Ça y est, il est là ! A la manière d'une population qui s'apprête à livrer une guerre sans merci contre l'envahisseur, les gens sont depuis quelque temps sur le pied de guerre et s'empressent de s'entourer du maximum de précautions pour ne pas être pris au dépourvu par cet assaillant tant redouté. C'est à qui s'y prend avant les autres pour faire le plein d'emplettes, ne lésinant pas sur les moyens pour ne rien laisser au hasard, à l'occasion de la grande messe orgiaque qui se profile à l'horizon. Toutes les envies y passent, les moindres lubies, des petites aux plus grandes sont recensées dans un inventaire à faire figurer dans les catalogues d'un grand manager. Au fait, de quel ennemi, de quel envahisseur parlez-vous,Monsieur? Mais de Ramadan, Grand Dieu ! Synonyme de piété, de recueillement, de compassion pour les plus nécessiteux, de retour aux sources cardinales de notre religion, d'abstinence, de frugalité, Ramadan est devenu, sous le coup de boutoir des publicitaires et des experts en communication, l'occasion de ripailles insensées, de prodigalité, de paresse et d'avachissement de toutes natures. Il est désolant et humiliant de constater que, durant le mois de Ramadan, la consommation alimentaire connaît un pic de plus de 30% dans les pays arabes.