La fondation Thomson Reuters a publié, lundi 11 novembre 2013, son classement sur l'état d'avancement des droits des femmes dans le monde arabe. Réalisé auprès de 22 pays arabes, l'étude de l'agence de presse canadienne présente un bilan sévère qui met à mal les espoirs nés des révolutions. Ce classement souligne ainsi les espoirs déçus des révolutions arabes qui ont globalement eu un impact négatif en matière de droit des femmes mais aussi des avancées, comme par exemple au Koweït, où les femmes ont le droit de vote depuis 2005, représentent la moitié des salariés du secteur public et ont dix semaines de congé parental. Pourtant, l'étude montre aussi que les violences faites aux femmes restent encore trop souvent impunies dans la plupart des pays étudiés, un pré-requis indispensable dans la lutte pour l'égalité des droits entre hommes et femmes. La Tunisie a été classée au sixième rang des meilleurs pays arabes qui respectent les droits des femmes. La Tunisie a ainsi été le premier pays arabe à légaliser le droit de vote des femmes (11 juin 1956), devançant même certains pays développés, telle que la Suisse (où la femme a obtenu ce droit en 1959) et le Portugal (en 1974). Les droits acquis par la femme tunisienne sont défendus bec et ongle par certains, quand d'autres n'en voient vraiment pas l'utilité et cherchent à les raboter. Abolition de la polygamie et de la répudiation, droit de divorcer et un peu plus tard d'avorter… Ce sont quelques-uns de ces acquis engrangés dès l'indépendance du pays. Mais depuis, les avancées sont rares et beaucoup de Tunisiennes craignent que le parti islamiste qui domine désormais le paysage politique ne revienne en arrière. Dans ce classement, l'Egypte apparaît comme le pays où la situation des femmes est la plus critique : 99,3% des femmes seraient victimes de harcèlements sexuels. Thomson Reuters précise que l'acceptation sociale du harcèlement sexuel au quotidien affecte toutes les femmes en Egypte, peu importe l'âge, la profession, le milieu social, la situation maritale ou l'habillement. L'Egypte n'est pas le seul pays où il ne fait pas bon vivre lorsqu'on est une femme. En Irak, second dans la liste, les droits des femmes ont régressé depuis l'invasion américaine de 2003 et le renversement de Saddam Hussein. Les violences domestiques et la prostitution ont augmenté, le niveau d'illettrisme a grimpé et près de 10% des femmes sont veuves et dans des situations précaires. L'Arabie Saoudite se place, quant à elle, en troisième position. Le Royaume demeure le seul à interdire aux femmes de conduire même si des réformes sont en cours notamment pour leur donner plus d'opportunités professionnelles et une plus grande place dans l'espace public. La Syrie a été classée à la 4e place. Les Syriennes sont les victimes collatérales de la guerre civile dans le pays. A ce jour, on compte plus de 4 000 viols et cas de mutilations. Selon les observateurs, elles sont encore plus vulnérables lorsqu'elles se retrouvent dans les camps de réfugiés et subissent trafics en tout genre, mariages forcés d'enfants et violences sexuelles. Le classement des pays en terme de respect des droits des femmes selon l'étude de la Fondation Thomson Reuters (Novembre 2013) (du pire au meilleur) : 22. Egypte 21. Iraq 20. Arabie Saoudite 19. Syrie 18. Yémen 17. Soudan 16. Liban 15. Palestine 14. Somalie 13. Djibouti 12. Bahreïn 11. Mauritanie 10. UAE 9. Libye 8. Maroc 7. Algérie 6. Tunisie 5. Qatar 4. Jordan 3. Kuwait 2. Oman 1. Comores