Dans le cadre de la 25ème session des Journées de l'Entreprise tenue les 10 et 11 décembre courant, ayant pour thème « l'entreprise face à ses défis », M. Karim Ben Kahla, Universitaire, a affirmé dans un entretien que la gouvernance est un art, une science et des pratiques de rationalisation et de légitimation de l'exercice du pouvoir par les dirigeants de l'Entreprises. 1/ En parlant de la gouvernance, peut-on parler des symptômes ? Bien évidemment, il y a sept symptômes, ou même péchés de la gouvernance d'entreprise dont ont peut parler. Le premier est celui des coûts de transaction et des faibles interconnexions, tels le marché des biens et services, marché de l'information, marché des participations, marché des managers et le marché des techniques de gestion et d'audit. Le second est le péché des droits des actionnaires qui sont souvent méconnus et négligés, notamment par la faible séparation du contrôle et de la propriété, les peurs de s'associer et la domination des petits actionnaires par les grands actionnaires. Le troisième symptôme est sous forme des conseils d'administration souvent peu efficaces dont l'absence de statut de l'administrateur et la domination du conseil « club » plutôt qu'une instance de contrôle et d'orientation. Quant au quatrième, se sont les dirigeants qui sont souvent omnipotents et omniscients, soit un monarque ou « Roi soleil » qui éclaire, irradie et brûle et n'accepte ni contre-pouvoirs, ni indépendance, ni comptes à rendre… Un autre péché de la gouvernance dont on peut parler est celui des flous, ambiguïtés et problèmes de transparence comme le brouillard ou le brouillage et la rumeur sans information ou alors information sans communication. Le sixième symptôme consiste dans les parties liées souvent négligées suite à la domination des banques, du fisc et d'une vision restrictive et court-termiste des intérêts. Le septième et dernier péché est celui d'une transmission ou succession souvent mal préparée, à savoir la transmission réduite à la succession et la succession impensée (Ni prédécesseurs ni successeurs). 2/ Quels sont les défis de la gouvernance ? Il y a plusieurs défis de la gouvernance de l'entreprise. Le premier défi est de se donner les moyens et les pré-requis techniques de la gouvernance, tels un management et des procédures rationnelles et impersonnelles permettant d'organiser et de valoriser les richesses matérielles et immatérielles de l'entreprise (systèmes de reporting, de contrôle, d'évaluation, etc.), des structures, instruments et acteurs capables d'évaluer et d'orienter les actions et les décisions des dirigeants. Le deuxième défi est de rénover la culture de la gouvernance. C'est la culture de l'entreprise, de la stratégie et du contrôle. Pour y réaliser il faut passer d'une gouvernance personnalisée à une gouvernance institutionnalisée, sortir du piège du paternalisme et de la «dictature consultative» et éviter la confusion des patrimoines et des cycles de vie. Il faut, également, sortir de la prégnance de l'opportunisme qui réduit la stratégie à des réactions et comportements rentiers, du fatalisme qui nourrit une certaine passivité et biaise la prise de risques, sortir aussi du mimétisme qui paralyse l'innovation et conduit à des entreprises mal ou peu diversifiées. La rénovation de la culture de l'entreprise se fait, ainsi, par l'acte de promouvoir la méritocratie qui échappe au clientélisme et sortir des relations seigneuriales et féodales où l'allégeance remplace la compétence et par la valorisation et la défense de l'indépendance. Un autre défi qui consiste dans la production de la confiance, en se rendre compte que la gouvernance n'est pas une fin en soi, elle a un coût que la confiance permet de minimiser, que trop de gouvernance tue la gouvernance, l'importance des interactions entre la forme et le fond, le formel et l'informel, entre la gouvernance et la confiance. 3/ Comment peut- on déduire la dialectique de la gouvernance et la confiance ? C'est un projet d'entreprise et de société. La confiance est une construction sociale inscrite dans une histoire longue, des responsabilités du dirigeant qui est demandé à penser à la dialectique de la confiance et de la gouvernance et qui doit être crédible afin de dépasser les peurs, les crispations, la méfiance et la défiance et produire une société et une entreprise de la confiance. En effet, ce dirigeant doit, de même, promouvoir une éthique et un éthos de la «Bonne Gouvernance ».