Par Mahmoud HOSNI RAMADAN, le mois du jeûne et de la piété, est parmi nous. Il fallait voir la veille et le premier jour du jeûne : une bousculade à n'en plus finir, une effervescence de fin du monde dans les marchés et une frénésie d'achat... On se croirait à la veille d'un cataclysme. Normal, diriez-vous, dès lors que les Tunisiens ont les yeux plus gros que le ventre. Pourtant, l'Etat providence, en véritable papa-poule, n'avait pas cessé de lancer des assurances, à coups de communiqués et de conférences de presse, quant à la disponibilité des produits. Des stocks régulateurs sont disponibles : montagnes d'œufs, de lait...bref de tout ce dont a besoin le citoyen en ce mois de jeûne...et d'abstinence ! L'Etat recourra même à l'importation de la viande rouge pour comprimer les prix. Donc, il y en aura de tout, à satiété pour consommer à gogo, voire pour s'empiffrer. Pas un œuf, pas un grain de notre production nationale ne sera exporté. Tant pis pour le déficit de toutes nos balances ! L'Etat est là pour subvenir à tous nos besoins, quitte à s'endetter et à recourir au crédit. Mais à côté des nourritures terrestres, l'Etat pense aussi aux nourritures spirituelles du citoyen. A travers le financement et la subvention de certains festivals, il donne ainsi la joie, la joie de vivre quoi ! Ultime cadeau de la croissance évanouie. Mais, paradoxalement, l'INC (Institut national de la consommation) lançait un appel désespéré aux citoyens: N'en jetez plus ! C'est que 30% des mets préparés pendant le mois de Ramadan sont balancés quotidiennement dans les poubelles. Sans parler du gâchis du pain, une véritable honte et un véritable déni de citoyenneté. Et splash ! Une giclée sur le visage de l'Etat. Une juste réaction d'un enfant trop gâté, jusqu'à en être gâteux. Disons tout simplement que l'Etat, plus de 50 ans durant, est à la recherche de son véritable rôle. Etat providence, Etat dictateur ou Etat démocratique ? Le chemin est encore long pour faire la différence entre l'Etat de droit, l'Etat qui cache ses faiblesses par des prodigalités malvenues et l'Etat qui s'assume réellement.