Après les élections en Tunisie, les islamistes marocains vont se demander : « Pourquoi pas chez nous ? » Rendus optimistes par le succès du parti Ennahdha en Tunisie, les islamistes modérés du Maroc pensent pouvoir eux aussi l'emporter aux élections du 25 novembre, mais prédisent que leurs adversaires auront recours à la fraude pour les empêcher d'accéder au pouvoir. Les élections auront lieu un mois après le scrutin en Tunisie. « Les islamistes sont bien plus acceptables aujourd'hui qu'ils ne l'étaient il y a quelques années, et les présenter comme des épouvantails ne fonctionne plus à présent », commente Lise Storm, spécialiste du Moyen-Orient à l'université britannique d'Exeter. Alors, la vague de soulèvements initiée par les Tunisiens n'a pas atteint le royaume chérifien. Parmi les grands partis politiques au Maroc, le Parti de la justice et du développement (PJD) qui espère introduire un changement graduel, mais réel, dans la vie publique. « L'expérience tunisienne a défini la tendance: il n'y a pas beaucoup de différences entre les Marocains et les Tunisiens. En plus, l'Occident nous connaît de mieux en mieux », a déclaré à l'agence Reuters le numéro deux du PJD, Lahcène Daodi. Ce dernier prévoit pour sa formation entre 70 et 80 sièges sur les 395 que compte le parlement. Un tel résultat en ferait la première force politique, et non plus la deuxième comme c'est le cas depuis les législatives de 2007. Notons que le scrutin législatif aura valeur de test de l'engagement du roi du Maroc Mohammed VI, qui a promis de répondre aux aspirations nées du Printemps arabe en faisant un pas vers la démocratie et en cédant une partie de ses pouvoirs à des responsables élus.