La direction générale de l'enfance s'engage dans la réhabilitation des jardins d'enfants municipaux. L'encadrement et l'accompagnement de la prime enfance font l'objet, depuis un an, d'un chantier à la fois juridique, institutionnel et de gouvernance. Un travail qui urge, surtout que le système ne cesse, au fil des ans, de décevoir et les cadres de l'enfance et les parents en raison de ses multiples et complexes défaillances. Les responsables relevant du ministère de la Femme et de la Famille ainsi que leurs homologues représentant d'autres parties concernées retroussent leurs manches afin de reprendre les choses en main et de garantir, désormais, aux jeunes générations des prestations appropriées et de qualité. Le chantier est pluridimensionnel dans la mesure où il comporte un volet stratégique à moyen et à long termes, un volet pratique à court et à moyen termes et un volet juridique qui permettrait de mettre le domaine de la prime enfance sur les rails. Vers une stratégie fondée sur les recommandations de la Banque mondiale et de l'Unicef Suite au conseil ministériel en date du 14 septembre 2014, le ministère de la Femme et de la Famille a décroché l'aval de procéder à l'élaboration d'une stratégie nationale de promotion de la prime enfance. L'objectif étant de faire de l'enfant l'épine dorsale du développement dans lequel l'Etat devrait investir. La première étape de l'élaboration de la stratégie vient d'être réalisée : il s'agit de l'étude de diagnostic de la situation de la prime enfance en Tunisie. Cette étude a été menée en collaboration avec l'Unicef et la Banque mondiale. Elle obéit au mécanisme (SABER), à savoir Search approche for better education results. «Il s'agit de deux questionnaires à remplir minutieusement. Le premier porte sur l'aspect qualitatif du système de prime enfance, notamment sur les mécanismes, les moyens disponibles, la plateforme juridique, le contenu éducatif, destinés à la prime enfance, etc. Le deuxième porte sur l'aspect quantitatif du système, soit le système en chiffres», indique M. Lotfi Belaazi, directeur de l'animation socio-éducative et des loisirs à la direction générale de l'enfance. Le remplissage des deux questionnaires a été confié à un expert recommandé par l'Unicef qui a pris soin de répondre aux questions en se référant aux données fournies par les parties membres du comité de pilotage, à savoir le ministère de la Femme et de la Famille, le ministère de la Santé, le ministère des Affaires sociales et le ministère des Affaires religieuses. «Nous avons remis l'étude à la Banque mondiale qui ne tardera pas, je pense, à nous adresser un rapport d'analyse détaillé sur la situation de la prime enfance en Tunisie et une évaluation du système destiné à cette catégorie. La révision dudit système et l'élaboration de la nouvelle stratégie seront axées sur les éventuelles recommandations», renchérit M. Belaazi. Parallèlement, des efforts se conjuguent pour redonner un nouveau souffle aux jardins d'enfants municipaux, considérés jadis comme des institutions de référence. Aussi, la direction générale de l'enfance entame-t-elle la réhabilitation de ces établissements. «C'est une première pour le ministère de la Femme et de la Famille. La gestion des jardins d'enfants n'a jamais été de son aval. Le projet de rénovation concerne, pour l'instant, douze établissements dont deux sont quasi prêts pour la rentrée, soit le jardin d'enfants municipal de Tazarka et celui de Hammamet», ajoute le responsable. Nouvelle version du cahier des charges Toujours dans cette optique de relancer la mode des jardins d'enfants étatiques, la direction consacrera une classe relevant de chaque club pour enfants pour l'accompagnement de prime enfance. Et d'ici fin septembre, une dizaine de classes seraient opérationnelles. S'agissant du volet juridique et réglementaire, il consiste en la révision du cahier des charges relatif aux jardins d'enfants ainsi que l'élaboration de la loi de l'enfance. La nouvelle version du cahier des charges vient d'être transférée au Conseil de la concurrence pour avis. Elle a été créée selon une approche participative, impliquant toutes les parties concernées, dont le cadre pédagogique, celui éducatif, psychologique, social, etc. «Nous avons tenu, cette fois-ci, à opter pour une formulation exacte, qui ne ferait aucunement l'objet de litiges. Le cahier des charges est focalisé plus que jamais sur la notion des droits de l'enfant, mais aussi sur le contrat de confiance et de complémentarité entre le cadre d'accompagnement de l'enfance et les parents. Nous avons, en outre, insisté sur des aspects techniques bien définis, dont les caractéristiques de l'espace pour enfants, le cadre animateur, etc», renchérit M. Belaazi. Et d'ajouter que le ministère s'engage, aussi, dans l'élaboration de la loi de l'enfance ; un texte juridique tant attendu. Ce texte servira l'intérêt de l'enfant contre tout laisser-aller. Il pénalisera tout écart et non-conformité des établissements de prime enfance quant aux critères imposés dans le cahier des charges. «Nous nous penchons, d'un autre côté, sur la mise en place d'une échelle d'évaluation des acquis des enfants dans les jardins d'enfants. Il est nécessaire de savoir ce que retiennent les enfants à la fin de l'année scolaire afin de mesurer l'impact, voire l'efficacité du système», explique-t-il. Le ministère envisage, par ailleurs, de mettre en place une application intranet, permettant aux responsables et aux cadres de l'enfance d'accéder aux données détaillées et actualisées sur lesdites institutions.