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Des femmes, à chaque étape décisive
La Presse femme - La Tunisie à travers son histoire
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 08 - 2010

Fêter les femmes, le 13 août, en Tunisie, dépasse et de très loin la simple célébration d'un rituel, certes, chargé de reconnaissance pour celles qui, constituant déjà la moitié du Ciel, représentent plus de la moitié de la population terrestre, donc de notre société, donc de nous-mêmes.
Dès qu'il s'agit de la femme, la Tunisie se singularise. Et pour commencer, n'est-elle pas la seule à la célébrer deux fois l'an (le 8 mars et le 13 août) après avoir été, et pendant longtemps, la seule la seule à le faire à partir de 1956 ? Mais sa principale singularité et la place et le rôle que la femme a su se ménager dans le long cheminement de l'histoire de ce pays.
Bien des femmes de par le monde ont joué un rôle déterminant dans leur société, mais de manière si continue, si diverse et si décisive, il ne s'en trouve pas dans beaucoup de pays.
Au commencement était…la femme. Ainsi pourrait-on initier l'écriture de l'histoire de ce pays. Bien sûr, l'existence de la Tunisie –qui, alors, ne s'appelait pas ainsi mais, selon toute vraisemblance et avec le reste de l'entité nord africaine, le pays des Hommes libres (Amazigh, en langue autochtone) comme ils s'appelaient eux-mêmes a commencé bien avant l'apparition de l'écriture sur cette terre. Mais, de par l'organisation sociale traditionnelle dans les sociétés berbères à travers ce vaste espace qui va du Sahara à la Méditerranée et à l'Atlantique et que les Arabes ont appelé ultérieurement l' « Ile du Couchant » (Jaziret al Maghrib), l'on sait que la femme devait y jouait un rôle important dans la vie sociale et politique en étant associée à toutes les décisions qui touchaient à la vie de la communauté.
Résistantes et héroïques
L'entrée de notre pays dans l'Histoire se fait dans le sillage d'une expédition maritime conduite par une femme, Alyssa, venue du Liban y fonder, vers la fin du IX° siècle avant J.C., une ville, Carthage, embryon d'un futur Etat qui durera, en dépit des aléas de l'Histoire, jusqu'à nos jours. On glosera longtemps sur le fait de savoir si Elyssa-Didon n'est pas un personnage légendaire inventé par la mythologie grecque. Peu importe. Il n'est pas indifférent que la naissance de cet Etat se soit faite sous le signe de la féminité. Cette même féminité qui s'emploiera tout le long de l'existence de la métropole punique à lutter pour la survie du legs pour lequel, rapporte la tradition, la fondatrice a préféré s'immoler dans le feu plutôt que de risquer sa dissolution à travers une union matrimoniale avec Herbias, alors roitelet de la cité voisine de Tunis.
Une autre Carthaginoise, historique celle-là, a consenti elle aussi le sacrifice suprême par amour de sa ville. Il s'agit de la sublime Sophonisbe qui, pour assurer à Carthage l'alliance de Syphax, un prince berbère qui régnait sur la partie occidentale du pays amazigh à partir de l'actuelle Oran, accepta de s'exiler loin de sa patrie pour y faire adopter une politique qui lui favorable contre l'ennemi romain. Mais celui-ci l'y poursuivit et, au bout du compte, cette princesse a dû mettre fin à ses jours en 203 avant J.C. en absorbant un poison afin de ne pas tomber dans les griffes de ses poursuivants.
L'Histoire rapporte également que, durant le long siège de Carthage par les troupes romaines au milieu du II° siècle avant J.C., les assiégés, tentant d'opérer une percée des lignes ennemies par la mer pour les prendre à revers et desserrer l'étau qui étouffait la cité, ont construit des embarcations de fortunes avec du bois de récupération dans les édifices détruits mais, au moment de mettre les voiles pour prendre la mer, on s'aperçut qu'il n'y avait pas de cordes pour les hisser. Alors les femmes offrirent leur chevelure pour en tresser descordes de fortune qui permirent aux combattants de prendre la mer.
La fin de l'épopée carthaginoise, en 146 avant J.C., est tragiquement symbolisée par la fin d'une autre femme, illustre parmi les assiégés de la métropole punique puisqu'il s'agit de l'épouse du général carthaginois Hasdrubal qui, après avoir organisé la résistance aux assaillants romains, a choisi le déshonneur de la reddition à l'ennemi. Grand seigneur, le général romain Scipion Emilien offrit à cette femme dont l'histoire n'a pas retenu le nom la vie sauve ainsi qu'à ses enfants. Mais elle préféra se jeter avec sa progéniture dans le feu du brasier qui ravageait le principal temple de la cité.
Carthage ayant été rendue à la vie à l'époque romaine après un siècle et demi de non existence, elle retrouve son lustre d'avant en devenant la capitale de la province Afrique qui englobait une large partie de l'actuel Maghreb oriental. Et de nouveau les femmes apparaissent aux moments cruciaux de l'histoire en train de se faire. A l'heure du christianisme émergeant, deux femmes offrent leur vie en sacrifice pour le triomphe de la nouvelle foi et son rayonnement planétaire. Ce sont saintes Perpétue et Félicité, originaires de la localité de Thuburbo Minus (aujourd'hui Tébourba) et martyrisées à l'amphithéâtre de Carthage en 203 après J.C.
Une autre figure-phare féminine a donné à la théologie chrétienne l'un de ses principaux piliers. Il s'agit de Sainte Monique, originaire de Madaure, dans l'actuel est algérien non loin de la frontière tunisienne. Par la force de sa foi et sa ténacité, elle finit par convertir un fils adoré mais rebelle, Augustin, qui sera grâce à son oeuvre théologique intronisé Père de l'Eglise et ultérieurement proclamé saint.
Autre contexte, autre femme. Bien que certains partis pris se soient employés des siècles durant à en dénaturer le portrait son image de femme d'exception demeure inaltérable. Il s'agit de la Kahéna (la Sorcière). Cette appellation lui a été attribuée par les chroniqueurs arabes qui, la considérant comme ennemie (ce qu'elle fut en toute logique, puisqu'elle était engagée dans un combat contre des envahisseurs venus conquérir son pays), ont tout fait (et écrit) pour la présenter sous un jour le plus défavorable possible, ce qui s'explique entre protagoniste, mais que l'on continue jusqu'à ce jour à entretenir le même mythe, voilà qui s'explique moins bien. Combien d'entre nous savent le nom réel de cette héroïne (car c'en était une et à plus d'un titre) ? Dihiya (bent)Tabtet (ben) Tifen a farouchement résisté aux conquérants arabes en tant que cheffe d'une confédération de tribus berbères qui était en train de mettre en place l'Etat auquel tant de générations avaient rêvé sous les occupations, punique, romaine, vandale et byzantine et pour lequel elles s'étaient soulevées tant de fois avant d'être réprimées dans le sang. Héroïne dans la résistance, elle fut également héroïque par sa lucidité car, ayant senti la partie perdue, elle a préféré confier ses enfants à son ennemi, Hassan Ibn Noomane, ce qui après la défaite sanglante, a permis la conquête en douceur, les enfants de Dihiya, entre temps convertis à l'Islam, ayant servi d'intermédiaires avec les populations autochtones. En quelque sorte, la cheffe berbère aura servi l'islamisation du pays du Maghreb après sa disparition.
L'Islam, en valeur suprême
L'Islam ayant triomphé en Afrique du Nord, une autre femme sera à l'origine d'une exception qui distinguera la pratique de l'islam au Maghreb. Il s'agit d'Aroua bent Mansour ben Yazid al Himyari. Cette femme, demandée comme épouse par al Mansour, le fondateur de la dynastie abbasyde réfugié à Kairouan avant le triomphe de sa cause, imposa dans le contrat de mariage une clause qui empêche l'époux de prendre une deuxième femme ou une concubine, pratique bien évidemment héritée de la tradition berbère : c'est le fameux contrat de mariage kairouanais qui a été imposé par bien d'autres « tunisiennes » mariées à des Orientaux au cours des siècles écoulés.
Bien des femmes depuis cette époque ont illuminé le firmament tunisien dans des domaines variés, telles les lettres, les arts, la politique, avec (qui le sait, en dehors de l'élite ?) une régente, Omm Malèl, qui assuma avec brio le pouvoir entre la mort de son frère Badis (en 1016) et la majorité de son neveu, al Moïzz, proclamé successeur de son père à l'âge de 9 ans. Pour ce survol, nous nous contenterons de nous arrêter aux figures marquantes dont le rayonnement se poursuit jusqu'à nos jours.
Parmi celles-ci, et toujours pour la période médiévale, citons l'incontournable Sayida Mannoubiya, de son vrai nom Aïcha bent Omrane ben Haj Moussa., née dans le faubourg de la Mannouba, dans les environs de Tunis, en 1197 et morte à l'âge de 76 ans en en 1267. Elevée dans la piété, elle s'est tout de suite distinguée par son assiduité dans les études et sa soif de spiritualité. Rapidement, elle rejoint les rangs des adeptes de la confrérie fondée par Belhassen Chadly pour lequel elle nourrissait une ardente vénération. Ayant gravi les échelons de la chaîne mystique jusqu'à en devenir un « pôle », elle poursuivait sa quête de connaissances académiques en théologie au point d'être admise à part entière dans le cercle restreint des savants de la foi, ulémas, et, fait rarissime sinon unique, admise aux prières dans les mosquées en compagnie des hommes.
A côté les études et des retraites mystiques Aïcha s'adonnait au travail de la laine dont elle consacrait l'essentiel des rentrées à soutenir les indigents. Aïcha vivait en femme libre, n'ayant jamais voulu épouser autre chose que ses convictions, économiquement indépendante, ne se voilant pas le visage et n'hésitant pas à interpeller la rue pour en secouer les certitudes de convenance. On raconte ainsi qu'un jour, elle est sortie dans la rue tenant dans une main un seau d'eau et dans l'autre un braséro rempli de braise. On lui a alors demandé : Sayida, où vas-tu ainsi ? Elle répondit : Avec cette eau, éteindre les flammes de l'enfer et ces braises incendier le paradis afin que les gens n'adorent plus Dieu par peur de l'enfer ou par convoitise du paradis mais uniquement par amour de Sa face ». Pour la rue comme pour le sérail, Aïcha n'était plus depuis longtemps Aïcha, mais, tout simplement Essayida, la Dame. A son enterrement, dignitaires, sultan en tête, et gens du peuple formaient un cortège interminable.
Dernière femme et non des moindres qu'on évoquera dans ce cortège de figures féminines, Aziza Othmana. L'évocation de son nom renvoie systématiquement aux œuvres charitables et ce n'est que justice. Cette princesse, qu'on dit arrière petite fille du grand Othman Dey est née à Tunis aux débuts du XVII° siècle. Enfant, elle reçut l'éducation qui convenait à son rang et à sa mission de future bonne épouse et de mère de famille accomplie, avec une formation religieuse qui éveilla ,en elle une forte propension à la piété. Et c'est ainsi qu'au retour d'un pèlerinage à la Mecque, elle élargit les esclaves de sa domesticité et qu'elle décida de consacrer dans le cadre de ce qu'on appellerait aujourd'hui une fondation la plus grande part de sa fortune alors considérable et constituée surtout de biens fonciers et immobiliers à l'aide aux plus démunis. Et resté vivace le souvenir des trousseaux que la fondation allouait aux orphelines sur le point de se marier, ou bien des circoncisions opérées au profit des garçons de familles indigentes. Son nom reste également associé à l'institution hospitalière qu'elle a fondée à la rue Echamaiya, attenant au souk du cuir, à Tunis, et par la suite transférée à la Kasbah. Cette dame d'un haut degré de sensibilité n'a pas écarté de sa sollicitude les chats errants du quartier qu'elle habitait puisqu'elle leur a légué de quoi les nourrir en poisson tous les jours, charge attribuée à un « chatiste » (qtâtsi)…
Voilà donc un survol qui comporte quelques une des figures féminines les plus lumineuses de l'histoire de notre pays. La galerie est loin d'être exhaustive, fût-ce par manque de place, ce qui ne nous empêchera pas d'évoquer, avant de tourner la page, Fatma bent Mohamed el Fehri. Cette kairouanaise du IX° siècle était partie avec sa faille s'installer à Fez, qui venait d'être fondée pour être la capitale de la dynastie idrissyfde naissante. Là, la jeune migrante acquit un terrain sur lequel elle entreprit de faire bâtir une mosquée qu'elle fit inaugurer le 1° du mois de ramadan de l'an 245 de l'hégire (867). Rapidement cette mosquée devint le plus grand foyer spirituel, culturel et scientifique de l'ouest maghrébin.


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