Les mises en garde américaines contre les menaces terroristes en Afrique du Nord se poursuivent. Serait-ce le calme qui précède la tempête ? Alors que la question du terrorisme occupait une bonne partie du programme de la visite de Mehdi Jomâa aux Etats-Unis, le même volet était au centre des entretiens qu'a eus le secrétaire d'Etat américain, John Kerry successivement à Rabat et à Alger. Lors de ce ballet diplomatique, qui a été précédé d'une visite inopinée en Tunisie dans le même cadre, l'émissaire de M. Obama a, ici et là, déclenché la sonnette d'alarme, à coups de mises en garde contre les menaces terroristes de plus en plus sérieuses qui planent sur les pays de l'Afrique du Nord. Venant de la superpuissance mondiale qui, généralement, ne parle pas pour ne rien dire, ces cartons jaunes sont à prendre très au sérieux, parce qu'engendrés par moult facteurs palpables dont : – La collecte d'informations sûres faisant état de plans secrets échafaudées par la nébuleuse intégriste, en vue de l'établissement d'émirats islamiques dans la région. - La prolifération des armes — dont certaines sont considérées comme sophistiquées — en Tunisie, en Libye et, à un degré moindre, en Algérie, au Maroc et en Mauritanie. – La formidable concentration (des dizaines de milliers d'hommes, dit-on) des groupes jihadistes aux frontières entre l'Algérie, la Tunisie, la Libye et le Niger, cette région du Sahel étant devenue hors de contrôle. – La réconciliation scellée récemment entre plusieurs factions rivales, après la petite rébellion, jugée alors déstabilisatrice, du tristement célèbre terroriste Mokhtar Belmokthar, alias «Le Borgne». – La prospérité financière dont jouissent ces groupuscules dans la région, à la faveur des largesses de leurs «sponsors», d'une part, et des fabuleux gains engrangés par leur implacable mainmise sur les réseaux de contrebande, d'autre part. – «L'invincibilité» qui perdure, de dangereux jihadistes tels que Abdelmalek Droukdel, Mokhtar Belmokhtar, Abou Saïd, Abou Sofiène... qu'aucun pays de la région n'a pu arrêter, bien que c'est par eux que tout se dessine et tout se décide. – L'impossibilité de mettre sous l'éteignoir les milliers de sites terroristes inondant la Toile et qui constituent, par leur étonnante invulnérabilité, une de leurs principales forces de frappe. A tous ces facteurs, il faut ajouter la conviction des Américains quant aux extraordinaires capacités de résistance d'Al Qaïda telles que révélées par un rapport confidentiel élaboré en 2002 et éventé en 2012 par la CIA et qui affirmait que «cette organisation terroriste sera encore plus menaçante à l ‘orée de l'an 2020, en dépit de la disparition de son cerveau Oussama Ben Laden». Ce rapport fracassant, auquel la presse a fait allusion l'année dernière, est désormais un document de travail aux mains des Américains qui, dans leur croisade antiterroriste, tablent ainsi sur «une véritable guerre d'usure qui ne se gagnera pas de sitôt». Offensive US en vue Pour toutes ces raisons, la Maison-Blanche s'inquiète de plus en plus sur l'avenir d'une région où les intérêts US, tant politiques que commerciaux, ne sont plus à démontrer. Tout cela pour dire que les Etats-Unis ne se contenteront plus de mises en garde et de conseils. En effet, selon des médias américains qui ont pignon sur rue en matière de sécurité, «il n'est plus exclu de voir l'Administration Obama imposer une présence militaire plus musclée dans la régino et cela par l'envoi de nouveaux contingents de GI's et de drones pour conférer plus d'agressivité aux opérations de traque des terroristes jugées, jusque-là, peu ou pas efficaces». Toujours selon lesdits médias, cette nouvelle offensive US qu'on dit imminente, et que chapeautera le commandement militaire de l'Africom basé en Afrique, est rendu inévitable par le refus catégorique des pays du Maghreb d'accueillir des bases militaires américaines sur leurs territoires. Reste maintenant à savoir si l'Oncle Sam a pu ou pas obtenir le feu vert de ces pays d'autoriser ses fameux drones à «violer» leur espace aérien dans leur chasse aux terroristes. «Black-out à ce sujet, mais wait and see...