Il ne reste plus que de voir les redoutables drones US survoler notre espace aérien... Depuis l'émergence, au lendemain de la révolution, du terrorisme en Tunisie, les Etats-Unis ne se sont jamais intéressés à notre pays comme ils le font aujourd'hui. Pour les historiens, cet intérêt est même d'une ampleur sans précédent dans les vieilles relations bilatérales entre les deux pays. En effet, outre la visite officielle effectuée récemment... en grandes pompes à Washington par le président de la République, on a enregistré, rien qu'au mois de mai dernier, trois faits saillants, à savoir: — la tenue de la réunion de la commission militaire tuniso-américaine sous la présidence des ministres respectifs de la Défense, Farhat Horchani et Ashton Carter, — la visite de travail effectuée en Tunisie par le commandant de la 6e Flotte américaine, le vice-amiral James Foggo, — le choix de la Tunisie comme partenaire privilégié de l'Otan. Ballet diplomatique, mais aussi aides militaires US dont la plus fraîche remonte au 15 mai dernier, avec la livraison de 52 véhicules à roues multi-usage à haute mobilité (Hmmw) et d'un patrouilleur de 20 mètres (65 pieds) pour renforcer la sécurité maritime du pays. Ces livraisons ont été précédées depuis 2012, d'autres équipements sophistiqués destinés à l'amélioration des capacités de surveillance des frontières terrestres. Mais «l'offensive de charme» lancée par l'Oncle Sam ne devrait pas s'arrêter en si bon chemin, puisque les Américains ont, d'ores et déjà, donné leur garantie (500 millions de dollars) pour permettre à la Tunisie de contracter des prêts auprès des banques internationales, afin d'obtenir, entre autres acquisitions, des renforts en armes, l'objectif final étant de booster la lutte contre le terrorisme. Le dilemme têtu d'une... base militaire Il est certain que l'intérêt de plus en plus accru porté par les Etats-Unis à la Tunisie va au-delà des simples aides en dollars et en armes. C'est d'autant plus vrai que les Américains continuent, de nos jours, de souhaiter l'aménagement d'une base militaire sur le territoire tunisien. Ce vœu émis depuis 2013 bute toujours sur le niet des gouvernements successifs de Ali Laârayedh, Mehdi Jomâa et Habib Essid aux vétos motivés par la sacro-sainte «souveraineté nationale». Or, les Américains, loin d'être des imbéciles, persistent à croire, chiffres et preuves à l'appui, que nos frontières avec l'Algérie et surtout la Libye demeurent insuffisamment gardées, ce qui a permis la poursuite des incursions des terroristes et de la circulation des armes, à l'heure où Daech, fort de sa formidable percée libyenne, est devenu, potentiellement et stratégiquement, une menace des plus sérieuses pour tous les pays du Maghreb réunis. Alors, que feront les Yankees ? Eh bien, il a été établi que, à défaut d'une base militaire en bonne et due forme, ils useront de drônes, tout en mobilisant instructeurs militaires et services de renseignements dont la présence aurait été, d'ailleurs, constatée dans le Sud tunisien. Entre-temps, les Américains ne perdent pas de temps. En ce sens que leur fameuse 6e Flotte, flanquée de navires de guerre, d'avions bombardiers et de fusées Scud, continue de faire le gendarme de la région, en mouillant tout le long des frontières maritimes de la Tunisie et de la Libye. Soit...du pain sur la planche pour le nouvel ambassadeur US à Tunis, qui porte l'espoir de la Maison-Blanche. Lui qui a, dit-on, le verbe facile en arabe, après avoir fait ses preuves de diplomate aguerri dans plusieurs pays arabes (Irak, Syrie, Jordanie...). Fera-t-il mieux que son prédécesseur en matière de lutte contre le terrorisme ? That's the question.