Après chaque attaque terroriste, les observateurs évoquent son impact sur l'économie, le tourisme et la sécurité mais presque jamais sur les jeunes. La majorité ne comprend pas pour quelles motivations réelles des désespérés de la vie commettent des opérations terroristes après un lavage de cerveau effectué par des manipulateurs qui utilisent l'islam pour arriver à leurs fins. A notre connaissance, il n'y a pas encore d'étude sociologique sérieuse qui permette de comprendre ce phénomène. Le terrorisme n'est plus étranger à notre pays. Les forces de sécurité et l'Armée tentent de l'éradiquer mais cela risque de prendre du temps. Le premier constat à faire est que ce phénomène touche particulièrement les jeunes de 15-25 ans. Ces jeunes sont la cible parfaite des réseaux terroristes qui essaient de les embrigader pour faire d'eux des bombes humaines prêtes à exploser à la moindre requête émanant d'un des chefs de ces groupuscules terroristes. Eviter l'isolement et la marginalisation Les enfants sont exposés à la propagande des terroristes à travers les médias et les réseaux sociaux qui déversent des flots d'images choquantes sur les opérations terroristes meurtrières. Les enfants se trouvent livrés à ces informations sans explication ni de la part des parents, ni des enseignants. Comment faire face au choc psychologique que subissent les enfants ? Comment leur fournir l'éducation nécessaire pour qu'ils se protègent contre ce fléau planétaire et résister à toute tentative de manipulation ? Les conventions internationales garantissant les droits de l'enfant à l'éducation et à la santé mettant, par ailleurs, en garde contre sa marginalisation ne sont pas suffisantes pour assurer sa protection. La hausse du nombre des cas de suicide, de viol et d'abandon scolaire chez des enfants de 6 à 16 ans est dramatique. L'abandon scolaire en Tunisie a dépassé 100.000 cas par an dont 4.000 filles. C'est dans ce terreau que sont recrutés les futurs jeunes terroristes. Les spécialistes des questions de l'enfance mettent en garde contre la marginalisation des enfants exposés aux discours takfiristes et aux images prônant la violence et l'extrémisme, et ce, en l'absence de contrôle parental. Le dialogue, atout nécessaire L'effet de contagion est facile et, face à cela, la famille a un rôle déterminant à jouer pour expliquer aux enfants la situation exceptionnelle que vit le pays face au danger du terrorisme. Les spécialistes recommandent le dialogue entre les parents et les enfants. L'isolement de l'enfant est l'un des tout premiers signes révélateurs. Les parents sont aussi appelés à contrôler les sites prêchant le Jihad et les discours radicaux. L'enfant doit disposer des outils nécessaires lui permettant de discerner le réel du virtuel, la réalité du fantasme. Par ailleurs, les pouvoirs publics sont exhortés à faire disparaître du paysage les écoles coraniques takfiristes prêchant les discours de haine et de violence pouvant avoir un impact désastreux sur le psychisme des enfants. N'étant pas habilité au discernement et ne disposant point d'immunité psychologique, l'enfant est facilement influençable. La banalisation des images de morts suite à des attaques terroristes peut représenter un danger pour des enfants qui ne sont pas bien outillés pour s'empêcher d'intérioriser ces images négatives. Les parents pour lesquels ce phénomène est nouveau n'ont pas les mots qu'il faut pour expliquer à leurs enfants les dangers du terrorisme. Une éducation à la lecture objective de l'image est à dispenser tant aux parents qu'aux enfants. A cet effet, l'école a un rôle considérable à jouer en tenant compte de cette nouvelle donne. Les espaces de dialogue dans notre société manquent terriblement. Outre les espaces culturels, des associations contre le terrorisme, la violence et l'extrémisme religieux devraient voir le jour et inscrire dans leurs objectifs la lutte contre toute forme de discours haineux et restaurer les valeurs positives comme l'amour, le partage, la solidarité et le respect de l'autre dans sa différence. Une cellule psychologique devrait être mise en place dans les hôpitaux du pays pour venir en aide aux parents et aux enfants ayant subi un choc psychologique soit en assistant à des attaques terroristes, soit en regardant des images insoutenables de victimes du terrorisme. En tout cas, la lutte contre l'hydre noire continue !