Les Tunisiens ne s'en cachent plus : derrière ce qui se passe, il y a un complot contre notre institution éducative ! La colère était à son comble devant les écoles primaires, hier, lundi, 8 juin. Les parents n'ont jamais été aussi nombreux devant les écoles. Ils ont tenu, particulièrement ce jour-là, à accompagner leurs enfants pour voir de visu l'évolution de la situation. Ils ont été déçus par le refus des enseignants d'assurer les examens prévus. Même les cours n'ont pas été effectués dans de nombreux établissements. Les parents ont préféré ramener leurs enfants à la maison. Les élèves, qui ont reçu des calendriers propres aux examens, sont revenus bredouilles chez eux, suite au boycott de la part du syndicat de l'enseignement de base. Les parents, groupés devant la majorité des écoles de bon matin, ont été obligés de constater, impuissants, le déroulement des faits. La situation est inédite. On ne se rappelle pas avoir vécu une affaire aussi compliquée et aussi contraignante et stressante que celle que connaît l'enseignement primaire. Aller jusqu'à la limite de l'impossible pour des revendications, dont chacun dit qu'elles peuvent être réglées sans prendre près d'un million d'élèves en otages, relève d'un manque flagrant de responsabilité. Tout responsable, quel qu'il soit, n'a pas le droit de s'en prendre à nos enfants. Et les lignes rouges, dont ils parlent, c'est aux parents de les délimiter. Il n'y a aucune ligne rouge autre que l'intérêt du pays et de nos enfants. Se jouer de l'avenir des générations futures n'est nullement à l'honneur de gens qui prétendent défendre des droits. Quand on voit où les choses sont arrivées, n'importe quel vrai responsable doit savoir s'arrêter et réfléchir. Détruire l'Ecole publique Ce qui se passe entre le Syndicat et le ministère n'intéresse le citoyen que dans la mesure où cela va dans le sens des intérêts de l'Ecole tunisienne et de l'élève. Quant au reste, il n'en a cure. Pour le moment, ce qu'il voit et entend va dans un seul sens : détruire l'Ecole publique. Tout ce qui se fait, actuellement, sous diverses couvertures est préjudiciable à l'institution et au système éducatif tunisien. C'est un véritable travail de sape à l'encontre de cet édifice pour lequel la Tunisie a consenti des sacrifices énormes tout au long des décennies passées. Aussi, tous les prétextes invoqués, aujourd'hui, ne peuvent que pousser au pire. Les «défenseurs» de ces revendications en spirale en savent quelque chose. Car ils seraient irresponsables s'ils disaient qu'ils ne le savaient pas. Il est, aussi, inconcevable d'accepter une double autorité ou une dictature venant d'une partie ou d'une autre. L'état actuel laisse penser qu'il s'agit d'une sorte de «putsch» ou de rapt du système éducatif. Les autorités officielles ont perdu le pouvoir qui a été ravi par un groupe qui dicte à la société tunisienne ses ordres. C'est exactement ainsi que les Tunisiens estiment ce qui se passe. Le travail de sape, dont on commence à parler, vise, carrément, les fondements de notre système. Les Tunisiens pensent, en effet, de plus en plus, à quitter le secteur public vers le privé. Leur but est d'assurer un meilleur avenir à leurs enfants. Ils jugent que les troubles fréquents connus par l'enseignement en général et, celui du primaire en particulier, auront de lourdes conséquences sur la formation de leurs enfants. Ils consentent donc à se diriger vers un enseignement payant et délaissent l'enseignement gratuit que ces syndicats prétendent défendre. Mais le Tunisien et l'opinion publique vont plus loin : pour qui ces gens, ces défenseurs des «droits», roulent-ils ? Cela est d'autant plus suspect que le moment est très mal choisi.