Après une légère accalmie, le phénomène des braquages repart à l'offensive. La récente libération de certains repris de justice notoires y est-elle pour quelque chose? Les voici de retour, les méchants braqueurs ! Triste nouvelle pour les gens tranquilles, pour les piétons sans histoire et pour les amateurs de footing matinal dans la nature. Et pour cause. En effet, selon une source policière bien informée, le nombre de délits de braquage a sensiblement augmenté ces dernières semaines, en dépit de l'absence de statistiques officielles disponibles. Le constat est donc là, frappant, voire inquiétant. En voici quelques fraîches illustrations. - La ligne n°2 du métro desservant la ville de l'Ariana est prise d'assaut en plein jour par des délinquants qui, à l'aide d'armes blanches et brandissant des menaces de mort, firent main basse sur les biens des usagers (portables, bijoux, ordinateurs portables...) avant de prendre la poudre d'escampette. - Jebel Lahmar : un paisible citoyen, sur le chemin du retour à la maison en fin de matinée, est accosté brutalement par quatre énergumènes. Bilan : quelques égratignatures et disparition instantanée de son argent (120 dinars) et de l'inévitable téléphone. - Cité Ennasr I : un homme d'affaires se fait, au sortir d'une agence bancaire, arracher son cartable contenant la bagatelle de 75 mille dinars. - Cité Ennour (Kabaria) : un couple se fait, un feu rouge aidant, descendre de sa voiture, puis s'ensuit le plan B avec une agression caractérisée, parachevée par le vol des portables, des bijoux et des billets d'argent des victimes, avant de conclure le raid par l'application du plan C, à savoir la saisie du véhicule au volant duquel les deux assaillants s'enfuiront... sous les rayons du soleil ! - Séjoumi : trois délinquants, en quête de «gibier», tombent enfin sur leur proie, en l'occurrence un passant, instituteur de son état, qui, au lieu d'accepter le «fait accompli», préfère... aller dans la gueule du loup, en tentant de se défendre héroïquement. Mal lui en prit, car il s'en sortira avec une balafre sur la joue et la perte de son portable et de la totalité de son salaire. Incorrigibles bandits Il n'y a donc pas photo : c'est à une nouvelle flambée de braquages que nous assistons aujourd'hui. Une flambée qui, plus grave encore, n'a pratiquement épargné aucune région du pays. Là où elle sévit, de jour comme de nuit, et, parfois même, dans les rues commerçantes, voire à deux pas du poste de police ou de la Garde nationale! Certes, on peut imputer ce regain de violence aux répercussions négatives de la révolution, à la hausse incontrôlable du taux de chômage et à l'extraordinaire concentration des forces de sécurité intérieure sur la lutte contre le terrorisme. Mais nous sommes persuadés qu'un autre facteur y est aussi pour quelque chose. Ce facteur concerne les repris de justice notoires ayant purgé leurs peines de prison. Ceux-ci, une fois libérés et loin d'être assagis, ne tardent pas, dans deux cas sur trois, à se retremper, comme par enchantement, dans le climat de l'insécurité où, le réveil des vieux démons aidant, ils retrouvent leurs mauvais réflexes d'antan. Quitte à s'offrir un énième séjour dans l'auberge de La Mornaguia. Questions brûlantes : la politique carcérale de l'Etat en matière de réinsertion des prisonniers dans la vie sociale a-t-elle échoué ? Comment le phénomène des braquages s'est-il développé si facilement ? Les policiers et autres gardes nationaux ont-ils, par hasard, si peur pour leur peau ? Faudra-t-il se résoudre à réviser à la hausse les peines de prison infligées aux dangereux délinquants, ceux-là mêmes qui s'enhardissent à faire de nouveau mouche quelques jours et, pour certains cas, quelques heures seulement après avoir retrouvé leur liberté ?