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Premiers ponts jetés entre l'occupant et l'occupé
Lu pour vous:'Les Prépondérants'...
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 11 - 2015

Hédi Kaddour construit une saga d'érudits dans un roman ‘'américain'' écrit en français par un Maghrébin... Tout y est: les allusions, les demi-mots, le très-sérieux caché derrière le frivole, le ton entendu... où des personnages hauts en couleur croisent le fer autour d'affaires aussi sérieuses que la guerre, le choc des cultures, la naissance des avant-gardes, l'émancipation, l'amour...
ceux qui savent ne parlent pas'', dit un vieil adage bouddhiste. Mais ici, ceux qui savent parlent à demi-mots comme si l'on craignait d'être pris en flagrant délit de pédantisme, là où chacun, à sa manière, est un érudit.
Car des personnages (ou plutôt des personnalités) singuliers balisent le récit : Rania la fille du ministre et Raouf le fils du caïd (tous deux cousins), Ganthier le plus intéressant des Prépondérants, Gabrielle la journaliste, Kathryn l'actrice américaine, Sî Mabrouk l'ex-ministre du Souverain, Sî Ahmed le caïd... Tous ont en commun cette curiosité des livres et cette insatiable soif de savoir qui transforment l'être, de quelle origine qu'il fut, en égal des plus prépondérants de son époque. Et c'est justement là l'argument de base de Hédi Kaddour pour nous faire entrevoir l'aube d'un changement serti d'un processus complexe, seul apte à rendre possible que les premiers ponts soient jetés entre l'occupant et l'occupé.
Duos, faux duos, trios...
L'auteur tente son approche par petits groupes, les molécules du changement. Un premier duo ; Raouf le fils du caïd qui vient de décrocher son Bac et Ganthier le colon décoré (le plus gros propriétaire de la région, ancien séminariste, arborant la Légion d'honneur) se détestent en apparence mais ne se quittent pas et discutent de tout. Non pas le loup et l'agneau, mais selon Hédi Kaddour ‘'le loup et le renard''. C'est l'une des images les plus fortes du récit, quand les joutes d'esprit et de pensée sont l'introduction du respect entre pairs.
Un trio de femmes ; Rania repue de Rousseau et des classiques arabes et totalement émancipée en son for intérieur alors qu'elle est obligée de porter le voile, Gabrielle la journaliste qui a tout vu et que ses images glanées dans le monde entier ne sont pas en contradiction avec l'amitié qu'elle porte à cette Maghrébine, et Kathryn l'actrice américaine venue avec toute une équipe qui installe à demeure un choc des civilisations en toute simplicité et en toute spontanéité. Entre les trois se forme une amitié d'égales, de confidentes, de complices.
Un duo improbable quand Ganthier tente des contacts hautement élaborés, des tactiques quasi militaires d'approche mais ne parvient pas à emporter le cœur de Gabrielle, tout simplement parce qu'elle ne l'aime pas.
Au contraire du duo Raouf-Kathryn qui se transforme rapidement du chapeautage à la romance secrète.
Un autre duo, plutôt un parallèle, sordide cette fois. Belkhoja le jaloux-mouchard et Taïeb le frère et l'antithèse de Rania.
‘'Il nous donne son fils à éclairer !''
L'auteur a choisi les années 1920 pour ficeler tout cela dans un fin maillage de manœuvres et d'intrigues autour du Cercle des Prépondérants, où se trouvaient les Français les plus influents. Une force de résistance au changement dont l'aube pointe à toutes petites lumières. Une force de bigotisme qui trouve tout naturellement son parallèle dans les ‘'Vigilantes'' qui veulent la tête de Fatty, un acteur comique américain au centre d'un gros procès de mœurs aux USA, car les Américains ont aussi leurs Prépondérants... décrits par l'auteur sur plusieurs pages, en feuilleton, succulentes d'anecdotes.
C'est au beau milieu du roman que s'affine le dialogue des deux civilisations occupant-occupé à la faveur d'un voyage en Europe initialement décidé pour éloigner Raouf de probables poursuites à cause de ses implications politiques. Commentaire d'un haut fonctionnaire pour convaincre Ganthier d'accompagner le jeune homme à la demande du caïd son père : ‘'Il nous donne son fils à éclairer !''
En vérité, ce voyage les changera tous les deux, Raouf et Ganthier, même si le périple les conduit en Allemagne occupée, propice à des parallèles lugubres : la ‘'prépondérance'' agit ici aussi alors que l'on commençait à voir défiler la croix gammée comme on voyait montrer la vague nationaliste au Maghreb, avec, en commun, le poids souvent trop lourd, malhabile, arrogant de la prépondérance.
De longues conversations aux argumentaires plus créatifs les uns que les autres, motif pour les règlements de comptes de Raouf avec l'Histoire, surtout les Romains et les Arabes et les colons français.
Rarement à la tangente de l'ennui, le roman retient notre souffle pour une foule de sous-histoires dont la plus poignante nous laisse taraudés d'impatience pour savoir lequel des deux fait battre en secret le cœur de Rania; Raouf ou Ganthier... Mais cela finit en queue de poisson, un drame... et on est tenté de penser que le récit retombe comme un soufflet... mais on se reprend, car Hédi Kaddour nous semble dire que le moment n'était pas encore venu, en ces années 1920, de fins plus en perspective.


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