De notre envoyé spécial à Abidjan, Jawhar CHATTY Un revers pour la diplomatie tunisienne ? N'exagérons rien. Cela l'aurait effectivement été si la diplomatie tunisienne avait massivement et franchement déployé très tôt tous les efforts pour défendre la candidature tunisienne à la présidence de la BAD. Or, il n'en est, pour ainsi dire, rien... Le candidat tunisien, Jaloul Ayed, a été éliminé de la course de la présidence de la Banque africaine de développement (BAD). Pourtant, alors qu'hier dans la matinée, le processus d'élection du nouveau président de la BAD venait de débuter au Palais des Congrès à Abidjan, son « équipe » se montrait confiante. Déni de la réalité face à la grande complexité du paysage africain ou optimisme exagéré ? Peut-être les deux à la fois : Jalloul Ayed semble avoir fait, la veille au grand oral, une bonne impression sur les gouverneurs de la BAD...mais cela n'a manifestement pas suffi... L'Algérie et la Libye n'auraient pas accordé leurs voix au candidat de la Tunisie. D'autres ont suivi. Un revers pour la diplomatie tunisienne ? N'exagérons rien. Cela l'aurait effectivement été si la diplomatie tunisienne avait massivement et franchement déployé très tôt tous les efforts pour défendre la candidature tunisienne à la présidence de la BAD. Or, il n'en est, pour ainsi dire, rien. Le candidat tunisien a dès le début été mollement soutenu, faisant les frais du cafouillage qui, sous la Troïka, prévalait entre Carthage et le ministère des Affaires étrangères. Quand, plus tard, les choses se sont un peu plus stabilisées à la suite des dernières élections législatives et présidentielle et que la diplomatie tunisienne a commencé à ne plus parler que d'une seule voix, la voix de la présidence de la République, il était devenu un peu trop tard et las pour engager un significatif mouvement de lobbying dans une bataille, l'élection du président de la BAD, éminemment politique, géostratégique pour beaucoup de pays africains et les pays dits non régionaux. Et puis, pour la Tunisie, il y a d'autres fronts de bataille autrement plus stratégiques qui nécessitent que l'on ménage ces voisins africains... La BAD restera un des plus gros bailleurs de fonds de la Tunisie, indépendamment de la nationalité de son 9e président. Le retour de la BAD à Abidjan était inéluctable. Onze ans de délocalisation temporaire à Tunis ont sans doute contribué à renforcer chez le personnel de la banque leur sympathie et les liens avec notre pays. Et c'est important dans la perspective de la promesse faite à la Tunisie de faire de Tunis le bureau régional de la BAD. D'autant plus que le Maroc va, selon toute vraisemblance, abriter le siège d'Africa 50, fonds de la BAD destiné à mobiliser les ressources financières publiques et privées en faveur des projets d'infrastructure.