et les soutenir en matière de financement via le micro-crédit, le fonds "Ajyal", la banque des PME.. et en les aidant à se développer avec un vrai ''small business act'' à l'américaine, c'est à dire notamment, un soutien aux PME et TPE, via la commande publique.
Question:Que pensez-vous de la faisabilité des différents programmes,alors qu'une crise financière internationale se profile à l'horizon?
La question de la faisabilité rejoint ma remarque sur l'absence de chiffrage. Il est vrai que la situation internationale est extrêmement complexe. Parce que nous n'avons d'autre richesse que celle de notre travail et parce que l'épargne nationale est insuffisante, il nous faut faire appel au capital étranger. Il faut cependant le faire avec parcimonie et à bon escient. Il ne s'agit pas de financer des bulles et favoriser l'enrichissement de quelques uns, mais d'injecter du capital dans des circuits productifs et efficaces, des secteurs à même de créer de l'emploi et de doper la croissance. Notre note a été dégradée et il nous est difficile, pour l'instant de faire appel aux marchés internationaux. Il nous est cependant, possible d'obtenir des financements de la part des bailleurs de fonds internationaux et de nombreux pays amis (dans le Golfe, en Europe, Asie, Amérique du Nord...). Des promesses ont été faites en ce sens, à Deauville et réitérées et même doublées à Marseille.
Il faut savoir gré au gouvernement actuel d'avoir su présenter la situation tunisienne et les besoins de notre économie et d'avoir décroché des promesses importantes. Il a eu la sagesse de ne pas aller au-delà de ces promesses, pour laisser aux gouvernements qui seront issus des urnes, le soin de prendre les décisions qui s'imposent en toute légitimité. Certains experts de la polémique ont reproché au gouvernement de brader notre pays, je pense qu'il est plus honnête de dire qu'il a sécurisé des offres que d'autres pourront accepter ou non.
Certes, la situation s'est beaucoup dégradée depuis Deauville mais la Tunisie a l'avantage d'être un petit pays à l'économie relativement saine. Et là où il faut injecter des centaines de milliards de dollars au Portugal, en Grèce et ailleurs, ce sont des sommes dix fois moins élevées qui sont nécessaires à notre économie. On remarquera d'ailleurs, que le sommet de Marseille a eu lieu en septembre, en pleine crise grecque et que cela n'a pas empêché les divers acteurs internationaux participants de confirmer et de dédoubler leur soutien.
Soyons clairs, il ne s'agit pas de cadeaux, ni d'aides, mais d'un intérêt réciproque bien compris. La zone méditerranéenne a le potentiel pour devenir une vraie zone de croissance partagée, les pays du sud par leur dynamisme et ceux du nord par leurs avance technologique, ont un intérêt commun à la mise en place d'un vrai partenariat.
Signalons, enfin, qu'aucun parti, me semble t-il, n'a traité l'équation libyenne. Il se pourrait bien que notre avenir et notre devenir économique, soient fortement impactés par l'évolution politique et économique de la Libye.


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