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Mohamed Yassine Jelassi, président du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT), à La Presse: « La troïka au pouvoir et le PDL sont hostiles aux libertés »
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 11 - 2020

Nouvellement élu, le jeune bureau exécutif du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) promet un renouveau pour le syndicalisme dans le secteur médiatique. Une nouvelle équipe, de nouvelles ambitions et de nouvelles visions, le vent du rajeunissement des dirigeants a enfin soufflé du côté du Snjt. Mohamed Yassine Jelassi, le plus jeune président du Snjt, porte, en effet, les ambitions de toute une nouvelle génération de journalistes tunisiens ayant accompagné les différentes transformations que connaît le secteur après la révolution. Entretien.
Officiellement, je m'appelle Mohamed Yassine Jelassi, mais pour mes amis, c'est Mahdi Jelassi. Journaliste depuis plus de dix ans, j'ai eu plusieurs expériences avec différents médias de presse écrite et électronique, en audiovisuel et même en films documentaires. Je suis diplômé de l'Institut de presse et des sciences de l'information (Ipsi) mais j'ai fait également des études en sciences politiques. Depuis que j'étais étudiant, je m'activais dans le cadre de l'Union générale des étudiants, mais aussi dans l'opposition, avant la révolution je faisais aussi partie du bureau exécutif du Snjt. Mon parcours, je le considère très dynamique et très riche. A 34 ans, être président du Snjt, ce n'est pas donné à tout le monde, c'est une récompense pour toute une génération de journalistes.
Justement, comment avez-vous reçu l'annonce de votre élection à la tête du syndicat ?
On ne peut cacher notre joie et notre fierté quand nos camarades nous font confiance, mais en même temps on ne peut nier l'importance d'un tel défi et la lourde responsabilité à laquelle nous sommes soumis. Vous savez qu'en Tunisie, opter pour les jeunes reste un simple slogan, ce n'est pas une politique publique, encore moins une culture, mais au sein du Snjt les choses se passent autrement. Le secteur est doté d'une nouvelle génération de jeunes journalistes qui exercent sur le terrain et qui suivent de près les différentes transformations que connaît la Tunisie, elle constitue le point fort du Snjt. Cette génération exige qu'elle soit représentée dans le syndicat, elle doit avoir sa chance. D'ailleurs, la composition de notre bureau exécutif est assez jeune, dynamique, mais elle jouit de l'expérience nécessaire et fait preuve de persévérance pour concrétiser les aspirations des journalistes.
Commençons par l'actualité. Après le «soulèvement» des journalistes, peut-on considérer que l'amendement du projet de loi 116 est tombé à l'eau ?
Légalement non, mais pratiquement et politiquement oui. Ce projet n'a pas été abandonné définitivement, il peut ressurgir à tout moment à l'Assemblée des représentants du peuple (Arp). Mais notre mobilisation devant le Parlement, qui avait été précédée d'un lobbying que nous avons mené impliquant tous les journalistes, chacun de sa position, nous a aidés à faire face à ce projet de loi. Notre mobilisation était si importante que les journalistes sont parvenus à faire entendre leur voix. Le Parlement était confronté à un grand nombre de journalistes unis, solidaires et puissants qui ont réalisé leur objectif.
Vous avez rencontré dernièrement le président de l'ARP, Rached Ghannouchi, à ce sujet. Comment évaluez-vous sa position ?
Ecoutez, nous ne sommes pas les partisans des rencontres protocolaires, je n'ai aucun intérêt à rencontrer quelqu'un rien que pour prendre quelques photos. Mais il faut souligner que nos relations avec les institutions de l'Etat doivent être équilibrées. Lorsque nous étions appelés à cette réunion nous étions clairs : le président du Parlement doit exprimer une position claire à ce sujet, car il jouit d'un pouvoir législatif et contrôle certains équilibres politiques au Parlement. Il a affirmé que notre message a été bien reçu et il s'est engagé à ne faire passer aucune loi sans concertation avec les acteurs du secteur.
Vous avez considéré, dans un communiqué officiel, que le Chef du gouvernement s'oppose à la liberté de la presse. Comment justifiez-vous une telle position ?
Pour nous, sa position n'a toujours pas changé. Nous avons publié ce communiqué, car le Chef du gouvernement avait retiré le projet de loi déjà présenté au Parlement faisant l'objet de consensus pour ouvrir la voie à celui d'Al-Karama et Qalb Tounès. C'est ce qui justifie notre position, estimant que le Chef du gouvernement s'oppose à la liberté d'expression et de presse. S'il faisait preuve de bonnes intentions, il aurait invité les différents intervenants du secteur avant de retirer ce projet de loi. Le Chef du gouvernement est appelé aujourd'hui à soumettre de nouveau ce projet de loi qui fait, comme je l'ai dit, le consensus. En réalité, le locataire de La Kasbah a laissé la voie libre à d'autres partis pour qu'il présentent leur initiative législative. Il est aujourd'hui appelé, en effet, à soumettre ce projet à l'ARP sans opérer les amendements qu'il veut introduire à des fins politiques. Il est également appelé à ouvrir le grand dossier du secteur médiatique et de la situation des journalistes tunisiens. Aujourd'hui, l'Etat emploie des journalistes dans des conditions précaires, nous avons des journalistes qui sont payés 300 dinars par mois et sans couverture sociale. C'est aberrant.
Qu'attendez-vous exactement de Hichem Mechichi ?
Le plus urgent, c'est de publier au Jort la convention-cadre signée entre le syndicat et le gouvernement. Ce n'est pas un service qu'il nous rend. Les gouvernements Chahed et Fakhfakh ne l'ont pas fait pour des raisons politiques, l'actuel gouvernement continue malheureusement dans cette même approche de marginalisation des droits des journalistes. Nous appelons le Chef du gouvernement à publier immédiatement cette convention.
Avec l'ascension ce certains courants dits extrémistes, craignez-vous pour la liberté de presse et d'expression en Tunisie ?
C'est évident, dans le monde entier, l'ascension des courants extrémistes et populistes menace les libertés d'une façon générale. L'extrême droite, que j'appelle la droite fasciste, est et sera toujours hostile aux libertés collectives et individuelles. En Tunisie, cette extrême droite, représentée essentiellement par la Coalition Al-Karama, le Pdl et à un degré moindre Ennahdha et Qalb Tounès, est hostile à la liberté d'expression. Ces partis visent notamment à contrôler la liberté de presse et d'expression. Pour le PDL, même s'il ne fait pas partie de la coalition gouvernementale, nous connaissons ses expériences et son héritage et il n'a pas encore fait les révisions nécessaires. L'actuelle Troïka a prouvé qu'elle fait fi de la liberté de la presse, elle veut simplement servir ses propres intérêts, et dont notamment les médias illégaux.
Votre appel au boycott des activités d'Al-Karama a été considéré comme une atteinte au droit des citoyens à l'information. Qu'en pensez-vous ?
Merci pour cette question, car il est nécessaire de mettre les points sur les i. Nous soutenons pleinement le droit à l'accès à l'information. Boycotter Al-Karama ne veut pas dire boycotter ses activités. Nous boycottons certaines personnalités qui ont fait preuve à maintes reprises de leur opposition et hostilité aux journalistes et à la liberté d'expression, mais aussi aux discours à l'encontre des journalistes. Cela maintiendra le climat politique en perpétuelle tension. Ils sont en train d'inciter à la violence contre certains journalistes et même de les diaboliser. A travers cette position, nous visons à protéger l'espace public contre ce genre de discours de violence et d'incitation, nous voulons lancer un appel au calme et à la moralisation de la vie politique, toutes les parties doivent être responsables. Et je rappelle que tous ceux qui ont mené des combats contre les journalistes les ont tous perdus.
Votre jeune bureau exécutif inspire espoir et dynamisme. Quels sont vos principaux projets et vos priorités ?
Le slogan du dernier congrès du Snjt était «Les droits des journalistes, un fondement de la liberté de la presse». Cette période sera celle de la protection des droits professionnels, sociaux et économiques des journalistes tunisiens. C'est pour cela que le Snjt appelle avec instance à la publication des deux accords signés avec le gouvernement au Jort. Ces accords garantissent les différents droits des journalistes que nous nous engageons à mettre en œuvre. On ne peut pas exiger un produit de qualité à des journalistes qui sont payés trois cents dinars par mois ! Le journaliste, lorsqu'il exerce dans de bonnes conditions professionnelles, pourrait mener à bien sa mission. Nous allons également suivre de près le processus des différentes nouvelles législations qui concernent le secteur, ainsi que la régulation du paysage audiovisuel. Les médias audiovisuels doivent représenter tous les Tunisiens et doivent exprimer toutes les voix de la société.
Nous allons également nous pencher sur le cas de la presse écrite qui fait face à d'innombrables problèmes et qui est même agonisante. Nous avons d'ailleurs une vision à cet égard portant notamment sur le régime fiscal et la transition digitale des journaux. Nous considérons la presse écrite comme un patrimoine national à conserver.
Justement, quelle est votre vision pour les médias publics?
Les médias publics doivent impérativement être réformés, car leurs cadres légaux sont devenus obsolètes. Ces réformes d'ordre structurel doivent impliquer la mise en place de véritables conseils d'administration puissants et indépendants qui représentent également le public. La nouvelle instance de régulation de l'audiovisuel doit également être impliquée dans les contenus présentés.
Snipe-La Presse et l'agence Tunis-Afrique Presse doivent également être réformées et développées davantage. Au fait, tous les médias publics doivent être profondément réformés. Nous n'allons pas rester les bras croisés, nous ne sommes pas des conservateurs, nous allons pousser dans le sens des réformes nécessaires.
Et pour ce qui est des médias confisqués ?
Des réunions sont programmées avec la présidence du gouvernement à cet effet. Les médias confisqués connaissent, dix ans après la révolution, des conditions extrêmement difficiles. Il y a quelques jours, à Shems Fm, des problèmes techniques avaient provoqué l'interruption de l'antenne due à la qualité dégradée du matériel. A Dar Assabah, l'imprimerie fait face à d'innombrables problèmes. Aujourd'hui, ces entreprises sont lourdement endettées, les dettes sont parfois supérieures à la valeur des entreprises elles-mêmes. Leurs journalistes ne sont pas payés, la situation est réellement douloureuse. Il n'existe aucune intention de sauver ces entreprises. Pire encore, on veut les conduire vers une situation de faillite. Notons également que des hommes politiques ont voulu mettre la main sur ces entreprises médiatiques. Le gouvernement est aujourd'hui appelé à céder rapidement ces entreprises, à l'exception de Radio Zitouna qui doit être rattachée aux médias publics. La cession de ces entreprises doit se faire selon des conditions et des garanties claires portant notamment sur la protection des droits des journalistes, sinon nous devons les restructurer et les rendre encore plus puissantes.
Comment évaluez-vous le démarrage du Conseil de presse ?
Actuellement, le Conseil de presse est en train de mettre en place ses différentes structures. Il n'a pas encore les moyens nécessaires. Je pense que dans le monde entier, la presse doit être seulement soumise au pouvoir de régulation et notamment de l'autorégulation. La composition de ce conseil promet la mise en place de véritables mécanismes d'autorégulation, c'est une expérience à valoriser.
Le Snjt a-t-il perdu l'espoir dans l'affaire Sofiane Chourabi et Nadhir Ktari ?
Ce dossier me touche particulièrement, car Sofiane était un ami intime. Nous suivons de près cette affaire, et nous sommes en contact étroit avec leurs familles. Mais disons que la situation est sincèrement très difficile et tellement compliquée. Nous n'avons pas perdu l'espoir de voir Sofiane et Nadhir revenir vivants en Tunisie. Nous allons rencontrer tous les responsables pour revenir sur cette question. Mais leurs familles doivent être traitées dignement et doivent bénéficier d'un soutien moral. Tant qu'il n'existe pas de preuves tangibles prouvant leur mort, nous considérons qu'ils sont toujours en situation de disparition.
Le mot de la fin ?
Le Snjt est un syndicat pour les journalistes. Le dernier congrès a rendu le Snjt aux journalistes. Nous resterons forts, unis et solidaires. Nous nous engageons à défendre les droits des journalistes.


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