Ridha Mekki appelle le président de la République à soumettre le changement du régime politique à un référendum en raison de «l'échec à former un nouveau gouvernement par une mosaïque de partis politiques incapable même de former un comité». «Depuis 2011, c'est le peuple qui paie le prix», ajoute-t-il, affirmant que Kaïs Saïed se trouve devant l'exercice d'un «devoir historique», ou plutôt «le devoir de tenir parole». Dans un entretien livré à notre journal en janvier 2018 consacré à la Constitution tunisienne, l'actuel président de la République, Kaïs Saïed, avait souligné la nécessité de «renverser le sablier et de redéfinir le pouvoir central» et n'a pas manqué de pointer du doigt le texte de la Constitution de 2014 qui a été «taillé sur mesure pour les forces dominantes ». Le changement des rapports de force a poussé les vainqueurs à revendiquer la révision de cette Constitution. «L'habit constitutionnel, tel que conçu et façonné en 2014, ne correspondait plus à la taille des nouveaux dirigeants». Ceci est vrai aussi pour les nouveaux vainqueurs. Cinq ans après, le cataclysme survenu dans le pays suite aux législatives et à la présidentielle a sonné le glas pour des courants politiques traditionnels et a permis l'émergence d'un nouveau discours autour de la nature du pouvoir prôné par le nouveau locataire du palais de Carthage et même par certains de ses disciples à l'instar de Ridha Mekki, surnommé «Ridha Lénine». Ce nouveau discours a choqué plusieurs observateurs à l'intérieur du pays comme à l'extérieur, mais n'est-il pas au fond une reprise d'idées dévoilées par certains penseurs un peu partout dans le monde à l'instar du philosophe français contemporain Norbert Lenoir auteur de plusieurs ouvrages dont «La démocratie et son histoire» publié en 2006. Dans son livre, Norbert parle des «ratés démocratiques qui transparaissent de nos jours dans les discours politiques contemporains» et critique «la réponse gouvernementale apportée à d'importants mouvements de revendications et de protestations qui est souvent la suivante : la rue ne gouverne pas». Aujourd'hui, on a comme l'impression d'appeler la rue à gouverner. Sur sa page facebook, Ridha Mekki a appelé le président de la République à soumettre le changement du régime politique à un référendum en raison de «l'échec à former un nouveau gouvernement par une mosaïque de partis politiques incapable même de former un comité». Depuis 2011, c'est le peuple qui paie le prix, ajoute-t-il, tout en concluant que le président Kaïs Saïed se trouve devant l'exercice d'«un devoir historique», ou plutôt disons le devoir de tenir parole. En effet, dans son entretien accordé à notre journal en 2018, l'actuel président de la République a expliqué que «le régime actuel que certains qualifient de parlementaire ou de semi-parlementaire ne l'est pas en fait malgré les problèmes de classification du régime politique. C'est un régime qui vit pratiquement sous l'ombre de la Constitution de 1959». «Avant de penser à réviser la nature du régime politique, il faut repenser toute l'organisation politique et administrative et un certain nombre de concepts bien établis», avait-il préconisé. Cependant, le changement du régime politique et la redéfinition du pouvoir central, comme le souhaite Kaïs Saïed, demeurent tributaires aussi de l'amendement de la loi électorale et du code des collectivités locales par les parlementaires. Assurément, notre président n'aura pas les coudées franches pour «renverser le sablier», comme il a tant espéré et comme le souhaite et le fait savoir son compagnon Ridha Mekki. Les idées ont changé certes, mais est-il possible pour autant de changer la donne sur le terrain et partir du local vers le national en passant par le régional ?