Décidément, notre télévision nationale 1 et 2 n'arrêtera pas de nous étonner ! Au journal de 20h de dimanche 16 septembre 2012, la journaliste nous annonce la fermeture d'une route quelque part dans le pays, une manière choisie par certains pour transmettre leurs doléances car convaincus que leur voix ne parviendrait aux responsables que s'ils recouraient à cette méthode, certes répréhensible et à la limite illégale. Dans le sillage, la présentatrice nous « propose » d'écouter l'avis éclairé, basé sur la charia, d'un sombre imam prédicateur quant au sort réservé et prédit par le Créateur et par la charia aux coupeurs de routes. « Monsieur X…, (j'en ai oublié le nom) pouvez-vous nous dire quel sort réserve la charia à ceux qui s'avisent de barrer une route ? ». L'infortunée journaliste ne pipera mot, durant les 15 longues minutes que prendra l'intervention du sinistre bonhomme, durant ce qui était censé être un débat. Un long et interminable soliloque, truffé d'indicibles sottises, de sidérants galimatias nous a depuis été imposé. Afin de donner plus de consistance à ses balivernes, le quidam, s'exprimant au téléphone, ne craint pas de citer le saint Coran et particulièrement le verset 33 de la sourate « Al Ma'idah » (la table) : )إِنَّمَا جَزَاءُ الَّذِين َيُحَارِبُون َاللَّهَ و َرَسُولَه ُو َيَسْعَوْن َفِي الأَرْضِ فَسَاد اً أَنْ يُقَتَّلُوا أَو ْيُصَلَّبُوا أَو ْتُقَطَّع َأَيْدِيهِم ْو َأَرْجُلُهُم ْمِن ْخِلاف ٍأَو ْيُنفَوْا مِن ْالأَرْضِ ذَلِكَ لَهُم ْخِزْي ٌفِي الدُّنيَا و َلَهُم ْفِي الآخِرَةِ عَذَاب ٌعَظِيم( Sans prétendre être un exégète, il est clair qu'aucun rapport ne peut être établi entre la question (inopportune) choisie( ?) et la réponse irraisonnée donnée. Le contexte concerne évidemment une action de protestation entreprise par des concitoyens à court d'arguments pour exprimer leur insatisfaction et pour demander justice. Ceux évoqués par le verset cité sont les voleurs, les bandits de grand chemin, ceux qui volent, tuent et violent. Alors que nous raconte-t-on ? Et puis, qui a choisi cette question ? Dans quel dessein et pourquoi en cette heure de grande écoute et en ce moment précis? Pourquoi un simple imam prédicateur pour répondre à une question aussi…délicate plutôt qu'un mufti, par exemple ? On voudrait foutre la pétoche aux gens qu'on ne s'y prendrait pas autrement. Que l'on se rappelle M. Chourou qui, dans l'enceinte même de l'ANC a cité le même verset à l'adresse de ceux qui s'aviseraient à s'opposer à l'action du gouvernement islamiste. Que l'on se souvienne des propos d'Ellouze appelant à attaquer les journalistes, ceux de Abbou, déterrant un article de loi punissant de mort ceux qui pourraient manifester le 24 octobre, les appels au meurtre d'un Bousarsar et l'on en passe et non des meilleures. Cherche-t-on à nous faire peur ? Assurément ! Les pressions exercées sur les médias, sur les magistrats, sur les hommes d'affaires, sur les intellectuels, sur les artistes sont plus que des preuves. S'est-on rendu à l'évidence que de telles menaces ne sauraient impressionner ni affaiblir la volonté de ceux qui défendent des acquis chèrement payés ? Auquel cas, l'on cherche à dresser une partie du peuple contre la deuxième partie en assénant ses byzantinismes et élucubrations enrobés des oripeaux d'une certaine légalité de commodité ou de la parole sacrée sortie de son contexte. Mais plus personne n'est dupe ! M. BELLAKHAL