Une initiative ambitieuse visant à dépolluer la région de la Méditerranée, d'ici à 2020, a été présentée, le 10 avril à Bruxelles, par la Commission européenne et son bras financier, la Banque européenne d'investissement (BEI). Dénommée «Initiative horizon 2020», ce projet est déjà un avant-goût «des actions prioritaires et concrètes» qui seront entreprises dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée dont la constitution sera annoncée lors d'un sommet prévu pour le 13 juillet 2008 à Paris.
L'étude effectuée dans le cadre de cette initiative reconnaît l'impératif d'établir un programme pour aider les pays de la Méditerranée orientale et méridionale à réduire leurs rejets polluants en mer.
L'enjeu est de taille lorsqu'on sait que la dégradation de la Méditerranée menace la santé de 143 millions de personnes vivant le long des côtes, 175 millions de visiteurs, et porte atteinte au développement à long terme de secteurs économiques stratégiques comme la pêche et le tourisme.
Stavros Dimas, membre de la Commission chargée de l'environnement, a déclaré à ce propos : «Il est impératif que l'Union européenne travaille avec ses voisins méditerranéens à la sauvegarde de l'environnement de l'une des principales mers du globe. Nous devons tous coopérer pour mobiliser les ressources nécessaires à la préservation de la méditerranée''.
Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la Banque européenne d'investissement en charge de la FEMIP, a déclaré : 'Le programme d'investissement Point Chaud (MeHSIP) est un point de départ important pour un effort conjoint entre des institutions financières internationales et bilatérales dans la mise en uvre du volet dédié à la réduction de la pollution de l'initiative Horizon 2020. A cette fin, la FEMIP est prête à soutenir les pays partenaires méditerranéens dans les investissements financiers nécessaires''.
Pour mémoire, en novembre 2006, un calendrier a été fixé pour la mise en uvre de l'initiative Horizon 2020. L'une des actions proposées prévoit une collaboration entre la Banque européenne d'investissement ou la banque mondiale et des pays donateurs en vue de sélectionner les projets susceptibles d'avoir la plus grande incidence sur les niveaux de pollution en Méditerranée (pollution en aval et en amont).
Pour mieux comprendre le degré de dégradation de cette mer, il n'est pas besoin de rappeler que plus de la moitié des agglomérations urbaines méditerranéennes de plus de 100.000 habitants ne disposent pas de stations d'épuration de leurs eaux résiduaires, 60% d'entre elles déversant directement leurs eaux usées dans la mer. Plus de 80% des décharges des pays de la Méditerranée méridionale et orientale ne sont pas contrôlées.
Le milieu marin méditerranéen est particulièrement exposé au déversement de déchets agricoles, de particules en suspension dans l'air et d'eaux de ruissellement chargés d'agents pathogènes, de métaux lourds, de matières organiques polluantes, d'huiles et de substances radioactives.
Cette mer recèle l'un des milieux marins et côtiers les plus riches mais aussi l'un des plus vulnérables au monde du fait de son exposition à tout un ensemble de nuisances dont 80% sont d'origine terrestre, voire anthropique.
Le risque est énorme lorsqu'on sait que plus de 575 millions de personnes dont 143 millions résidents dans les zones côtières et 175 millions de visiteurs se baignent dans cette mer. C'est pour dire que le bien-être de ces populations dépend de la qualité de l'environnement de la Méditerranée.
L'urbanisation rapide combinée au développement progressif d'une forme de tourisme non durable le long des côtes méditerranéennes se sont traduits par de graves problèmes environnementaux et sanitaires.
La pollution induite par les activités industrielles, le transport maritime et les activités domestiques, la disparition d'espaces vierges et la destruction des écosystèmes côtiers par des projets immobiliers ont aussi contribué à cette dégradation.
En ce qui concerne la Tunisie, le littoral tunisien a bénéficié de deux financements fournis par le biais de la Facilité Euro-Méditerranéenne d'Investissement et de Partenariat (FEMIP), qui regroupe l'ensemble des instruments d'intervention de la BEI en faveur du développement économique des pays partenaires méditerranéens.
La BEI va prêter un montant de 34 millions d'euros (environ 52 millions de dinars) à l'appui d'un nouveau projet d'investissement destiné à assainir le site de Taparura, à Sfax, en Tunisie. La zone côtière de la ville de Sfax souffre, depuis des années, d'un grave problème de pollution résultant de l'intense activité industrielle de cette région.
Le bras financier de la Commission européenne va accorder également au Groupe Chimique de Tunisie (CGT) un crédit à taux bonifié de 45 millions d'euros pour dépolluer le golfe de Gabès. Ce projet concerne l'évacuation et la mise en terril contrôlé des déchets du phosphogypse produit par les usines du Groupe.