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L'étendard noir
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 07 - 2015


Par Dr M.A.BOUHADIBA
L'étendard noir jihadiste flotte aujourd'hui sur tous les pays arabes, mais... pourquoi est-il noir? La plupart pensent qu'il représente la bannière du Prophète (Saaws), qui était en effet de cette couleur. Celle-ci s'appelait l'aigle et avait été façonnée à l'aide d'une écharpe de son épouse Aïcha.
Or, la bannière du Prophète n'avait pas la chahada inscrite en blanc sur fond noir. En fait, l'étendard qu'on voit partout aujourd'hui provient de l'étendard pashtoun de l'empire Hokapi du 18e siècle. Les talibans l'utilisèrent lors de la guerre contre l'Union Soviétique, Al Qaïda l'avait repris en 1990 puis les mouvements jihadistes l'adoptèrent à partir de l'an 2000.
Il a aussi une deuxième signification : dans l'eschatologie islamique (étude de la fin du monde), l'étendard noir annonce la fin du monde et l'apparition de troupes de guerriers redoutables, portant tous des noms d'emprunt, annonciateurs de la venue du Mahdi. Se basant sur ces textes, les jihadistes aujourd'hui abandonnent tous leurs noms au profit de noms d'emprunt géographiques comme Al Baghdadi, Al Liby, Al Tounsi, Al Golani, etc.
Nous sommes donc à la veille d'une bataille cosmique qui vaincra les forces du mal afin de faire naître un monde de pureté et de justice.
Mais là non plus le scénario n'est pas respecté, car avec l'étendard noir, signe du jugement dernier, doit toujours, selon les textes, apparaître l'étendard jaune d'un représentant du mal appelé Sifyani.
En attendant donc la volonté divine, l'étendard noir devient le symbole d'une bande d'illuminés décidés à détruire l'Irak et la Syrie.
Tout a commencé à la chute de Saddam Hussein lorsque l'armée américaine commit l'erreur de dissoudre l'armée irakienne. Les officiers irakiens passèrent alors dans la clandestinité et, avec l'aide de jihadistes venus d'Afghanistan, organisèrent la résistance armée. De nombreux groupes se formèrent, mais l'un en particulier fera parler de lui. Fondé par un officier de Saddam appelé Haji Thameur Al Rishawi, celui-ci s'associa au jihadiste jordanien Abu Moussaâb Zarkaoui pour créer le groupe Tawhid et Jihad qui plus tard deviendra... Daech.
Ils attaquèrent les Américains mais aussi les chiites. Pourchassé par les Américains, Zarkaoui dut se réfugier en Afghanistan où il rencontra Ben Laden. Il lui prêta allégeance et Ben Laden lui demanda d'être son représentant en Irak. Il retourna donc à Bagdad, auréolé de ce nouveau prestige qui attira dans ses rangs de nombreux jihadistes.
Quelques mois plus tard, en 2006, Zarkaoui est tué par une bombe américaine. Une rumeur circula disant qu'Al-Qaïda aurait donné la localisation de sa cache aux Américains pour se débarrasser de lui. En effet, un différend l'opposait alors à Al-Qaïda. Zarkaoui voulait déclarer le 6e califat tandis que Ben Laden s'y refusait.
Après sa mort, Zarkaoui est remplacé par Abu Jaâfar Al Muhajer, un Egyptien ami d'Aymen Dhawahiri, puis par un officier irakien, Abu Omar Al Baghdadi. Avec Baghdadi, la violence ne connut plus de limites, l'armée américaine perdit pied et les troupes furent démoralisées.
Pour se protéger, le général Petraeus dut se résoudre à faire appel aux farouches tribus irakiennes (Anza, Chammar et d'autres) pour contenir les troupes jihadistes. Petraeus paya 200 millions de dollars aux tribus qui, effectivement, firent reculer l'Etat islamique.
Abu Omar est à son tour tué par l'armée américaine et fut remplacé par Abu Baker Al Baghdadi, l'actuel chef de Daech, de son vrai nom Ibrahim Awad Ibrahim Bouhachi Ben Amrouch, un imam de mosquée. Commença alors un épisode de brutalité et d'horreur jamais encore atteintes dans le monde : les hôpitaux, les écoles, les marchés, rien n'a été épargné. Ces excès poussent finalement Al-Qaïda, qui désapprouvait cette brutalité excessive, à rompre toute relation avec lui. Pour prendre de vitesse Al-Qaïda, avant l'annonce de la rupture, il s'autoproclame calife le 19 juin 2014 et demande aux jihadistes de tous les pays arabes de le reconnaître et de lui prêter allégeance. Tous refusèrent sauf deux pays : la Tunisie et la Libye, rapporte le chercheur Mansour Abdel Hakim.
Lorsque commença la révolution syrienne le 15 mars 2011, Abu Baker Al Baghdadi interdit à ses hommes d'y participer de peur d'affaiblir ses positions, il alla même jusqu'à menacer de mort quiconque tenterait de traverser la frontière syrienne. Pour occuper le champ syrien, il engagea un officier syrien du nom d'Abu Mohamed Al Golani et lui demanda de recruter des jihadistes étrangers en Tunisie, en Libye et au Yémen, pour former une branche armée baptisée Jabhat Al Nosra. Le succès dépassa les espérances car les jihadistes affluaient par milliers à tel point que, craignant d'être marginalisé, Al Baghdadi exigea de Nosra une allégeance publique. Nosra refusa catégoriquement.
Une guerre fratricide impitoyable commença alors entre les deux organisations, sur fond de takfir dont ils s'accusaient mutuellement. Aujourd'hui, la Syrie est en proie à des dizaines de groupes jihadistes qui se combattent les uns les autres autant qu'ils combattent le régime d'Al-Assad.
L'Etat islamique, qui continue de se renforcer, doit son succès à son commandement qui réunit, d'après un rapport américain, 13 officiers supérieurs de Saddam, on parle même du numéro deux de Saddam — Ezzet Ibrahim Douri — qui y aurait participé. De plus, Baghdadi dit-on est très méfiant, il n'apparaît pratiquement jamais et ne fait confiance qu'aux Irakiens : aucun étranger n'est admis dans son état-major.
L'Amérique d'autre part joue un jeu trouble avec l'ennemi d'hier. Tony Carlucci, dans son article sur le réseau international, décrit avec moult détails comment la CIA transféra des armes de Libye vers la Syrie, opération qui aurait mal tourné et qui coûta la vie, à Benghazi, à l'ambassadeur des Etats-Unis. D'autre part, les bombardements américains sont sélectifs et ne semblent guère donner de résultats. Beaucoup pensent que l'Amérique a pactisé avec le diable, oubliant qu'à trop jouer avec le feu, on finit toujours par se brûler.


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