Dans le gouvernorat de Kairouan, un large pan de la Tunisie, en lutte contre la pauvreté, s'offre au regard. Pour peu qu'on y prête l'attention nécessaire et qu'on emprunte les chemins escarpés des différentes délégations dont El Ala, située à 60 km de Kairouan et occupant une superficie de 56.000 ha. Créée en 1976, cette délégation comprend 8 imadas, à savoir El Ala-Poste, El Gtar, Aouled Achour, Messaïa, Massiouta, Sayada-Nord, Sayada-Sud et Traza. L'agriculture et l'élevage constituent les principales activités des habitants. Jadis, les Romains avaient choisi El Ala pour la fertilité de son sol et y avaient introduit la culture de l'olivier, dont le nombre de pieds dépasse 270.000, qui font la fierté de cette délégation, et dont la qualité de l'huile attire un grand nombre de consommateurs. Par ailleurs, cette délégation est réputée pour le goût exquis de ses figues de Barbarie qui se trouvent dans toutes les imadas. Mokhtar Rebhi, propriétaire d'une oliveraie héritée de son père, consacre une petite partie de sa moisson pour extraire l'huile ennoudhouh, prisée pour ses vertus curatives : «Cette huile est extraite manuellement sans l'aide de presse ni de centrifugeuse». En parcourant la délégation Plus de 4 km séparent imadat Traza d'El Ala-Centre. La piste bordée de cactus est plutôt difficile. De plus, il faisait chaud et quelques lambeaux de nuages se profilaient dans un ciel étonnamment bleu. Cette imada, dont le nombre d'habitants s'élève à 5.000, s'étend sur une importante superficie et comprend une école primaire, des terres agricoles et forestières, des parcours protégés et plusieurs agglomérations. D'autre part, la zone de Traza est appréciée pour ses plaines et zones montagneuses, les collines aux pentes douces, ses sources dissimulées au milieu des rochers, ses villages entourés de cactus, d'oliviers et d'amandiers, son ancienne huilerie, ses petits oueds bien discrets et son vieux hammam, situé au beau milieu du djebel. Il s'agit, nous dit-on, d'une vaste grotte qui dégage une vapeur conseillée pour le traitement des rhumatismes mais qui mérite d'être mieux entretenue. Sur les sommets des hautes montagnes de Traza, il existe aussi le relais de la radio et de la télévision. Néanmoins, le problème du chômage des jeunes diplômés est préoccupant, d'où le phénomène de l'exode vers les villes côtières. Les femmes, de leur côté, passent leur temps à travailler la terre, à s'occuper des animaux, à chercher le bois et l'eau. Beaucoup de jeunes filles que nous avons rencontrées à la source d'El Saâdlia nous ont dit que cette source était leur point de rencontre et leur contact avec le monde. C'est là qu'elles viennent puiser l'eau, laver le linge et aussi discuter de leurs espoirs et de leurs soucis. Coupures fréquentes d'eau La plupart des citoyens d'El Ala-Centre déplorent les coupures fréquentes d'eau, l'état lamentable des pistes et le manque d'éclairage public. En outre, ils souhaiteraient la création à El Ala d'une représentation de la Sonede, de la Steg et de la direction de l'équipement, ce qui leur éviterait bien des déplacements. Par ailleurs, les espaces verts sont devenus des dépotoirs à ordures, tel celui jouxtant le collège.