• Les politiques non viables dans certains pays de l'UE ont causé le retard pris dans l'assainissement du système financier européen, souligne le FMI. Selon le bulletin de santé économique publié récemment par le FMI, l'économie de la zone euro a été secouée par les inquiétudes liées à l'endettement de certains pays membres alors qu'elle s'apprêtait à se remettre sur pied au lendemain de la crise mondiale. Il est, en effet, clair que cette tourmente a assombri les perspectives d'une forte reprise tant au niveau européen que mondial. Les prévisions du FMI tablent aujourd'hui sur une croissance moyenne de tout juste 1% pour 2010, puis de 1,25 % pour 2011. Les mesures énergiques prises par les membres de l'Union européenne pour mettre en place un mécanisme européen de stabilisation, destiné à aider les pays en difficultés, ont permis de calmer le jeu, de même que les plans d'austérité annoncés par un certain nombre de pays, notamment la Grèce, l'Irlande, l'Espagne et le Portugal. C'est là une évolution positive. Mais pour parvenir à une reprise soutenue, le FMI explique qu'il sera essentiel de prendre des mesures concertées pour rééquilibrer les finances publiques de l'ensemble de la zone euro, et de suivre ensemble une stratégie destinée à relancer la croissance et créer des emplois. La reprise de la croissance est non seulement importante en soi, mais elle est indispensable pour dissiper tous les doutes sur la dette publique. Faut-il rappeler que le bon fonctionnement du système financier sera fondamental pour consolider la reprise, qui, pour le moment, est modérée et inégale au sein de la zone euro ? D'ailleurs, le bulletin souligne les craintes persistantes à l'égard des finances publiques qui risquent de porter atteinte au système financier. Les problèmes du système financier vont à leur tour menacer l'économie réelle, car ils compliquent particulièrement la vie des PME, celles qui dépendent d'un système bancaire solide pour pouvoir continuer à créer des emplois et assurer l'essentiel de la fourniture de biens et de services aux ménages. Relancer la croissance Les craintes de voir les déficits se creuser et les dettes augmenter sont au cœur de la crise de confiance qui frappe aujourd'hui la zone euro, relève le FMI dans son bulletin. Pourtant, la politique budgétaire a elle aussi joué un rôle essentiel pour éviter que la situation n'empire et pour soutenir la relance. Pour concilier ces exigences, la zone euro a adopté, à juste titre, une position budgétaire globalement neutre en 2010, avec un rééquilibrage qui devrait commencer en 2011. Quelques grands pays, comme l'Allemagne en particulier, maintiennent leur politique de relance, ce qui compense le resserrement opéré par les pays qui n'ont d'autre choix que d'entreprendre un ajustement budgétaire immédiat, étant donné les tensions sur le marché. Mais la viabilité à moyen terme doit être assurée dans tous les pays. L'Allemagne et un petit nombre d'autres pays ont montré la voie en définissant des programmes particuliers de rééquilibrage progressif et soutenu. Les autres pays devront leur emboîter le pas pour dissiper les craintes d'une fuite en avant de la dette publique. Pour réduire leurs déficits, les pays doivent s'assurer que les mesures qu'ils prennent, de par leur nature et leur qualité, sont les plus favorables possibles à la demande. A partir de là, la solution à adopter consiste à réduire les dépenses de façon sélective plutôt que systématique. Une autre solution utile consiste à remédier aux distorsions de la fiscalité, en élargissant notamment l'assiette de l'impôt ou en modifiant sa structure. Les administrateurs du FMI, lors de leur discussion, ont insisté sur la nécessité de résoudre un problème persistant, celui de la faiblesse de la croissance. Une croissance forte est non seulement importante en soi, mais elle est essentielle pour écarter les craintes liées à la dette publique. Les priorités sont bien connues : elles sont spécifiques à chaque pays et bien énoncées dans les stratégies du traité de Lisbonne et de l'UE 2020. Il n'est pas nécessaire de mettre en place un nouveau processus au long cours, mais les mesures doivent être immédiates et ne doivent pas se limiter aux pays confrontés à des déséquilibres excessifs, souligne le bulletin. Une gouvernance à adapter L'heure est venue de renforcer la gouvernance économique de la zone euro. Il s'agit, selon les économistes d'une nécessité. Car la crise a démontré que les politiques adoptées manquaient de discipline pour permettre à l'Union monétaire européenne de fonctionner efficacement. De là est né un débat sur la façon de combler les lacunes de la gouvernance économique au sein de la zone euro. Il est essentiel que les propositions actuellement envisagées, et qui ont déjà été évoquées dans les colonnes de notre journal, entraînent des changements de grande envergure dans les structures existantes. Le bulletin rappelle que la zone euro a été confrontée ces derniers mois à de dures épreuves. La tourmente actuelle s'explique par des politiques non viables dans certains pays, par le retard pris dans l'assainissement du système financier, et par l'absence de progrès pour corriger les faiblesses de la gouvernance économique, mises en évidence par la crise mondiale. Des mesures sont actuellement en cours de mise en place dans tous ces domaines et si cette dynamique se maintient, elle devrait permettre à la reprise de gagner solidement du terrain.