L'annonce faite par le gouvernement d'approuver la réalisation d'un port en eaux profondes à Enfidha, conformément aux études techniques, économiques et écologiques réalisées, a jeté quelque désarroi dans les milieux bizertins. Ces derniers fondaient de réels espoirs après que des études eurent révélé que Bizerte était techniquement et économiquement mieux habilité à accueillir un tel ouvrage. Même qu'une société dénommée Bizerte Port Autonome « BPA SA » a été créée qui s'est attelée à la préparation d'une étude préliminaire sur un tel projet qu'elle a effectivement présentée au ministère du Transport. Sans donner l'impression de douter de la possibilité qu'un tel projet puisse échapper à Bizerte, le PDG de ladite société, Kaiss Laaribi, a même donné à l'agence TAP l'information réjouissante que le projet de création d'un port en eaux profondes à Bizerte permettrait la création de près de 38 000 postes d'emplois directs. Hélas, pour la région de Bizerte, le Conseil ministériel tenu le vendredi 22 novembre 2013 et présidé par le Chef du gouvernement, Ali Laarayedh, est venu ramener les Bizertins sur terre en mettant un terme à des espoirs caressés pourtant depuis des décennies, lorsque la chambre de commerce et d'industrie de Bizerte du nord-est a entrepris d'organiser sur le sujet une soirée débat le 16 août 2012 et d'engager une étude sur un tel projet. Pire, cette décision du conseil ministériel a renforcé un sentiment diffus chez les Bizertins que leur région continue encore à « être sciemment oubliée » par les différents gouvernements et les programmes de développement qu'ils établissent. Et quand bien même ces « idées » émanent des enfants et organismes de la région, l'on clame une certitude qu'on leur vole leurs idées pour les implanter dans des régions déterminées par les seuls intérêts régionalistes. La décision du Conseil ministériel de mettre en place une structure publique chargée du suivi de toutes les étapes du projet avec pour mission d'en accélérer la mise en œuvre en finalisant le volet juridique avec les services compétents a fini par convaincre les Bizertins du caractère irrévocable et inéluctable d'une telle résolution. Les Bizertins, ébranlés et brutalement ramenés à cette amère réalité par cette nouvelle et considérant leur région mieux habilitée pour un tel projet ont tout d'un coup décidé de « bouger et de faire quelque chose ». Quelques élus de la région à l'ANC et des représentants de la société civile se sont réunis pour discuter de la question et pour examiner en profondeur la décision du Conseil des ministres et des éventuelles incidences qu'elle est susceptible d'entraîner sur la région. A l'issue d'un « débat à bâtons rompus », il a été décidé que les élus de la région devront jouer le rôle qui leur est dévolu pour exercer une pression sur le ministère du Transport et pour convaincre les membres de l'ANC de refuser l'implantation du port en eaux profondes ailleurs qu'à Bizerte. L'on a également convenu d'effectuer, vendredi 29 novembre 2013, un sit-in de protestation devant le siège du gouvernorat contre cette décision jugée contestable, voire arbitraire.