Comment peut-on interpréter l'incident survenu sur la chaîne Zitouna TV ? Pour ces médias, il ne leur suffit pas d'exercer illégalement, mais ils sont en train de véhiculer des propos haineux envers les journalistes. Oui, ces médias sont devenus des sources d'incitation à la violence contre certains journalistes, ils sont en train de traiter des dossiers de corruption sans fondement, et lancent à tort et à travers les accusations. Nous signalons de véritables soupçons de corruption contre cette chaîne illégale qui est en train de payer les frais de diffusion satellitaire en devises sans qu'il n'y ait aucune trace de transactions à la Banque centrale. Avec la montée de certains courants dits extrémistes, faut-il craindre pour la liberté d'expression ? Oui absolument. Ceci s'explique notamment par l'impunité dont bénéficient certaines personnes qui véhiculent des discours haineux contre les journalistes. Aujourd'hui, les sources de menaces sont devenues des personnages publics, nous avons un ancien responsable du ministère de l'Intérieur qui incite à la violence contre les journalistes, nous avons des députés qui ne cessent de diaboliser les professionnels des médias. Ces menaces ne parviennent plus seulement des réseaux sociaux sous le couvert de l'anonymat, mais elles sont désormais ouvertement faites en plein public, au point de traiter les journalistes comme ennemis rien que pour une divergence de points de vue. Comment évaluez-vous le rendement du gouvernement Mechichi quant au dossier des médias et de la presse ? C'est la nonchalance et l'indifférence totales. Le gouvernement a d'ailleurs retiré le projet d'amendement du décret loi 116 rien que pour satisfaire Qalb Tounès et Al-Karama et pour ouvrir la voie à leur initiative législative. Le monde entier est en train de combattre le principe de la concentration médiatique, sauf en Tunisie, où cette initiative vise à servir les intérêts de certains lobbies médiatiques. Des puissances mondiales visent à se prémunir contre les menaces issues des nouvelles plateformes sociales, or cette initiative veut priver le secteur des médias de tout mécanisme de régulation. Ces gens veulent instrumentaliser la liberté d'expression à des fins politiques et partisanes.