Le royaume de tous les malheurs Jamais l'Arabie Saoudite n'a fait parler d'elle positivement sur la scène internationale. Deux drames viennent de la mettre au-devant de l'actualité. Jeudi, une bousculade à Mina, près de La Mecque, s'est terminée tragiquement par la mort de 717 pèlerins et plus de 800 autres blessés. Une dizaine de jours auparavant, à La Mecque également, comme une malédiction, une grue s'est effondrée, tuant 149 personnes. Une série noire que la seule fatalité n'explique pas. Le wahhabisme, depuis qu'il s'est emparé du royaume, a entraîné celui-ci dans une régression unique en son genre, illustrée par ce «savant» saoudien qui, sur un plateau de télévision, nous informe sans se démonter que la Terre est plate. Le même wahhabisme a placé le pays dans une compétition sinistre pour la première place sur le nombre d'exécutions dans le monde, avec la Chine et l'Iran, son éternel rival. Le roi Salmane n'a pas voulu mettre fin à ce honteux classement. Le pétrole a transformé les dirigeants saoudiens en personnages arrogants, peu soucieux de la communauté internationale. Tant qu'ils ont la manne pétrolière, ils ne risquent aucune sanction et encore moins le TPI. (...) D'ailleurs, les frasques des princes saoudiens à l'étranger et qui deviennent de véritables faux dévots lorsqu'ils sont chez eux sont un secret de Polichinelle, surtout leur côté indécent et immoral. Et cette engeance continue de soutenir le terrorisme islamiste, alors qu'il est combattu à l'intérieur du royaume. (...) En attendant, l'Arabie Saoudite s'enfonce dans ses contradictions et sa neutralisation ne serait qu'un bienfait pour l'humanité. On est loin de l'Arabie Saoudite du roi Fayçal qui, après la guerre d'octobre 1973, a usé de tout son poids pour imposer un embargo sur le pétrole qui a bouleversé le marché énergétique international, a permis à l'Opep d'avoir une place enviable pour la prise de décision et permettre au peuple palestinien de mieux faire connaître sa cause. Il a été assassiné parce qu'il a exprimé le vœu de prier à Jérusalem avant de mourir. Tayeb Belghiche (El Watan) L'Ocde promet «la fin de la récréation» fiscale pour les McDo, Google et consorts L'Organisation de coopération et de développement économiques a présenté lundi la version finale de son plan de lutte contre l'optimisation fiscale des multinationales dont le chiffre d'affaires dépasse 750 millions d'euros. Les ONG sont dubitatives. Il reste à mettre en musique un accord politique qui concerne 62 pays. Et cette partition se jouera (ou non) une première fois vendredi à Lima, lors d'un G20 des ministres des Finances et une seconde fois au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement. Ce sera en Turquie en novembre. En attendant, l'Ocde crie victoire. Allant même jusqu'à déclarer qu'elle venait de siffler la «fin de la récréation» pour les Google, les McDo et autres multinationales championnes toutes catégories de l'évitement fiscal et qui font perdre, chaque année au niveau mondial, entre 100 et 240 milliards de dollars (215 milliards d'euros) des recettes d'impôts sur les bénéfices de sociétés (4 à 10%). L'Organisation de coopération et de développement économiques a publié, lundi, les résultats de son plan d'action pour lutter contre ces pratiques d'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices des entreprises multinationales, ou plan Beps (Base Erosion and Profit Shifting). Le plan d'action mis sur la table du G20 par les experts de l'Ocde est en fait conçu comme une boîte à outils anti-abus qui compte quinze mesures, dont une grande partie pourrait être adoptée l'année prochaine. Si elles sont juridiquement adoptées par les pays qui revendiquent aujourd'hui un accord politique (comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Russie, l'Allemagne, la France ou encore la Chine), les mesures Beps pourraient prochainement s'imposer comme des normes mondiales. Vittorio De Filippis (Libération)