La réussite de l'opération sécuritaire menée à jebel Ourbata et qui s'est soldée par la mort de 5 terroristes et la saisie d'armes est considérée par les spécialistes comme le premier fruit de l'état d'urgence Il semble que la nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme consistant à attaquer les terroristes là où ils se cachent et à ne plus attendre qu'ils agissent sur le terrain pour les poursuivre commence à produire ses premiers effets. Hier, cinq terroristes ont été tués lors d'une opération sécuritaire (qui se poursuivait encore lors de la rédaction du présent article vers 19 heures) menée à jebel Ourbata à El Guettar, délégation relevant du gouvernorat de Gafsa, et qui a, annonce le ministère de l'Intérieur, pris fin dans la soirée. Selon les informations révélées par le ministère de l'Intérieur, ont été saisis quatre fusils kalachnikovs, un fusil Steyer, deux grenades et un pistolet, en plus d'un ensemble de munitions, des téléphones mobiles, des documents et de grosses sommes d'argent. Le ministère précise aussi : «Le groupe terroriste a été surveillé pendant des heures avant que l'assaut ne soit donné». La première remarque qu'observe le Dr Aleya Allani, spécialiste des jihadistes, contacté par La Presse pour davantage de clarifications, est que «l'assaut donné contre le groupe terroriste s'inscrit dans la nouvelle stratégie d'action mise en place après l'instauration de l'état d'urgence consistant à mener des descentes à l'encontre des terroristes sur la base des informations recueillies auprès des citoyens qui commencent à réagir positivement aux appels des autorités et à leur délivrer toutes les informations qu'ils ont à leur disposition même si elles leur paraissent insignifiantes. Déjà, les descentes policières opérées depuis l'attentat commis à Sousse ont permis l'arrestation de quelque 123 individus ayant un rapport quelconque avec le terrorisme. Il faut reconnaître aussi que les renseignements commencent à s'organiser comme ils doivent fonctionner en période de guerre totale contre le terrorisme sous toutes ses formes». Le Pr Allani précise encore : «Nous avons toujours demandé à ce que le citoyen soit impliqué effectivement dans l'effort national de dévoilement des plans terroristes, plus particulièrement dans les régions montagneuses où se cachent les groupes jihadistes. Aujourd'hui, avec les informations livrées aux forces de sécurité sur la présence d'un groupe terroriste à jebel Ourbata, l'on peut affirmer qu'on est sur la bonne voie, pourvu que cette mobilisation citoyenne se poursuive». A la question de savoir comment réagit-il à la décision du gouvernement britannique d'appeler ses ressortissants à éviter de voyager en Tunisie, sauf en cas de force majeure, le Pr Allani indique: «Il est normal que Londres cherche à protéger ses citoyens au maximum sauf que le gouvernement britannique oublie que le danger terroriste ne plane pas uniquement sur la Tunisie mais sur l'ensemble de la région maghrébine. Il est clair aussi que ce même gouvernement a peur de la colère des citoyens britanniques qui n'ont pas digéré que le plus grand nombre parmi les victimes tombées à Sousse soient britanniques. Quant à ceux qui disent que la décision britannique est la réponse à Habib Essid qui a déclaré que la Tunisie ne livrera jamais les prévenus pour être jugés en Grande-Bretagne, il faudrait qu'ils sachent qu'il n'existe pas de convention d'extradition de criminels entre Londres et Tunis. Et dans le cas actuel, il faut avoir le courage de l'affirmer: c'est bien la Grande-Bretagne qui refuse une telle convention puisqu'elle accueille sur son sol pratiquement les chefs terroristes les plus dangereux et elle n'est pas prête à les extrader vers la Tunisie ou un autre pays».