Morcellement des terres, raréfaction de la main-d'œuvre, eaux des nappes phréatiques de plus en plus saumâtres : la culture du piment ne manque pas de défis à relever. À l'instar du village Espelette qui a fait l'une des renommées du Pays Basque en France, le Cap Bon reste l'un des fiefs du piment en Tunisie. Entre les « chakchoukas » et les divers plats à base d'harissa, les habitants du gouvernorat de Nabeul restent très attachés à ce produit. Devant une telle réalité, l'Association tunisienne des professionnels de l'art culinaire (Atpac), en collaboration avec l'Association pour la sauvegarde de la ville de Nabeul (Asvn), a organisé les 13, 14 et 15 novembre, à Nabeul, la première édition de la fête du piment et de l'harissa. «Ce piquant se trouve partout dans le monde comme la Hongrie, la France (Espelette, un village niché dans les Pyrénées) et le Mexique. Et nous voulons rejoindre ces pays pour faire de notre produit «l'harissa du Cap Bon» un label de renommée mondiale», déclare Rafik Tlatli, chef cuisinier de son métier et président de l'Atpac. En 2015, 23 millions de plants de piments produits Or, qui dit Harissa, dit avant tout piment à moudre. D'après les données officielles du Commissariat régional au développement agricole (Crda), le Cap Bon compte 25 pépinières d'une capacité de production de 100 millions de plants de piments. En 2015, ces pépinières ont produit 23 millions de plants de piments contre 19 millions en 2014 et 13 millions en 2013. Selon M. Fayçal Loussaïef, directeur de l'Arrondissement de la production végétale au sein du Crda-Cap Bon, la production de 2015 est répartie en 7 variétés de plants: Suharo (4.700.000), Anahaeim (4.300.000), Anamex (3.900.000), Starter (2.400.000), Baklouti (950.000), Kebli-Charqui-Mansoura-Beldi (981.000), autres variétés (6.270.000). Toutefois, si la production des pépinières a augmenté, toujours d'après les statistiques du Crda du Cap Bon, la production du piment, elle, n'a pas cessé de chuter, ces dernières années. En effet, de 2013 à 2015 la production est passée de 4 mille tonnes à 3,4 mille tonnes, malgré une nette progression au niveau des superficies de production, puisqu'on est passé de plus de 52.500 hectares à plus 62 mille hectares. Cette baisse de production s'explique par la détérioration des eaux de la nappe phréatique au Cap Bon. «Non seulement il y a un problème d'eau dans la région, mais la surexploitation de la nappe phréatique a engendré une invasion de cette dernière par l'eau de mer, ce qui a augmenté sensiblement la salinité de l'eau des puits», précise Moez Ben Fadhel, géologue. D'autre part, toujours selon M. Fayçal Loussaïef, le piment est très sensible et toujours sous la menace de parasites (l'araignée rouge ou le puceron) et de maladies (l'anthracnose ou le mildiou). «Le morcellement des terres et le manque de main-d'œuvre ont contribué directement à cette baisse de la production. Les agriculteurs ont de plus en plus de difficultés à trouver de la main-d'œuvre qui devient de plus en plus rare et qui coûte cher», conclut M. Loussaïef.