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«Mon seul lobbying est celui de la qualité et de la compétence»
L'ENTRETIEN DU LUNDI - Fethi kharrat, nouveau directeur DU CNCI
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 06 - 2015

Fethi kharrat vient d'être nommé à la tête du Cnci (Centre national du cinéma et de l'image) dont l'un des objectifs est l'élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques dans les domaines du cinéma et de l'image animée et le développement de l'industrie cinématographique. Il nous a accordé cet entretien.
Selon le décret fondateur du Cnci, cette structure englobe tout ce qui est relatif au cinéma et à l'image. Sera-t-il capable de relever ce défi ?
C'est vrai que le législateur n'a épargné aucun détail concernant le cinéma qui ne soit dans les prérogatives de ce centre. Vu sous cet angle, il s'agit d'une immense responsabilité, d'autant plus que ce centre est la concrétisation des rêves de tous les professionnels depuis la fermeture de la Satpec au milieu des années 80. effectivement, il s'agit d'un grand défi.
D'accord, mais est-ce un défi réalisable réellement, vu la situation inextricable du secteur ?
C'est tout à fait réalisable si certaines conditions sont réunies, à savoir : l'accord de tous les professionnels autour d'un projet clair dont l'objectif est le développement de tous les secteurs cinématographiques, y compris la production, la distribution et l'exploitation.Car il faut reconnaître que jusque-là tout l'intérêt était centré sur la production alors que l'exploitation est un secteur très sensible, capable de véhiculer le travail du créateur au public et créer une dynamique certaine. Il faut aussi rappeler que le public a déserté les salles dont le nombre s'est rétréci pour atteindre les 25 salles à travers toute la république. Il s'agit de trouver des solutions pour encourager les investisseurs à construire des multiplexes en leur octroyant des terres au millime symbolique, comme c'est le cas pour les foyers universitaires. D'un autre côté, il s'agit d'éduquer le public dès son jeune âge à la culture de l'image. une culture de l'image qui, à mon sens, devrait être inscrite dans les manuels scolaires comme c'est le cas de plusieurs pays.
Cela dit, le secteur de la production manque toujours d'imagination pour trouver de nouvelles sources de financement pour le film tunisien...
Jusque-là le principal pourvoyeur de financement était l'Etat, mais les moyens sont devenus limités pour des raisons intérieures : la télévision ne participe plus à la production cinématographique depuis que l'Anpa n'existe plus. Ce qui fait que le distributeur est devenu incapable de donner une avance au producteur parce qu'il ne rentrera pas dans ses frais à cause du public qui délaisse de plus en plus les salles de cinéma, qui de toutes les façons se rétrécissent comme peau de chagrin. Il faut reconnaître qu'on n'est plus dans la logique du succès commercial comme c'était le cas dans les années 80 et 90 avec «l'homme de cendres», «halfaouine», «le silence des palais» et «Essaïda». A cela s'ajoute le fait que l'Europe qui subventionnait ce qu'on appelait les cinémas du Sud s'est tournée vers les pays anciennement communistes.
Il s'agit donc de trouver d'autres sources de financement comme dans d'autres pays qui ont instauré une législation qui profite au cinéma en taxant tout exploitant de l'image et des supports qui diffusent l'image. En collaboration avec les professionnels, le Cnci trouvera des solutions pour faire du financement des films une affaire commune entre le ministère de la culture et d'autres intervenants.
Y aura-t-il une révision des textes pour que le Cnci soit en phase avec les profonds changements dans le paysage audiovisuel de ces dernières années ? Le producteur privé n'existe pratiquement pas dans ces textes...
C'est vrai que la plupart des textes datent des années 60 et 80 du siècle passé. A l'époque, le cinéma se faisait à la Satpec. Les producteurs privés étaient très rares car les Tunisiens consommaient des films directement importés de l'étranger. Les revenus de ces films se partageaient seulement entre le distributeur et l'exploitant de la salle de cinéma. Il n'y a pas de texte qui prévoit une part pour le producteur. Or aujourd'hui nous avons un nombre important de producteurs. Et d'ailleurs il faut rationaliser cette question. A mon avis, il y a une sorte d'étalage anarchique dans le métier de producteur et c'est pour cela que le secteur vit une sorte de paradoxe. Vous verrez par exemple que le nombre de sociétés de production est d'environ 600 mais le nombre de longs métrages produits ne dépasse pas les huit ou dix. C'est une question qui gagnerait à être discutée, à mon sens.
Après la révolution, le nombre d'associations dans le secteur a augmenté et il nous semble qu'elles ont aussi le droit de participer à la dynamique de ce centre.
Effectivement, mais il faut revoir seulement les textes et ça sera l'une des priorités du Cnci avec la participation des professionnels du métier et des différents intervenants. Le centre sera de toutes les façons ouvert à toutes les composantes du paysage cinématographique. Cela dit, rares sont ceux qui appartiennent au secteur... je dis cela parce que le ministère de la culture a lancé un communiqué demandant aux associations de nous fournir le nombre de leurs adhérents et nous n'avons pas eu de réponse parce que la plupart de ces structures n'ont pas une base importante. D'ailleurs, je défie toute association ou structure dans le secteur qui prouve que le nombre de ses adhérents dépasse la vingtaine au titre de l'année 2015, mis à part la Ftca et la Ftcc. Mais même avec cela, le centre sera à l'écoute de toute proposition constructive qui ne soit pas en contradiction avec la constitution tunisienne et les textes qui régissent le secteur.
Le rapport du collectif de cinéma (fait par les jeunes cinéastes) déposé en 2012 au bureau d'ordre du ministère, qui propose des idées de financement, sera-t-il pris en considération par le centre ?
Le rapport est plein d'idées constructives et on peut l'adopter s'il obtient le consentement de toutes les parties prenantes. Du reste, toutes les idées sont discutables sans préjugé aucun. L'élément décisif est que ces propositions servent le cinéma tunisien et qu'elles fassent l'objet d'un accord commun du paysage audiovisuel.
Que pouvez-vous promettre aux jeunes cinéastes qui éprouvent, depuis la nomination de M. Adnène Khedher, du mécontentement?
Les jeunes aussi bien que les anciens ont voix au chapitre. Le seul critère est celui de l'expression cinématographique. L'authenticité est un grand critère, mais il faut aussi apporter le plus. On ne peut pas promouvoir un projet parce qu'il appartient à un jeune cinéaste, ce n'est pas un critère, il faut que le projet soit porteur d'innovation et de cohérence et qu'il contienne des éléments qui le rendent réalisable.
Les techniciens de cinéma sont sollicités à l'étranger, mais ils n'ont pas trop de chance avec les productions subventionnées par l'Etat. Quelle est la solution d'après vous ?
Effectivement nous avons de grandes compétences et les césars de Timbuktu le prouvent. A part les coproductions étrangères où l'administration est obligée par les textes d'accepter le travail des techniciens étrangers, la priorité est donnée aux techniciens tunisiens. Et là, j'ajouterai qu' à cause des conditions sécuritaires, le nombre de films étrangers tournés en Tunisie a diminué, ce qui a réduit les chances de travail pour nos techniciens, mais cette situation est provisoire. A mon avis, la Tunisie sera de nouveau une terre de tournage et une source de revenus pour nos techniciens. Les nouvelles sources de financement permettront aussi de produire 15 films par an au lieu de 8 ou 10.
Le centre prendra-t-il en charge le recyclage des techniciens de cinéma et leur mise à niveau ?
Parmi les compétences du centre il y a celle de la formation et il travaillera avec la collaboration des parties chargées de la formation pour trouver des programmes qui donnent le plus à nos techniciens.
Comptez-vous gérer le centre de la même manière que le service cinéma au ministère de la culture ? tout en sachant que les associations et le syndicat ont proposé un projet de fonctionnement du centre...
La gestion du Cnci n'est pas semblable à celle de la direction du cinéma au ministère. Le Cnci est indépendant sur le plan financier par exemple, ce qui le rendra beaucoup plus efficace dans le traitement des dossiers. Une subvention demande 40 jours pour être débloquée au ministère ; au Cnci, cela ne demande que quatre jours.
Votre nomination à la tête du Cnci n'a pas fait l'unanimité, surtout par la majorité des jeunes cinéastes tunisiens...
C'est toujours difficile de faire l'unanimité, pour ne pas dire impossible. Mais dans les grandes démocraties, il suffit d'avoir 51 pour cent pour posséder la légitimité. Sans prétention aucune, si on demande à un institut de statistiques de faire un sondage d'opinion, il y aurait plus de 50 pour cent de voix favorables à ma nomination. Plusieurs raisons sont avancées contre ma nomination mais elles n'ont aucun fondement tangible et palpable. Certains considèrent que je fais partie de la vieille garde et que j'ai travaillé sous l'ancien régime de Ben ali, comme si personne d'entre eux n'avait travaillé sous Ben Ali. Pour ceux qui disent que je n'encourage pas les jeunes, je réponds que la création n'est pas une question d'âge. La création n'est pas un rendement sportif pour que l'âge soit un obstacle. Au festival de Cannes 2014, Jean-Luc godard qui a plus de 80 ans a eu le prix du jury en ex æquo avec un réalisateur canadien qui a 25 ans. Pour moi, c'est un faux discours. Les vrais créateurs s'acharnent au travail. Mais celui qui ne possède pas quelque chose ne peut pas l'offrir ! C'est bien plus facile pour eux d'accuser l'administration de corruption... Mais ce ne sont que des accusations que la réalité et les chiffres infirment...
Il y a ceux qui considèrent que vous faites partie d'un certain lobbying....
Là aussi, ils n'ont aucune preuve de ce qu'ils avancent et la réalité comme les chiffres prouvent le contraire. La subvention pour le cinéma a profité à tous les producteurs dont les projets ont répondu à nos critères de sélection. D'autant plus que les comités étaient composés de sept membres et je n'avais qu'une seule voix. Non ! Mon seul lobbying est celui de la qualité et de la compétence. Je me suis opposé à la médiocrité et certaines personnes ne m'ont jamais pardonné cela.
Avec une équipe de nouvelles recrues et dans un secteur complexe plein de contrariétés et de mésententes, comment comptez-vous tenir le coup, vu que vous êtes vous-même sujet à controverse ?
Je suis habitué aux pressions... C'est même mon pain quotidien ! Plusieurs pseudo-réalisateurs et producteurs ainsi que des intrus ont essayé de ternir mon image, mais j'ai combattu tout cela par l'adhésion à mon travail. Un responsable averti doit être capable de gérer ce genre de situation et avoir une tête en acier. J'adore le proverbe français qui dit : «On ne peut pas être boulanger si on a la tête en beurre».
Votre message pour les professionnels du cinéma ?
Je leur dis que le passé est derrière eux et qu'il faut regarder vers l'avenir. A mon sens, l'avenir est dans le travail «autour» ou «au sein» du Cnci. Ce sont les professionnels qui ont voulu lancer ce centre depuis longtemps et ce sont eux qui ont fixé ses orientations et déterminé ses mécanismes pour qu'il soit une structure commune entre eux et l'administration. Le directeur de ce centre n'a pas d'autre choix que de s'ouvrir sur les composantes du paysage cinématographique et de travailler en son sein. Nous vivons une époque où personne ne peut imposer son opinion et sa volonté aux autres. C'est le moment aussi pour que les professionnels dépassent leurs divergences pour trouver des solutions aux problèmes qui paralysent le secteur. Il faut vraiment abandonner les vaines polémiques et là ils trouveront une oreille attentive de la part de l'autorité de tutelle. Je sais qu'il y a vraiment une volonté ferme chez les décideurs de redonner vie au cinéma tunisien à travers ce centre.


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